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LA DOCTRINE DE PLOTIN

Publié le 02/03/2011

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PLOTIN    Plotin naquit à Lycopolis, en Egypte. Sa vocation philosophique, tardive, se serait révélée brusquement lorsqu'il entendit, à Alexandrie, les leçons du philosophe platonicien Ammonius. Sans doute était-il déjà initié à la philosophie, mais dans l'Antiquité la philosophie (les sophistes exceptés) devait être moins une matière d'enseignement qu'un changement de l'âme tout entière. Plotin se convertit au platonisme et séjourna alors onze ans à l'école d'Ammonius.    En 242, il le quitte pour suivre l'empereur Gordien qui a chassé les Perses de Syrie et poursuit vers l'est le roi barbare. Il a, comme plusieurs siècles auparavant l'avaient eu des philosophes, l'espoir de pénétrer grâce à la marche victorieuse des armées romaines dans ces pays orientaux où il pourra prendre une connaissance directe de la pensée philosophique orientale et sans doute de l'Inde. Espoir déçu : Gordien est battu en Mésopotamie. Plotin se réfugie à Antioche et passe à Rome où il résidera désormais.    Le romantisme fleurit à cette époque ; le barbare est à la mode, comme le sauvage à la fin du XVIIIe et le Moyen Age au XIXe. Une forte influence asiatique et hindoue vient confluer dans la philosophie de Plotin avec le renouveau du platonisme. Plotin ouvre une école ; il réunit autour de lui des adeptes enthousiastes, parmi lesquels des philosophes de profession, des sénateurs et jusqu'à l'empereur Galien et sa femme Salonina. L'ambiance y était moins pleine et moins sereine que dans les écoles d'Epictète ou d'Epicure ; la nervosité y était aggravée par le régime alimentaire et l'absence d'hygiène qui avait cours chez ces contempteurs de la vie d'ici-bas et du corps.    Il rêvait d'une cité de philosophes en Campanie, mais « Platopolis « ne vit pas le jour. C'est seulement sur les instances de ses disciples qu'il se décida très tardivement, en 255, à dicter et à rédiger ses opinions, confiant le gros travail de mise au net à son fervent disciple Porphyre.    Les cinquante-quatre traités qui furent ainsi écrits sont groupés en six Ennéades (c'est-à-dire « groupes de neuf «).

« choses d'ici-bas.

On ne peut lui prêter ni la bonté, ni la sagesse, ni la liberté car ce serait l'humaniser et larabaisser.

Pas même la pensée car, si elle est pour l'homme le plus noble attribut, on n'a pas le droit d'en conclurequ'elle est en Dieu.

Ce Dieu est ce qui n'est rien parce qu'on ne peut pas en parler ; c'est le néant superessentiel. Pourquoi cette réalité a-t-elle donné autre chose qu'elle-même ? Ce fut, répond Plotin, une occasion involontaire,due à une sorte de surabondance, comme une lumière se diffuse.

On a appelé cette génération l'émanation : ilconvient de dire, avec Plotin : « la procession ». Mais le produit cherche à rester le plus près possible de sa source, dont il tire toute sa réalité ; à peine a-t-il «procédé » qu'il se retourne vers lui pour le contempler.

C'est de cet acte de se retourner, que Plotin appelle «conversion », que naît (bien entendu d'une naissance éternelle et intemporelle) la seconde hypostase, qui est à lafois l'Intelligence et le monde intelligible. l'intelligence La réalité, indistincte dans l'Un, s'épand en une multiplicité de genres hiérarchisés et d'espèces, que l'on voit seformer par une sorte de dialectique (on reconnaît ici, dans cette seconde hypostase, le monde intelligible dePlaton). La première hypostase était au-dessus de l'être, la seconde est l'être même, c'est-à-dire tout ce qui fait que laréalité a une forme qui la rend connaissable.

L'Intelligence est vision de l'Un, et par là même, elle est à la foisconnaissance de soi et connaissance du monde intelligible.

L'être est contemplation ; la conception la plus profondequ'on puisse avoir du monde intelligible est celle d'une société d'esprits dont chacun en se pensant, pense tous lesautres et qui ne forment ainsi qu'une intelligence unique. C'est aussi dans ce monde que réside toute beauté.

Là se trouvent les modèles auxquels nous comparons touteschoses que nous qualifions de « belles » ou a contrario de « laides ». l'âme Comme l'Un produit l'Intelligence, l'Intelligence produit une troisième hypostase qui est l'Ame.

L'âme n'est que le monde intelligible, mais plus divisé, plus détendu, pas encore étendu pourtant, ou pas encoreétendu d'une étendue matérielle, puisque l'âme a pour fonction d'être tout entière à la fois dans toutes les partiesdu corps qu'elle anime.

Cette âme universelle ou âme du monde sensible est l'intermédiaire entre le monde sensibleet le monde intelligible, touchant à celui-ci parce qu'elle « procède » de lui et se retourne pour le contempler, —touchant au premier parce qu'elle l'ordonne et l'organise.

Et ce ne sont pas là deux fonctions différentes : en réalité,elle n'organise que parce qu'elle « contemple », par une influence qui émane d'elle sans qu'elle le veuille.

De cetteâme universelle émanent les âmes individuelles, nos âmes, dont chacune administre un petit fragment de l'universmatériel : notre corps.

Mais notre âme, tout en agissant sur notre corps, demeure dans l'âme divine.

Nous nesommes jamais détachés de Dieu ; en Lui nous vivons et nous sommes. Chez Plotin, chaque hypostase n'est qu'une contraction, une dématérialisation, une unification toujours plus hautedu monde, jusqu'à l'Unité absolue. Au dessous des trois hypostases, Plotin admet une dernière substance qui est notre monde matériel, décontractionet multiplication totales, impassibilité et indétermination.

Il n'y a pas union de la forme et de la matière ; le sensibleest un simple reflet passager de la forme dans la matière.

Le mal et la cause de tous les maux, c'est le contact del'âme (contact qui n'est qu'un éclairage) avec la matière.

Elle s'en purifie, non pas en s'en rendant maîtresse mais enla fuyant.

Si cette matière existe pourtant, c'est qu'il faut que tous les degrés de l'Un soient épuisés.

La matière enest comme le dernier reflet, avant l'obscurité complète du néant. LA DESTINÉE DES ÂMES ET LA MORALE En principe, l'âme dirige le corps parce qu'elle contemple l'ordre intelligible ; tournée ou plutôt « convertie » vers cemonde, elle reste auprès de l'Intelligence tandis qu'un reflet d'elle va éclairer et vivifier le corps.

Mais parce que lelien qui unit les âmes est plus détendu que celui qui unit les deux premières hypostases, l'âme peut se retourner versson propre reflet.

C'est ce qui arrive en fait.

Alors, comme Narcisse, attirée par son image et se noyant pourl'étreindre, elle se précipite vers lui et c'est ainsi qu'elle s'asservit à ce corps et s'inquiète des mille faux biens qui luisont étrangers et qui nous accaparent.

C'est ce que Plotin appelle la « descente » de l'âme.

Sa destinée futuredépend, par une justice immanente, du péché qu'elle a commis de ce fait.

Le but de l'éducation et de la morale estla restitution de l'âme dans son état originaire de contemplation.

Le « moi » intermédiaire entre le corps etl'intelligence tournée par nature vers le monde des intelligences, est la réalité qui a fait cette « descente ». Il y a autant de manières de vivre que de niveaux de réalité pour le moi : En bas, l'âme est passive, elle vit de la vie du corps ou, active, elle vit de la vie sociale qui est aussi engluementdans le monde sensible.. »

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