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La force et la violence ont-elles même origine et même but ?

Publié le 02/08/2005

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 La force et la violence sont deux termes très proches et il semble souvent que nous les confondions. Ainsi fait-on référence dans un cas comme dans l’autre à l’exercice, le déploiement ou la dynamique d’une puissance. Il semblerait alors que cette puissance puisse être à la fois une positivité ou une négativité. Pourtant il semble que nous fassions tout de même la différence entre les deux termes afin de considérer deux réalités différentes. En effet, la violence semble manifester l’absence de raison, le déchaînement purement négatif tandis que la force possèderait une légitimité, une valeur constructive. Pourtant, si toutes deux sont l’exercice d’une même puissance ont-elles alors la même origine et le même but ? En ce sens, il faut distinguer entre le fondement d’un côté et du sens et de valeur d’un autre, c’est-à-dire l’origine et le but. Mais surtout, si la question se pose c’est bien à l’aune d’une conception notamment du droit et de la justice et de l’Etat en tant qu’elle fait appel à la notion de force c’est-à-dire de force publique opposé à la violence de l’individu. La force serait collective, constructrice, en vue du bien public contrairement à la violence, individuelle, constructrice, et personnelle.

            Si force et violence semblent avoir une même origine (1ère partie), il n’en reste pas moins qu’elle n’ont pas visiblement le même but (2nd partie). Cependant, s’il existe une différence entre ces deux concepts, il n’en reste pas moins qu’elle n’est pas franche ni frontale (3ème partie).

 

  • I – Une origine communauté

  • II – Différence de but

 

  • III – Atténuation et perméabilité

 

 

« souveraine, la force doit être distinguée de la violence : cette puissance déchaînée, non maîtrisée par la raison et lediscours.

La violence est à base de colère ; elle contraint la volonté et les fins d'autrui.

Mais le plus essentiel est devoir que la force suit un besoin de construction.

Elle vise la stabilité et c'est pour cela que l'on peut parler que laforce comme d'une « violence légitime » comme le définit Max Weber dans le Savant et le politique .

En effet, l'Etat devient détenteur de la violence du groupe, c'est-à-dire de ce qu'on appelle une « force publique ».

L'Etat al'exclusivité de la violence parce qu'elle a pour but de maintenir le lien social et non de le détruire : « S'il n'existaitque des structures sociales d'où toute violence serait absente, le concept d'État aurait alors disparu et il nesubsisterait que ce qu'on appelle, au sens propre du terme, l'« anarchie ».

La violence n'est évidemment pas l'uniquemoyen normal de l'État - cela ne fait aucun doute -, mais elle est son moyen spécifique.

De nos jours la relationentre État et violence est tout particulièrement intime.

Depuis toujours les groupements politiques les plus divers - àcommencer par la parentèle - ont tous tenu la violence physique pour le moyen normal du pouvoir.

Par contre il fautconcevoir l'État contemporain comme une communauté humaine qui, dans les limites d'un territoire déterminé - lanotion de territoire étant une de ses caractéristiques -, revendique avec succès pour son propre compte le monopole de la violence physique légitime .

» c) En effet, si la force est positive et constructrice du lien social et non destructrice comme peut l'être la violencede l'individu, le chef de l'Etat est le dépositaire de la force est c'est pour cela qu'il ne faut pas imposer la violence àla violence légitime.

En effet, pour Kant , que ce soit entre le législateur et le peuple, ou entre les individus, il ne faut pas user de violence contre la violence car elle détruit le lien social, c'est-à-dire qu'elle est un risque de retourà l'état nature comme on le voit dans la Doctrine du droit .

Dans le cas de ce texte, cette interdiction est inconditionnelle.

Même si le législateur trahit, il ne faut pas résister par la violence.

Pourquoi ? Car le peuple quand laconstitution civile existe déjà n'a plus à statuer sur la façon dont cette constitution doit être gouvernée.

Il a lalégitimité de la loi, sa violence est alors légitime : elle est force.

S'il s'oppose, où est celui pour qui est le droit ? Etc'est pour cela que prenant le cas de Balmérino dans ce texte, il montre que cette révolte n'est pas légitime Transition : Ainsi y a-t-il une différence entre la violence et la force dans leurs rapports à leurs buts respectifs.

La violence estpure négativité tandis que la force est une positivité constructrice.

La force est une violence légitimée par le droit ;elle est détenu par le chef de l'Etat.

Cependant, la violence n'est peut-être pas toujours une pure négativité etdans ce cas, il serait possible alors de voir se réduire la frontière entre ces deux concepts c'est-à-dire leurperméabilité.

III – Atténuation et perméabilité a) En effet, Rousseau dans le chapitre III du Contrat social parle justement « Du droit du plus fort ».

Et la force ici n'a pas le sens de la légitimité mais bien celle de la violence.

Elle est une puissance.

Or comme il le note il y a uneabsurdité à concevoir un droit du plus fort dans la mesure où « Le plus fort n'est jamais assez fort pour êtretoujours le maître ».

La force est soumise à la corruption du temps c'est-à-dire qu'elle peut passer c'est pourquoi leplus fort doit-il transformer sa force en droit et l'obéissance en devoir : « De là le droit du plus fort; droit prisironiquement en apparence, et réellement établi en principe.

» Le problème essentiel que pointe Rousseau peut doncse lire notamment par rapport à une critique de l'absolutisme.

Mais que faut-il comprendre par « droit du plusfort » ? La force n'est qu'une puissance physique et l'on comprend mal comment d'une puissance physique l'onpourrait atteindre une puissance morale, celle du droit.

Il y a décalage fondamental entre ces deux concepts : unecertaine exclusion conceptuelle.

Dès il y a aussi un décalage à parler de violence légitime.

Et notamment parce quele respect du droit se saisit en corrélation avec le concept de devoir et résulte donc d'un acte de la volonté ; or« Céder à la force est un acte de nécessité, non de volonté ; c'est tout au plus un acte de prudence.

En quel senspourra-ce être un devoir ? ».

Or, « Supposons un moment ce prétendu droit.

Je dis qu'il n'en résulte qu'un galimatiasinexplicable ; car, sitôt que c'est la force qui fait le droit, l'effet change avec la cause : toute force qui surmonte lapremière succède à son droit.

Sitôt qu'on peut désobéir impunément, on le peut légitimement; et, puisque le plusfort a toujours raison, il ne s'agit que de faire en sorte qu'on soit le plus fort.

Or, qu'est-ce qu'un droit qui péritquand la force cesse ? S'il faut obéir par force, on n'a pas besoin d'obéir par devoir ; et si l'on n'est plus forcéd'obéir, on n'y est plus obligé.

On voit donc que ce mot de droit n'ajoute rien à la force; il ne signifie ici rien dutout.

» La force et le droit sont donc dans une relation d'exclusion conceptuelle réciproque.

Cependant, si obéirc'est céder à la force alors il s'agit d'une nécessité mais non d'un droit.

Et pour comprendre cela Rousseau utilisel'exemple du brigand cherchant à me voler.

Qu'il faille donner sa bourse est une nécessité si je veux rester en viemais on voit mal au nom de quoi il s'agirait ici d'un droit et cela d'autant plus que si je pouvais me soustraire à samenace on pourrait se demander en quoi je serai obligé de la lui donner.

Et l'arme qu'il tient est une puissance etnon un droit.

Comme le conclut Rousseau : « Convenons donc que force ne fait pas droit, et qu'on n'est obligéd'obéir qu'aux puissances légitimes.

» La force ne se départit donc pas de son lien avec la violence.

Il semble qu'ellesoit un synonyme ou un masque afin de créer une illusion de légitimité.b) D'un autre côté, si la force n'est pas toujours pure positivité, il faut bien remarquer que si la violence peut êtrepure négativité elle a aussi une positivité.

Et c'est ce double statut qui permet de redéfinir les enjeux de la violenceet de donner une grande envergure à la réflexion.

En effet, la violence est aussi édificatrice, elle est à l'origine de laconscience et de l'histoire humaine.

Et c'est bien cet aspect que met en exergue Hegel avec la fameuse dialectique. »

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