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La guerre contre les préjugés a-t-elle une fin ?

Publié le 28/09/2005

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Nous pouvons nous poser la question réciproque. En effet la finalité poursuivie peut être inatteignable, dans ce cas ne vaut-il pas mieux arrêter le combat ? L'impossibilité de réaliser une finalité remet-elle en cause le sens de cette finalité ? La détermination des rapports entre les deux sens de fin permettra de répondre à la question.  PLAN DETAILLE Première partie : La fin de la lutte contre les idées accordées sans examen est la connaissance de la vérité. 1.1 Se libérer des préjugés conditionne notre accès à la connaissance de la vérité. « C'est pourquoi je pense que j'en userai plus prudemment, si, prenant un parti contraire, j'emploie tous mes soins à me tromper, feignant que toutes ces pensées sont fausses et imaginaires ; jusques à ce qu'ayant tellement balancé mes préjugés, qu'ils ne puissent faire pencher mon avis plus d'un côté que d'un autre, mon jugement ne soit plus désormais maîtrisé par de mauvais usages et détourné du droit chemin qui le peut conduire à la connaissance de la vérité. Car je suis assuré que cependant il ne peut y avoir de péril ni d'erreur en cette voie, et que je ne saurais aujourd'hui trop accorder à ma défiance, puisqu'il n'est pas maintenant question d'agir, mais seulement de méditer et de connaître. » DESCARTES, Méditations métaphysiques, I.

Le préjugé est une idée toute faite sans réflexion, une idée préconçue sans examen. L’absence d’examen et le manque de rigueur font que le préjugé est un piège pour l’homme qui le fait tomber dans l’erreur. Le fait de combattre, autant que faire se peut, les préjugés va de pair avec la volonté de l’individu d’accéder à des connaissances vraies, établies, sur lesquelles il peut s’appuyer. La fin de ce combat est toute trouvée à savoir la recherche de la connaissance de la vérité. Pour autant un autre sens de la fin peut être envisagé, à savoir la fin comme terme, arrêt, achèvement. Dans ce cas le sens de la question diffère. Il s’agit de savoir si le combat contre les idées préconçues est indéfini ou fini. Faut-il exclure un sens du terme « fin « ou bien tenter de tenir les deux ensemble ? Si nous optons pour la deuxième solution il faudra justifier notre choix. Dans quelle mesure le but poursuivi par cette lutte contre les préjugés influe-t-il sur la longueur de cette lutte ? Nous pouvons nous poser la question réciproque. En effet la finalité poursuivie peut être inatteignable, dans ce cas ne vaut-il pas mieux arrêter le combat ? L’impossibilité de réaliser une finalité remet-elle en cause le sens de cette finalité ? La détermination des rapports entre les deux sens de fin permettra de répondre à la question.

« tirer de ce doute au sujet de l'exclusion des préjugés ? Deuxième partie : Il est impossible de nous défaire complètement de nos préjugés aussi le combat contre eux est sans fin. 2.1 Le passage des préjugés au jugement vrai est impossible puisque nous ne sommes pas en mesure d'établir quoi que ce soit.

La guerre contre les préjugés est inutile puisque ce qu'elle vise ne peutêtre atteint.

Il ne reste que la suspension de jugement. « Nous ne prenons pas « raisonnements opposés » dans tous les cas au sens de l'affirmation et de la négation, mais simplement dans le sens de raisonnements en conflit.

Nous appelons « force égale » l'égalité selon laconviction et la non-conviction, de sorte qu'aucun des raisonnements en conflit n'ait préséance sur un autre parcequ'il serait plus convaincant.

La suspension de l'assentiment est l'arrêt de la pensée du fait duquel nous ne rejetonsni nous ne posons une chose.

» SEXTUS EMPIRICUS, Esquisses pyrrhoniennes, I 4. 2.2 Le fait qu'aucun jugement vrai ne peut être établi a pour conséquence le relativisme de la vérité.

Puisque aucune vérité ne vaut plus qu'une autre toutes les vérités sont valables.

La finalité de lalutte contre les idées préconçues étant impossible à réaliser, la lutte n'a plus de sens et l'homme est enproie au relativisme. « Socrate – Tu risques, certes, d'avoir dit là parole non banale au sujet de la science et qui, au contraire, est celle même de Protagoras.

Sa formule est un peu différente, mais elle dit la même chose.

Lui affirme, en effet, àpeu près ceci : « l'homme est la mesure de toutes choses ; pour celles qui sont, mesure de leur être ; pour cellesqui ne sont point, mesure de leur non-être.

» Tu as lu cela, probablement ? Théétète – Je l'ai lu et bien souvent. S – Ne dit-il pas quelque chose de cette sorte : telles tour à tour m'apparaissent les choses, telles elles me sont ; telles elles t'apparaissent, telles elles te sont ? » SOCRATE, Théétète, 152a. Transition : La réalisation de la fin, l'atteinte de la connaissance de la vérité, étant remise en cause les moyens utilisés, la guerre contre les préjugés, le sont aussi.

Aussi l'absence de fin ou plus faiblement l'impossibilitéde la fin interroge le sens que peut avoir une lutte contre les jugements hâtifs ou idées toutes faites.

Il faut doncréussir à montrer que le caractère inachevé de la fin poursuivie ne ruine pas le sens de cette fin et donc qu'une fininatteignable peut avoir une positivité. Troisième partie : La signification de la fin de la guerre contre les préjugés réside moins dans sa réalisation que dans sa poursuite. 3.1 Même si le combat contre les idées préconçues n'a pas de fin il coïncide néanmoins avec un progrès dans notre connaissance. « Ce qui limite une connaissance est souvent plus important, pour les progrès de la pensée, que ce qui étend vaguement la connaissance.

» BACHELARD, La formation de l'esprit scientifique. 3.2 Réduire les prétentions de la science c'est ajuster la finalité de l'homme à son pouvoir.

Même si la lutte contre les préjugés n'a pas de terme, la nature même du but poursuivi implique que le chemin soitinfini. « La science ne cherche pas à énoncer des vérités éternelles ou de dogmes immuables; loin de prétendre que chaque étape est définitive et qu'elle a dit son dernier mot, elle cherche à cerner la vérité par approximationssuccessives.

» RUSSELL, ABC de la relativité . CONCLUSION La réponse à la question « la guerre des préjugés a-t-elle une fin ? » est affirmative mais dans un sens limité. En effet la fin pouvant être prise soit dans le sens de but soit dans le sens d'achèvement, la lutte contre les idéespréconçues a bien un but mais pas d'achèvement.

Le processus de connaissance qui tend à nous délivrerprogressivement de nos préjugés n'a pas de terme.

L'exclusion d'un des deux sens de fin n'implique pas celle del'autre sens.

La poursuite interminable d'une finalité n'est pas insensée mais constitue bien plutôt un moteur derecherche.. »

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