La foi, un saut irrationnel S. KIERKEGAARD
Publié le 26/01/2020
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Soren Kierkegaard, philosophe danois, luthérien de tendance pié-tiste et même mystique, s'oppose vigoureusement tant à la métaphysique qu'au formalisme sclérosé des Eglises établies. Seule la foi authentique et personnelle permet, selon lui, de rencontrer le Dieu vivant.
Subjectivement le fait d’être un chrétien se détermine de la façon suivante : la décision réside dans le sujet, l’appropriation est l’intériorité paradoxale qui est spécifiquement différente de toute autre intériorité. Être chrétien n’est pas déterminé par le quoi du christianisme mais par le comment du chrétien. Ce comment ne peut s’adapter qu’à «ne chose, au paradoxe absolu. H n’y a donc là aucun discours indéterminé, d’après quoi être chrétien signifierait accepter ceci et accepter cela et accepter de telle et telle façon, s’approprier, croire, s’approprier dans la foi de telle et telle façon (déterminations purement rhétoriques et fictives) : mais croire est une opération spécifiquement et nettement différente de toute autre assimilation et intériorité. La foi est, dans le scandale de l’absurde, l’incertitude objective maintenue fermement dans la passion de l’intériorité, laquelle passion est justement le rapport de l’intériorité à la plus haute puissance. Cette formule ne convient qu’au croyant et à nul autre, non à un amant, ni à un homme enthousiaste, ni à un penseur, mais uniquement au croyant qui se rapporte au paradoxe absolu.
Il suit de là que la foi ne peut pas non plus être une fonction provisoire. Qui veut se représenter sa foi comme un moment aboli au sein d’une connaissance plus élevée, il a eo ipso cessé de croire. La foi ne peut pas se satisfaire avec 1 ’incompréhensibilité ; car c’est justement le rapport avec l’incompréhensible, l’absurde (qui scandalise) qui est l’expression de la passion de la foi.
Soren Kierkegaard, Post-scriptum final non scientifique aux Miettes philosophiques ( 1846), trad. P. Petit, coll. « Tel », éd. Gallimard, 1949, pp. 414-415.
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