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La générosité de R. DESCARTES

Publié le 05/01/2020

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La générosité

 

R. DESCARTES (1596-1650)

 

La philosophie morale de Descartes reprend des thèmes de la sagesse traditionnelle : thème du bonheur (« on ne saurait manquer d'être content »), thème de l'accord avec la nature (« changer ses désirs plutôt que l'ordre du monde »). Mais il les transforme profondément par l’affirmation de la liberté du sujet.

 

Et parce que l’une des principales parties de la sagesse est de savoir en quelle façon et pour quelle cause chacun se doit estimer ou mépriser, je tacherai ici d’en dire mon opinion. Je ne remarque en nous qu’une seule chose qui nous puisse donner juste raison de nous estimer, à savoir l’usage de notre libre arbitre, et l’empire que nous avons sur nos volontés. Car il n’y a que les seules actions qui dépendent de ce libre arbitre pour lesquelles nous puissions avec raison être loués ou blâmés, et il nous rend en quelque façon semblables à Dieu en nous faisant maîtres de nous-mêmes, pourvu que nous ne perdions point par lâcheté les droits qu’il nous donne.

 

Ainsi je crois que la vraie générosité, qui fait qu’un homme s’estime au plus haut point qu’il se peut légitimement estimer, consiste seulement partie en ce qu’il connaît qu’il n’y a rien qui véritablement lui appartienne que cette libre disposition de ses volontés, ni pourquoi il doive être loué ou blâmé sinon pour ce qu’il en use bien ou mal, et partie en ce qu’il sent en soi-même une ferme et constante résolution d’en bien user, c’est-à-dire de ne manquer jamais de volonté pour entreprendre et exécuter toutes les choses qu’il jugera être les meilleures. Ce qui est suivre parfaitement la vertu.

 

René Descartes, Les Passions de l’âme (1649), IIIe partie, § 152-153.

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« a que les seules actions qui dépendent de ce libre arbitre pour lesquelles nous puissions avec raison être loués ou blâmés, et il nous rend en quelque façon semblables à Dieu en nous fai­ sant maîtres de nous-mêmes, pourvu que nous ne perdions point par lâcheté les droits qu'il nous donne.

Ainsi je crois que la vraie générosité, qui fait qu'un homme s'estime au plus haut point qu'il se peut légitimement estimer, consiste seulement partie en ce qu'il connaît qu'il n'y a rien qui véritablement lui appartienne que cette libre disposition de ses volontés, ni pourquoi il doive être loué ou blâmé sinon pour ce qu'il en use bien ou mal, et partie en ce qu'il sent en soi-même une ferme et constante résolution d'en bien user, c'est-à-dire de ne manquer jamais de volonté pour entre­ prendre et exécuter toutes les choses qu'il jugera être les meilleures.

Ce qui est suivre parfaitement la vertu.

René DESCARTES, Les Passions de l'âme (1649), III< partie,§ 152-153.

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE On ne confondra pas la « vraie générosité » cartésienne avec le sens actuel du mot (libéralité) ou avec un orgueil qui pousserait à s'estimer pour autre chose que sa « ferme résolution ».

La formulation même de Descartes (« maîtres de nous mêmes ») est en grande partie d'inspiration stoïcienne, ainsi que sa définition de la vertu (au singulier) comme ferme résolution.

Mais la philosophie morale ne se com­ prend qu'à partir d'une métaphysique nouvelle reposant sur deux principes : l'existence d'un moi rationnel et libre, l'existence d'un esprit infini, Dieu libre créateur de toute vérité et de toute chose.

La générosité est la prise de conscience de cette double transcendance de l'esprit humain et de l'esprit divin, et donc l'éminente valeur d'un libre arbitre capable de s'éle­ ver au-dessus de toute détermination.

Quelles que soient les qualités ou les défauts des uns et des autres, elles sont de peu d'importance en comparaison du libre arbitre qui. »

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