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La justice suppose-t-elle l'égalité?

Publié le 23/01/2005

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Nous avons compris aussi que le droit se devait autant que possible d'être juste. Tout ceci implique que le bien commun devrait être le souci du législateur : au sens large de ce terme, le droit se doit d'être républicain. Mais il y a parfois loin des principes à la réalité : le droit réel est le produit de circonstances historiques et de rapports de force, il est l'objet de batailles dont l'enjeu est souvent la défense d'intérêts particuliers. Destiné à bannir la violence de la société, le droit est souvent un produit de la violence, lorsqu'une partie de la société impose sa loi à une autre, il sert parfois à perpétuer la violence quand il est placé au service d'une oppression ou d'une exploitation de l'homme par l'homme. La loi et les décisions judiciaires doivent inévitablement recevoir le renfort de la force publique : qui se soucierait de les respecter, s'il n'y avait la peur du gendarme ? La balance reçoit le concours du glaive. Si le droit le juste, républicain, il s'agit bien d'une force publique, dont l'usage répond à l'intérêt collectif. En revanche, là où le droit servirait partialement à maintenir des situations d'oppression ou d'exploitation abusive, l'usage de la prétendue force publique ne serait pas autre chose qu'une perpétuation de la violence. Le spécialiste en droit peut nous indiquer « ce qui est le droit », cad ce que disent et ont dit des lois en un certain lieu et à une certaine époque, mais il ne peut pour autant dire si le droit positif est juste parce que le critère universel auquel on peut reconnaître le juste de l'injuste lui échappe. Seul le droit naturel qui ne repose que sur des principes a priori -indépendants de l'expérience qui est toujours particulière- peut fournir à une législation positive ses principes immuables.
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« Telle est la nature de l'équitable, qui est un correctif de la loi là oùelle se montre insuffisante en raison de son caractère général.Tout ne peut être réglé par la loi.

En voici la raison : pour certaineschoses, on ne peut établir de loi, par conséquent, il faut un décret.En effet, pour tout ce qui est indéterminé, la règle ne peut donnerde détermination précise, au contraire de ce qui se passe dansl'architecture à Lesbos*, avec la règle de plomb ; cette règle, quine reste pas rigide, peut épouser les formes de la pierre ; demême les décrets s'adaptent aux circonstances particulières.

Onvoit ainsi clairement ce qu'est l'équitable, que l'équitable est justeet qu'il est supérieur à une certaine sorte de juste.On voit par là avec évidence ce qu'est aussi l'homme équitable :celui qui choisit délibérément une telle attitude et la pratique ;celui qui n'est pas trop pointilleux, au sens péjoratif, sur le juste,mais qui prend moins que son dû tout en ayant la loi de son côté,est un homme équitable, et cette disposition est l'équité, qui estune forme de justice et non une disposition différente. ARISTOTE Aristote veut établir, dans ce texte, la nécessité de l'équitable, qui est une forme de justice supérieure à celle strictement définie par la loi, et qui a pour but de la parfaire. L'équitable n'est ni le laxisme et l'arbitraire ni une application trop rigide de la loi. Il est sa juste interprétation et son adaptation aux cas particuliers. Aristote procède en deux temps. Tout d'abord, il montre les limites de la loi. Elle ne peut pas tout régler, car elle est par définition générale, et les cas sont particuliers et changeants.

Ilfait à ce propos une comparaison avec l'architecture : la règle des maçons peut mesurer les courbes.

Elle sertd'illustration pour montrer ce qu'est un décret.

Celui-ci particularise la généralité de la loi, qui est donccomparée à une règle droite.

L'équitable permet ainsi une meilleure réalisation de la justice. Puis, Aristote en déduit la nature de l'homme équitable : c'est un état d'esprit qui consiste à éviter les excès.L'homme équitable n'est pas rigoriste, il sait faire la part des choses et peut prendre moins que ce qui luirevient, sans pour autant se porter préjudice. A - La loi ne peut prévoir tous les cas L'évolution des techniques, des moeurs mais aussi la particularité des situations (cas de détresse sociale parexemple) incite à l'adapter aux circonstances. Cette image éclaire le propos d'Aristote.

On voit que l'équitable n'est pas contre la loi, mais qu'il permet del'améliorer en la rendant plus juste, comme la règle souple permet de meilleures mesures. B - L'homme équitable est juste, car mesuré et supérieur à la justice de la loi générale. En effet, il est capable de bien s'adapter aux circonstances.

Il peut parfois arriver que la stricte application dela loi générale conduise paradoxalement à des décisions dont on pourrait contester le caractère juste.

En cesens, on peut bien parler d'une forme supérieure de justice pour définir l'équité. C - La pratique de l'homme équitable consiste donc essentiellement à savoir bien évaluer la particularité descirconstances de l'acte Il doit se garder des excès de sévérité ou, à l'inverse, de laxisme. Prendre moins que ce qui lui revient sans nier la loi.

L'homme équitable est un homme mesuré. B.

Justice corrective et justice distributive: les deux types d'égalité Ainsi, l'égalité stricte est parfois en contradiction avec l'exigence de justice.

Faut-il en conclure que l'égalité n'estpas le principe même de la justice? Il importe ici de nuancer notre propos et de distinguer deux types d'égalité.Aristote, dans l'Éthique à Nicomaque, distingue ainsi entre égalité arithmétique et égalité géométrique.

L'égalitéarithmétique désigne l'égalité stricte; et pour Aristote, c'est ce type d'égalité qui est à l'oeuvre dans la justice. »

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