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La dignité humaine dépend-elle d'un travail ?

Publié le 23/07/2010

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Dans quelle mesure la démonstration peut-elle se porter garant de la vérité? Nous avons donc établi la nécessité de légitimer le fondement même de la science dans la mesure où celle-ci est reconnue comme étant la faculté de parvenir discursivement à la vérité. Ainsi, il convient de prouver le principe premier à la base de la démonstration, opérateur de la science.  C'est le problème que se pose  Aristote dans Organon, où il se penche sur la définition d'une connaissance vraie. Selon lui, en effet, le verbe « savoir « signifie « connaître par le moyen de la démonstration «. Celle-ci consiste en la déduction d'une conclusion à partir de prémisses considérées comme vraies, certaines. Il insiste par dessus tout sur la nécessité pour la « science démonstrative « d'avoir comme point de départ des prémisses à la fois vraies, premières, immédiates et indémontrable. Le philosophe définit alors les vérités premières: « Sont vraies et premières les choses qui tirent leurs certitudes, non pas d’autres choses, mais d’elles-mêmes «. Ainsi, bien que la démonstration soit source de vérité, celle-ci peut aisément se voir restreinte à une valeur de validité dans la mesure où on ne peut pas démontrer a priori les prémisses elles-mêmes par le biais de la démonstration, puisqu’elles ne peuvent, par définition, être à leur tour sujets à ce qu'Aristote appelle le « syllogisme scientifique «.

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« faire allusion à la doctrine judéo-chrétienne de l'humain condamné à travailler).

Dans cette analyse, la dignitéhumaine non seulement se manifeste, mais surtout se constitue, s'élabore, se concrétise par le travail. Cette notion de place dans la société, dans l'histoire et dans l'humanité qu'on gagnerait à la sueur de son front,méritait quand même beaucoup de concision et de diplomatie.

Employé dans rigueur, cet argument pouvait donnerlieu, a contrario, à des lectures véritablement atroces, où l'on finit par conclure, ainsi que l'a fait une copie : « [Lechômeur] n'ayant plus de place au sein de la société, […] devient une sorte de parasite, un poids et un fardeaupour le reste de la société.

» Je tiens à préciser au passage que cet « argument », quand on le trouve dans les copies (ou les discours politiques)vise toujours les « chômeurs » ou les « rmistes » ; jamais les mutilés de guerre, les invalides, les retraités ni lesenfants, qui pourtant ne travaillent pas ou plus, et qui constituent eux aussi, dans cette optique obscène, stupideet génocidaire, autant de « poids morts ». Clarisse a eu la sagesse de prévenir explicitement de tels excès : bonus ! 3.2.

Antithèse : travail et dignité ? Aucun rapport ! Nombre de copies ont fourni des II assez maladroits, parce que beaucoup trop radicaux.

Pour rappel, le sujetdemandait si le travail compte parmi les conditions de la dignité humaine.

Dire qu'il n'en fait pas partie n'implique pasde conclure que le travail empêche ou détruit la dignité humaine (ce qui est évidemment faux).

Par ailleurs, montrerque le travail ne détermine pas la dignité humaine ne vous appelait pas à déterminer de quoi au juste la dignitédépend (elle ne dépend peut-être de rien du tout). Pour mieux vous rendre compte de ces deux dérapages, prenons une question beaucoup plus simple : « Faut-il dupersil pour cuisiner une omelette ? » Que penseriez-vous d'une réponse qui vous expliquerait que le persil empêchetotalement de cuire une omelette ? Ou qui oublierait totalement le persil pour vous énumérer tous les ingrédientsindispensables à l'omelette ? Le hors sujet ne crève-t-il pas les yeux ? Il s'agissait « simplement » de dire, ici, que la dignité ne dépend pas d'un travail ; autrement dit, que certainespersonnes dépourvues de travail accèdent néanmoins à la dignité humaine.

(Ici, surtout, des distinctions pointuesentre travail, métier et emploi s'avéraient indispensables.) On pouvait souligner ici l'anomalie complète que constitue la pensée, disons, moderne, par rapport à une civilisationoccidentale vieille de plusieurs millénaires, et qui a pendant au moins mille cinq cents ans considéré le travail commeindigne.

Associé à la servitude au sens médiévale, à l'esclavage au sens antique, le travail (y compris le commerce,neg-otium) est conçu comme opposé à l'otium, cette bienheureuse « oisiveté », en fait « temps libre » au sensélevé du terme, en cela qu'il libère l'esprit des soucis matériels pour lui permettre de se consacrer à l'activitépolitique, à la spéculation philosophique, ou à la contemplation religieuse (voir aussi, à ce sujet, les analyses deKirkegaard). Il était également possible, comme l'a fait Marie, de nier au travail cette puissance de manifestation de l'humanité,en rappelant par exemple que, dans la pensée judéo-chrétienne, ce n'est pas tant le travail qui se présente comme« le propre de l'Homme », mais bien la pénibilité du travail (bonus !).

Dans la même optique, on pouvait rappeler quece qui manifeste l'humanité d'un humain, c'est « le discours » (chez Aristote) ou « le rire » (chez Rabelais), alors quela matérialité du travail nous rapproche au contraire de l'animal. Il était également souhaitable d'indiquer que même à notre époque, le travail n'est pas si bien vu que ça.

Raphaëllerappelait (bonus !) que l'on tend à travailler moins pour s'investir dans des projets humanitaires, ou des œuvres decréation. Charles, quant à lui, signalait qu'associer la dignité humaine au travail finissait par conclure que, dans ce cas,l'humain devait son humanité à une sorte de bataille permanente (je regrette beaucoup que cette idée n'ait pas étédéveloppée jusqu'à son terme). La meilleure remarque qu'il m'ait été donné de lire en antithèse consistait tout simplement à remarquer que lalégislation sociale en générale cherchait à faire en sorte que les conditions de travail respectent la dignité humaine :preuve s'il en fallait que celle-ci ne dépend pas de celui-là (Cécile a eu droit à un bonus). 4.

La synthèse Plusieurs III pouvaient être envisagés. 1) De tous, le moins efficace, parce qu'il amène à une conclusion relativiste mollassonne, consistait à montrer quecertains travaux promeuvent la dignité, mais pas tous.

Beaucoup de copies ont versé dans ce travers, avec desexemples parfois pertinents, mais souvent très convenus.

D'accord, d'accord, le taylorisme (mentionné onze foisdans les copies !) a réalisé une forme infernale d'organisation du travail, et je suis très sensible au fait que vousvous montriez indignés par le sort atroce que subissent les prostituées.

J'aurais pourtant souhaité, s'il fallait à touteforce finir sur ce genre de III, que vous fassiez preuve d'un peu plus d'originalité.

Quid par exemple des agents. »

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