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La discussion n'a-t-elle pour but que l'accord avec autrui ?

Publié le 17/01/2022

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Accord: état qui résulte d'une communauté ou d'une conformité de pensées, de sentiments; c'est une entente. Être d'accord, c'est être du même avis, partager la même idée. Pour démarrer Quelles sont les fins de l'échange d'arguments entre les interlocuteurs et du débat ? L'entente avec autrui, l'intercompréhension, mais aussi la fondation d'un Universel, valable en droit pour tous les esprits, la création d'un espace où les personnes sont respectées, etc. Conseils pratiques Analysez bien ce que présupposent la libre discussion et la communication. Lorsque les sujets veulent s'entendre entre eux sur quelque chose, attachez-vous au fait qu'ils s'efforcent d'être reconnus comme des personnes. Montrez que se crée alors un monde éthique : celui du respect. Que vise donc la discussion ? Ses fins sont complexes : théoriques, pratiques, voire politiques. Bibliographie K.

HTML clipboardSpontanément, nous nous imaginons que la vérité est unique, la même pour tous, sur le modèle des vérités mathématiques ou des vérités historiques. Ce sont la réflexion, l'analyse, la recherche qui doivent livrer la vérité à l'individu. La vérité (de type scientifique) serait alors réservée aux experts ou aux savants. Comment dans ce cas la vérité pourrait-elle naître d'une discussion ? Si deux personnes discutent d'un problème, la discussion doit servir à éliminer celle qui ne sait pas ou qui sait moins bien. En quoi le processus de discussion lui-même peut-il être source de vérité ? La discussion n'éloigne-t-elle pas le plus souvent de la vérité ? Le fait que l'on parvienne à " s'entendre ", c'est à dire, à trouver un accord est-il le signe de la fin de toute discussion ? N'avons-nous plus besoin de dialoguer sitôt que nous sommes plus dans l'opposition ? N'est-ce pas tout au contraire le moment où la discussion devient la plus nécessaire et la plus riche ?

« Lorsque "tous les contradictoires s'équivalent dans le jeu des signes" (Baudrillard) règne la paix apparente du marchéoù tout s'arrange et s'échange.

L'accord devenant impératif, l'essentiel réside dans la bonne discussion, celle oùtous auront pris la parole et pourront abandonner le débat l'âme en paix.

Bonne discussion ou bon repas -il fautquitter la table repu! La discussion réduite ainsi à un jeu de miroir où ne se regardent et ne s'échangent que devaines opinions sans égard pour le sens ou la vérité perd les fonctions que Platon lui avait assignées voilà plus de25siècles réfuté en vue d'une fin supérieure aux protagonistes en lice.

L'accord avec autrui est-il dontintrinsèquement lié au dialogue ou n'est-il qu'une fin accessoire, rare et heureuse, à la discussion lorsque celle-ci estmenée sans concession?L'issue de la discussion si elle était prévisible- comme toute volonté d'accord le présuppose- y aurait-il alors intérêtà discuter? L'accord préétabli ou anticipé ôte à la discussion toute sa portée proprement polémique.

Mais alors dansquels but discuter? Couvrir les brèches du voile pudique d'un accord complaisant ou faire apparaître des faillesimpossibles à combler en vue d'autres possibles? "Toute satisfaction dans le domaine de l'esprit- comme le disait GuyDebord, paraphrasant Hegel- n'est que défaite".De quel prix l'accord avec autrui doit-il se payer afin que la discussion puisse garder son sens et son intérêt?Analysons dans un premier temps les conditions sous lesquelles une vraie discussion pourrait garantir à l'autre nonseulement ses droits mais aussi son altérité. Discuter ce n'est pas avant tout faire circuler ce qui est virtuellement commun à un groupe (les préjugés d'uneépoque, d'un lieu, d'une classe, d'une idéologie...) que chercher à les voir remis en question.

La discussion en cesens est une "épreuve" au cours de laquelle les interlocuteurs courent le risque de se voir réfutés jusque dans lesconvictions auxquelles ils semblaient le plus tenir.

C'est bien cette tâche que Platon, dans le Gorgias, assignait audialogue: "J'estime qu'il y a plus grand avantage à être réfuté que de réfuter, dans la mesure où se débarrasser dupire des maux fait plus de bien qu'en délivrer l'homme que se faire fausse idée des questions dont nous parlons en cemoment." Echanger ses opinion ce n'est donc dialoguer, ou discuter qu'en apparence puisque les enjeux se trouventd'emblée réduits au simple jeu de l'échange qui ne change rien.

D'où l'impression de « sur place » que donne laplupart des discussions. Faire en sorte qu'autrui partage mes opinion ou se ranger aux idées de son interlocuteur, cela certes donne bien lesapparences d'un accord et marquer la et les fins assignables à toute discussion mais, en fait qui peut garantir quecet accord s'est bien fait au nom d'une vérité reconnue et non pas au nom d'une commode transaction ? Constaterde l'extérieur l'identité des avis ou des jugements formés hors de la discussion ne peut donc mener bien loin.

C'estce que Platon dans le Gorgias appelait l'Homodoxia (l'avis partagé) qu'il distinguait de l'homologia (accord avec ceque est en question).

A la contagion de l'opinion il faudrait donc opposer la soumission à la vérité. Pour savoir ce que l'on dit encore faut-il livrer sa parole à l'écoute d'autrui.

C'est en quelque sorte sous contrôle,sous la menace bienveillante et confiante de celui à qui je m'adresse que je parle.

Les exigences de me fairecomprendre m'obligent à mettre de l'ordre dans mes idées, c'est-à-dire à maîtriser mes propos.

Autrui intervientdonc en moi, avant tout accord et c'est au cours du débat que cet accord se verra confirmé ou infirmé.

Cetteintrusion d'autrui en moi définit en quelque sorte les conditions préalables à tout discussion.

Ne pas l'accepter, c'esten rester au monologue.

C'est donc d'abord l'accord avec soi-même que m'impose répondrez aux objections ouréfutations qui me seront faites. La discussion crée donc les interlocuteurs qui auront pour tâche de créer un sens en commun (à l'écart du senscommun).

C'est bien ce que dit Merleau-Ponty dans ces lignes extraites de la Phénoménologie de la perception : «Dans l'expérience du dialogue, il se constitue entre autrui et moi un terrain commun, ma pensée et la sienne ne fontqu'un seul tissu, mes propos et ceux de l'interlocuteur sont appelés par l'état de la discussion , ils s'insèrent dansune opération commune dont aucun de nous n'est le créateur ».On pourrait dire ,en quelque sorte, que c'est ladiscussion elle-même qui fabrique l'accord pas à pas bien loin que cet accord soit le terme de la discussion.. »

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