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La discussion n'a-t-elle pour but que l'accord avec autrui ?

Publié le 07/04/2005

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Lorsque "tous les contradictoires s'équivalent dans le jeu des signes" (Baudrillard) règne la paix apparente du marché où tout s'arrange et s'échange. L'accord devenant impératif, l'essentiel réside dans la bonne discussion, celle où tous auront pris la parole et pourront abandonner le débat l'âme en paix. Bonne discussion ou bon repas -il faut quitter la table repu! La discussion réduite ainsi à un jeu de miroir où ne se regardent et ne s'échangent que de vaines opinions sans égard pour le sens ou la vérité perd les fonctions que Platon lui avait assignées voilà plus de 25siècles réfuté en vue d'une fin supérieure aux protagonistes en lice. L'accord avec autrui est-il dont intrinsèquement lié au dialogue ou n'est-il qu'une fin accessoire, rare et heureuse, à la discussion lorsque celle-ci est menée sans concession?  L'issue de la discussion si elle était prévisible- comme toute volonté d'accord le présuppose- y aurait-il alors intérêt à discuter? L'accord préétabli ou anticipé ôte à la discussion toute sa portée proprement polémique. Mais alors dans quels but discuter? Couvrir les brèches du voile pudique d'un accord complaisant ou faire apparaître des failles impossibles à combler en vue d'autres possibles? "Toute satisfaction dans le domaine de l'esprit- comme le disait Guy Debord, paraphrasant Hegel- n'est que défaite".  De quel prix l'accord avec autrui doit-il se payer afin que la discussion puisse garder son sens et son intérêt?  Analysons dans un premier temps les conditions sous lesquelles une vraie discussion pourrait garantir à l'autre non seulement ses droits mais aussi son altérité.

« vis de lui-même et le rend autonome.

C'est par la discussion et la confrontation démocratique que l'on passe des"vérités" sur la femme, le roi, l'esclave à la compréhension que l'ordre social n'est que le fruit des choix des hommesdans l'histoire. 2.

L'incertitude Découvrir que toutes nos vérités sont des choix et n'expriment que la relativité de nos jugements dans une sociétédonnée montre qu'une vérité n'est qu'une conclusion provisoire dans une discussion infinie.

Ceci ne doit pas nousamener au scepticisme : l'homme aura toujours besoin de vérité.

La discussion organisée par la démocratie a cecid'ouvert qu'elle refuse de donner une réponse aux questions les plus importantes pour l'homme, par exemple quedoit-on croire, qu'est-ce que la société idéale...

Ce refus de la norme fixée pour toujours reflète les mécanismes dela vie: les êtres vivants n'ont pas été créés une fois pour toutes, ils sont indéfiniment modifiables et plastiques selonle "dialogue" entretenu avec l'environnement. Lorsque "tous les contradictoires s'équivalent dans le jeu des signes" (Baudrillard) règne la paix apparente du marchéoù tout s'arrange et s'échange.

L'accord devenant impératif, l'essentiel réside dans la bonne discussion, celle oùtous auront pris la parole et pourront abandonner le débat l'âme en paix.

Bonne discussion ou bon repas -il fautquitter la table repu! La discussion réduite ainsi à un jeu de miroir où ne se regardent et ne s'échangent que devaines opinions sans égard pour le sens ou la vérité perd les fonctions que Platon lui avait assignées voilà plus de25siècles réfuté en vue d'une fin supérieure aux protagonistes en lice.

L'accord avec autrui est-il dontintrinsèquement lié au dialogue ou n'est-il qu'une fin accessoire, rare et heureuse, à la discussion lorsque celle-ci estmenée sans concession?L'issue de la discussion si elle était prévisible- comme toute volonté d'accord le présuppose- y aurait-il alors intérêtà discuter? L'accord préétabli ou anticipé ôte à la discussion toute sa portée proprement polémique.

Mais alors dansquels but discuter? Couvrir les brèches du voile pudique d'un accord complaisant ou faire apparaître des faillesimpossibles à combler en vue d'autres possibles? "Toute satisfaction dans le domaine de l'esprit- comme le disait GuyDebord, paraphrasant Hegel- n'est que défaite".De quel prix l'accord avec autrui doit-il se payer afin que la discussion puisse garder son sens et son intérêt?Analysons dans un premier temps les conditions sous lesquelles une vraie discussion pourrait garantir à l'autre nonseulement ses droits mais aussi son altérité. Discuter ce n'est pas avant tout faire circuler ce qui est virtuellement commun à un groupe (les préjugés d'uneépoque, d'un lieu, d'une classe, d'une idéologie...) que chercher à les voir remis en question.

La discussion en cesens est une "épreuve" au cours de laquelle les interlocuteurs courent le risque de se voir réfutés jusque dans lesconvictions auxquelles ils semblaient le plus tenir.

C'est bien cette tâche que Platon, dans le Gorgias, assignait audialogue: "J'estime qu'il y a plus grand avantage à être réfuté que de réfuter, dans la mesure où se débarrasser dupire des maux fait plus de bien qu'en délivrer l'homme que se faire fausse idée des questions dont nous parlons en cemoment." Echanger ses opinion ce n'est donc dialoguer, ou discuter qu'en apparence puisque les enjeux se trouventd'emblée réduits au simple jeu de l'échange qui ne change rien.

D'où l'impression de « sur place » que donne laplupart des discussions. Faire en sorte qu'autrui partage mes opinion ou se ranger aux idées de son interlocuteur, cela certes donne bien lesapparences d'un accord et marquer la et les fins assignables à toute discussion mais, en fait qui peut garantir quecet accord s'est bien fait au nom d'une vérité reconnue et non pas au nom d'une commode transaction ? Constaterde l'extérieur l'identité des avis ou des jugements formés hors de la discussion ne peut donc mener bien loin.

C'estce que Platon dans le Gorgias appelait l'Homodoxia (l'avis partagé) qu'il distinguait de l'homologia (accord avec ceque est en question).

A la contagion de l'opinion il faudrait donc opposer la soumission à la vérité. Pour savoir ce que l'on dit encore faut-il livrer sa parole à l'écoute d'autrui.

C'est en quelque sorte sous contrôle,sous la menace bienveillante et confiante de celui à qui je m'adresse que je parle.

Les exigences de me fairecomprendre m'obligent à mettre de l'ordre dans mes idées, c'est-à-dire à maîtriser mes propos.

Autrui intervientdonc en moi, avant tout accord et c'est au cours du débat que cet accord se verra confirmé ou infirmé.

Cetteintrusion d'autrui en moi définit en quelque sorte les conditions préalables à tout discussion.

Ne pas l'accepter, c'esten rester au monologue.

C'est donc d'abord l'accord avec soi-même que m'impose répondrez aux objections ouréfutations qui me seront faites. La discussion crée donc les interlocuteurs qui auront pour tâche de créer un sens en commun (à l'écart du senscommun).

C'est bien ce que dit Merleau-Ponty dans ces lignes extraites de la Phénoménologie de la perception : «Dans l'expérience du dialogue, il se constitue entre autrui et moi un terrain commun, ma pensée et la sienne ne font. »

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