Devoir de Philosophie

La difficile conquête de la vérité de PLATON

Publié le 08/01/2020

Extrait du document

platon

eux ; entre le feu et les prisonniers il y a une route élevée ; le long de cette route figure-toi un petit mur, pareil aux cloisons que les montreurs de marionnettes dressent entre eux et le public et au-dessus desquelles ils font voir leurs prestiges.

GLAUCON. - Je vois cela, dit-il.

S. - Figure-toi maintenant le long de ce petit mur des hommes portant des ustensiles de toute sorte, qui dépassent la hauteur du mur, et des figures d’hommes et d’animaux, en pierre, en bois, de toutes sortes de formes ; et naturellement parmi ces porteurs qui défilent, les uns parlent, les autres ne disent rien.

G. - Voilà, dit-il, un étrange tableau et d’étranges prisonniers.

S. - Ils nous ressemblent, répondis-je. Et d’abord, penses-tu que dans cette situation ils aient vu d’eux-mêmes et de leurs voisins autre chose que les ombres projetées par le feu sur la partie de la caverne qui leur fait face ?

G. - Peut-il en être autrement, dit-il, s’ils sont contraints toute leur vie de rester la tête immobile ?

S. - Et des objets qui défilent, n’en est-il pas de même ?

G. - Sans contredit.

S. - Dès lors, s’ils pouvaient s’entretenir entre eux, ne penses-tu pas qu’ils croiraient nommer les objets réels eux-mêmes, en nommant les ombres qu’ils verraient ?

G. - Nécessairement (...).

S. - Il est indubitable, repris-je, qu’aux yeux de ces gens-là la réalité ne saurait être autre chose que les ombres des objets confectionnés.

G. - C’est de toute nécessité, dit-il.

S. - Examine maintenant comment ils réagiraient, si on les délivrait de leurs chaînes et qu’on les guérît de leur ignorance, et si les choses se passaient naturellement comme il suit. Qu’on détache un de ces prisonniers, qu’on le force à se dresser soudain, à tourner le cou, à marcher, à lever les yeux vers la lumière, tous ces mouvements le feront souffrir, et l’éblouissement l’empêchera de regarder les objets dont ils voyaient les ombres tout à l’heure. Je te demande ce qu’il pourra répondre, si on lui dit que tout à l’heure il ne voyait que des riens sans consistance, mais que maintenant plus près de la réalité et tourné vers des objets plus réels, il voit plus juste ; si, enfin, lui faisant voir chacun des objets qui défilent devant lui, on l’oblige à force de questions à dire ce que c’est ? Ne crois-tu pas qu’il

Le philosophe est celui qui « aime à contempler la vérité » (Platon, République, V). Mais à quelles conditions cette contemplation est-elle possible ? Une chose est sûre : la vérité n'est pas offerte sans effort, et nous ne l'avons pas « sous les yeux ». Dans le célèbre texte de « l'allégorie de la caverne », Platon fait dialoguer Socrate et son propre frère, Glaucon. On y apprend que la vérité n 'est atteinte qu'au terme d'un parcours long et difficile, et que pour y parvenir, il faut commencer par dépasser les apparences.

SOCRATE. - Maintenant, repris-je, représente-toi notre nature, selon qu’elle est ou qu’elle n’est pas éclairée par l’éducation, d’après le tableau que voici. Figure-toi des hommes dans une demeure souterraine en forme de caverne, dont l’entrée, ouverte à la lumière, s’étend sur toute la longueur de la façade ; ils sont là depuis leur enfance, les jambes et le cou pris dans des chaînes, en sorte qu’ils ne peuvent bouger de place, ni voir ailleurs que devant eux ; car les liens les empêchent de tourner la tête ; la lumière d’un feu allumé au loin sur une hauteur brille derrière

platon

« eux ; entre le feu et les prisonniers il y a une route élevée ; le long de cette route figure-toi un petit mur, pareil aux cloisons que les montreurs de marionnettes dressent entre eux et le public et au-dessus desquelles ils font voir leurs prestiges.

GLAUCON.

-Je vois cela, dit-il.

S.

-Figure-toi maintenant le long de ce petit mur des hom­ mes portant des ustensiles de toute sorte, qui dépassent la hau­ teur du mur, et des figures d'hommes et d'animaux, en pierre, en bois, de toutes sortes de formes ; et naturellement parmi ces porteurs qui défilent, les uns parlent, les autres ne disent rien.

G.

-Voilà, dit-il, un étrange tableau et d'étranges prisonniers.

S.

-Ils nous ressemblent, répondis-je.

Et d'abord, penses­ tu que dans cette situation ils aient vu d'eux-mêmes et de leurs voisins autre chose que les ombres projetées par le feu sur la partie de la caverne qui leur fait face ? G.

-Peut-il en être autrement, dit-il, s'ils sont contraints toute leur vie de rester la tête immobile ? S.

-Et des objets qui défilent, n'en est-il pas de même? G.

-Sans contredit.

S.

-Dès lors, s'ils pouvaient s'entretenir entre eux, ne penses­ tu pas qu'ils croiraient nommer les objets réels eux-mêmes, en nommant les ombres qu'ils verraient? G.

-Nécessairement ( ...

).

S.

-Il est indubitable, repris-je, qu'aux yeux de ces gens-là la réalité ne saurait être autre chose que les ombres des objets confectionnés.

G.

-C'est de toute nécessité, dit-il.

S.

-Examine maintenant comment ils réagiraient, si on les délivrait de leurs chaînes et qu'on les guérît de leur ignorance, et si les choses se passaient naturellement comme il suit.

Qu'on détache un de ces prisonniers, qu'on le ·force à se dresser sou­ dain, à tourner le cou, à marcher, à lever les yeux vers la lumière, tous ces mouvements le feront souffrir, et l'éblouis­ sement l'empêchera de regarder les objets dont ils voyaient les ombres tout à l'heure.

Je te demande ce qu'il pourra répondre, si on lui dit que tout à l'heure il ne voyait que des riens sans consistance, mais que maintenant plus près de la réalité et tourné vers des objets plus réels, il voit plus juste ; si, enfin, lui fai­ sant voir chacun des objets qui défilent devant lui, on l'oblige à force de questions à dire ce que c'est? Ne crois-tu pas qu'il. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles