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La fin de l'Etat n'est-elle que la sécurité ?

Publié le 06/03/2004

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C'est ce que certains philosophes ont appelé l'« état de nature ». On peut supposer que dans ce contexte chacun se sentira menacé par tous les autres. En effet, ne connaissant pas les intentions d'autrui, je pourrai toujours craindre qu'il ait l'intention de m'agresser ; par prudence donc, pour ne pas me laisser surprendre, la meilleure façon de me protéger sera d'attaquer le premier. Cette conclusion sera d'ailleurs renforcée par la considération suivante : autrui, ne connaissant pas non plus mes intentions à son égard, doit aboutir à la même conclusion que moi. Autrement dit, même s'il est d'un tempérament pacifique, sa raison lui conseillera de m'attaquer à titre préventif. Il est donc absolument nécessaire, à l'état de nature, d'attaquer autrui par souci de sécurité. Pour protéger ma vie, je dois m'en prendre à celle des autres. Protection assez inefficace puisqu'elle revient à entretenir un état de violence toujours très menaçant pour la vie de chacun. C. Fonction protectrice de l'État Cette situation de guerre de tous contre tous est donc dommageable pour chacun.

Le but originel de toute concorde sociale est la sécurité de tous les citoyens. La sécurité des biens et des personnes est ce qui définit la justice. La loi n'a pas d'autre fonction que de protéger les individus. Toutefois, que la loi vise la sécurité est une chose. Mais pour parvenir à ce but, il lui faut respecter catégoriquement des impératifs d'ordre éthide. C'est toujours au nom de la sécurité que les dictatures justifient leur politique répressive et totalitaires.

« «Tout être s'efforce de persévérer dans son être»Cet effort, c'est ce que Spinoza, dans l'Éthique, appelle le Conatus .

Or, dans l'hypothèse d'un état de nature,le Conatus de chacun y est contrarié par les Conatus des autres.

Les pouvoirs de chaque individu, en tant qu'ilest abandonné à lui-même, sont des pouvoirs fictifs parce que inefficaces.

L'État, en assurant la sécurité,permet à l'homme de «persévérer dans son être»: c'est là sa fonction essentielle. Pour Spinoza, « le désir est l'essence même de l'homme, en tant qu'elleest conçue comme déterminée, par une quelconque affection d'elle-même, à faire quelque chose ».

Le désir est le terme génériqueenglobant tous « les efforts, impulsions, appétits et volitions de l'homme».

Il constitue l'essence de l'homme parce qu'il est le mouvement mêmepar lequel ce dernier s'efforce de persévérer dans son être.

Chacundésire ce qu'il juge utile à la conservation de son être et susceptibled'en accroître la perfection, c'est-à-dire ce qui lui semble bon, ce qu'ilaime.

En revanche, il désirera éviter ou détruire ce qui lui paraît faireobstacle au maintien de son être ou entraîner son amoindrissement.

Ainsi« chacun désire ou tient en aversion nécessairement par les lois de sanature ce qu'il juge être bon ou mauvais ».

Le désir est donc unedisposition naturelle, et tout désir est en soi légitime.

Cependant ce quel'homme désire parce qu'il le juge comme lui étant utile n'est pasnécessairement ce qui lui est vraiment utile.

C'est que communément «chacun juge selon son propre sentiment ce qui est bon, ce qui estmauvais », non selon sa droite raison.

Or le sentiment, en tant quepassion de l'âme, est une « idée inadéquate », c'est-à-dire mutilée etconfuse, et qui est donc cause d'erreur et de fausseté.

C'est pourquoiles hommes, en croyant observer leur intérêt, désirent souvent comme utile ce qui leur est en fait nuisible. LE « CONATUS » OU EFFORT DE L'ÊTRE. Rien ne va au néant.

Le nihilisme est absurde : « Nulle chose ne peut être détruite, sinon par une causeextérieure » (Éthique, III, P.

4).L'essence d'une chose est une manifestation limitée de l'essence de la Cause de soi, qui est puissanceinfinie : « Tant que nous considérons seulement la chose elle-même, et non les causes extérieures, nousne pouvons rien trouver en elle qui puisse la détruire » (ibid.).De là découle la proposition 6, justement célèbre: « De par son être, chaque chose s'efforce depersévérer dans son être » L'être est désir d'être. « Cet effort, rapporté à l'esprit seul, s'appelle volonté ; mais quand il se rapporte à la fois à l'esprit et aucorps, il s'appelle tendance (appetitus) ; la tendance n'est donc rien d'autre que l'essence même del'homme ; de cette essence découlent nécessairement les actes qui servent à sa conservation; et ainsil'homme est déterminé à les faire.

De plus, entre la tendance et le désir (cupiditas) il n'y a nulledifférence, sinon que le désir se rapporte généralement aux hommes dans la mesure où ils sont conscientsde leurs tendances et c'est pourquoi on peut donner la définition suivante : Le désir est la tendanceaccompagnée de la conscience de cette même tendance.

Ainsi il est établi que nous faisons effort en vuede quelque chose, la voulons, tendons vers elle, la désirons, non pas parce que nous jugeons qu'elle estbonne : au contraire, nous jugeons qu'une chose est bonne parce que nous faisons effort pour l'avoir, lavoulons, tendons vers elle et la désirons.

» (Éthique, III, P.

9, Sc.).

Ainsi le désir, reconnu par toute laphilosophie comme le dynamisme immanent à la nature, exprime directement l'essence de l'être fini, oupuissance finie. La fin de l'État, c'est la paixLa paix, c'est le moment où chaque homme renonce à étendre ses pouvoirs aux dépens des autres.

Or, nousdit Spinoza, nul ne renonce à un bien que par l'espoir d'un bien plus grand, ou n'accepte un mal que par lacrainte d'un mal plus grand.

Ce n'est que parce que l'État assure la sécurité qu'il est préférable à la liberté de. »

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