Devoir de Philosophie

La finalité de la philosophie est-elle son propre apprentissage ?

Publié le 28/10/2009

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Incipit : Il est courant de reprocher à la philosophie son absence de finalité autre que l’entretien perpétuel de son activité. Ce qui lui est alors reproché est son manque de prise sur le réel, son inefficacité, son inutilité pratique efficiente. La philosophie n’aurait-elle donc pour finalité que celle de son propre apprentissage ? A cela, le philosophe répond, pour autant qu’il soit un minimum hégélien (E. Weil, La logique de la philosophie), qu’accepter de discuter l’inutilité de la philosophie, ou même de simplement la dénoncer, suppose l’exercice de cette dernière, c’est-à-dire exige l’acquisition d’une rigueur de méthode et la possession de concepts qui permettent d’en débattre. Ce qui dans ce cas au moins est sûr, c’est qu’une des finalité de la philosophie peut être la défense de sa propre légitimité.

 

Thèmes : L’appel à l’exemple du philosophe hégélien est là pour indiquer, comme toujours avec le spéculatif de Hegel, le caractère circulaire de la formulation de l’énoncé. En effet, ce dernier consiste à chercher à savoir si la philosophie peut-être considérée comme étant à elle-même l’objet de sa propre finalité. Tout cela étant bien entremêlé, une clarification thématique s’impose afin de expliciter les présupposés sous-jacents à la formulation de l’énoncé. (i) L’apprentissage de soi : cela signifie ici simplement le fait d’être à soi-même l’objet de son propre apprentissage. L’apprentissage de soi reprend évidemment le caractère objectivant contenu dans la formule au génitif objet “ de soi ”. Pouvoir être à soi-même objet d’apprentissage, pouvoir être l’objet de son propre apprentissage, dans le cas de la philosophie, suppose que cette dernière soit comprise et définie comme un objet. Aussi trivial que cela paraisse, l’objectivation suppose de distinguer l’acte (de philosopher) de l’objet (en l’occurrence, philosophique). Etre de soi-même l’objet de son apprentissage signifie, dans un premier sens, pouvoir être objectivé (dans une histoire, des concepts, des contenus notionnels, des ouvrages cardinaux, etc.) pour être alors susceptible d’apprentissage, disposé à être appris. (ii) L’apprentissage par soi : avec ce deuxième sens, implicite à même l’énoncé, du caractère réflexif de l’apprentissage se manifeste la circularité de l’énoncé : la philosophie y est questionnée comme pouvant être non seulement l’objet de son apprentissage (au sens du génitif objectif), mais également le sujet de son propre apprentissage (génitif pris alors au sens subjectif), et ainsi signifier précisément la possibilité qu’aurait la philosophie d’avoir pour finalité son propre apprentissage comme méthode. Plus simplement, ce qui caractérise cette seconde acceptation de la notion d’apprentissage, non plus de soi, mais par soi, consiste dans sa réflexivité, et non plus dans son objectivité, ou encore, en d’autre terme, dans la fait pour la philosophie d’être le sujet agent de son apprentissage, et non plus uniquement l’objet appris ou à apprendre. (iii) La notion de finalité : Une telle dualité de sens caractéristique de la formule “ avoir pour (sa propre) finalité son propre apprentissage ” est explicitée par l’ambivalence de la notion même de finalité. En effet, si la dualité de l’acception de l’apprentissage, à la fois de soi et par soi, s’est caractérisée par son objectivation et sa réflexivité, c’est alors que la finalité également peut s’articuler de manière extérieure objective et intérieure réflexive : la finalité peut consister soit à réaliser quelque chose d’extérieur à soi comme produit (la finalité de l’art de bâtir est la construction d’une maison), soit à être de soi-même la raison de son exercice (être moral en acte, ou vertueux, est la finalité de la morale).

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« la philosophie, serait-elle intérieure en tant qu'objet de soi, s'exerce sur son objet même d'investigation : en bref,faire l'histoire de la philosophie est toujours déjà de la philosophie, car elle suppose la mise en œuvre de ses moyenstechnique de réflexion.

Et la finalité de la philosophie ne saurait être, en ce sens, autre chose que son propreapprentissage, ou plutôt l'exercice philosophique consistant à s'apprendre soi-même, à se prendre soi pour objet deson apprentissage.

II.

La philosophie comme méthode Selon notre seconde caractérisation de l'acte de philosopher, la réflexivité en est la marque.

Philosopher réside dansla mise en œuvre de soi-même comme technique, plus ou moins indifférente à l'objet de son application (à l'aide desrègles du raisonnement philosophique et de ses productions conceptuelles, il est en effet possible d'appréhender desdomaines aussi distincts et variés que la politique, l'art, la morale, l'écologie, etc.).

L'exercice prévaut ici sur uneacception de la philosophie comme contenus de savoirs, histoire de doctrines et d'idées.

La philosophie se conçoitcomme la pratique rationnelle visant à la connaissance d'une chose qui lui est extérieure.

On formule alors lesprincipes de la philosophie comme technique logique de la pensée rationnelle, et ceci des définitions platoniciennespar divisions dichotomiques successives (être homme = bipède sans plume) et aristotéliciennes (analyse pardifférence spécifique au sein du même genre), en passant par les règles des principes pour la direction de l'esprit deDescartes, les règles de la méthode du raisonnement véritable de la Logique de Port-Royal, jusqu'à la philosophie analytique contemporaine.

La finalité de la philosophie est ici certes l'apprentissage de soi-même comme méthode depensée rationnelle, mais son objet peut, voire doit, lui être extérieur.

Ainsi, les règles du bien penser doiventpermettre de bien juger, et bien juger doit conduire à l'évitement des erreurs épistémiques (ne pas croire des erreurset débusquer les fautes de raisonnement), à la droiture éthique (bien juger permettrait de déterminer avecpertinence la valeur des valeurs), à la justesse du goût esthétique, etc.

* Conclusions - Dans les deux sens dégagés, la notion d'apprentissage de soi par soi définit proprement la finalité de la philosophie, à la fois comme objet de connaissance et comme exercice en acte de la connaissance.L'apprentissage réflexif ou objectivant de soi par soi est une détermination valable de la finalité de la philosophie. - Si la finalité de la philosophie consiste dans l'apprentissage de soi par soi, au deux sens de la formule, c'est- à-dire en est une caractéristique nécessaire, cela ne saurait cependant être une détermination suffisante de lanature de la finalité de la philosophie.

Cela s'est vu dans la conception de la philosophie comme méthode (pointII du développement), où la philosophie, d'une part peut servir de propédeutique à l'étude d'autre types desavoirs (les règles de la logiques philosophiques sont par exemples utiles au raisonnement physique etmathématique, etc.) et d'autre part peut même devenir moyen instrumentalisé en vue d'une finalité extérieure àl'exercice philosophique (savoir bien juger pour être moralement bon, etc.) – la finalité de la philosophie,consistant dès lors en l'apprentissage de soi comme moyen, se met au service d'une fin extérieure dont elleconstitue le moyen de réalisation.

Pour autant, la finalité de la philosophie ne cesse de résider dansl'apprentissage de soi par soi, car sinon, c'est l'idée même d'une finalité de la philosophie qui cesse d'êtrepertinente. - Il est possible de simplement concevoir, non pas que la finalité de philosophie soit autre chose que son propre apprentissage (cela, nous l'avons vu, est inacceptable, une fois concédé l'existence d'une finalité pour laphilosophie), mais plus radicalement encore que la philosophie n'ait pas de finalité tout court, et ne soit qu'unmoyen.. »

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