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La laideur peut-elle être la source d'inspiration pour un poète au même titre que la beauté ?

Publié le 30/04/2012

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Problématique : Existe-il une hiérarchie des sujets poétiques ?

I Certes, de nombreux poètes modernes et contemporains puisent leur inspiration dans le banal voire le laid, ce que le poète français contemporain Yves Bonnefoy nomme «les réalités

rugueuses «.

1. En simplifiant abusivement, on peut distinguer schématiquement deux sources majeures d'inspiration poétique. Aux « grands sujets «, traités dans la poésie lyrique, épique et satirique, c'est-à-dire les faits « classés comme sublimes« selon la formule d'Apollinaire, s'oppose le parti pris des choses ordinaires ou des faits quotidiens voire des sujets considérés comme laids.

« objets ou personnages vus dans des rues parisiennes, et les fait accéder au statut d'allégories ou de symboles de la condition humaine :« Les veuves », « Le vieux saltimbanque », « Les yeux des pauvres », dans les Petits poèmes en prose ou encore « Les Sept vieillards» dans Les Fleurs du mal.

3.

Enfin, les objets ou faits quotidiens ou prosaïques se prêtent à des exercices de style ou des jeux formels qui les éloignent de toute visée réaliste.

Francis Ponge se livre ainsi à des jeux sur la forme et le sens des mots dans sa définition du cageot « à mi-chemin de la cage au cachot» qui décrit à la fois l'objet, les termes et le poème qui l'évoquent.

En transformant en objets poétiques les choses ou faits les DIus simples de la vie quotidienne, ce type de poème interroge les lecteurs sur la création poétique et le rapport du poème au monde.

III.

Ainsi, l'évocation poétique du quotidien peut être un acte à la fois esthétique et morai 1.

Il s'agit bien souvent pour le poète de contester la « hiérarchie» des sujets pouvant être abordés en poésie.

De même que Victor Hugo affirmait vouloir coiffer d' « un bonnet rouge le vieux dictionnaire» (« réponse à un acte d'accusation» Les Contemplations) et revendiquait le droit d'utiliser tous les mots sans se soucier des bienséances classiques,.

la poésie moderne revendique la liberté de puiser son inspiration dans l'univers le plus prosaïque.

2.

Il s'agit aussi de révéler la richesse poétique de ce quotidien en déchirant le voile de l'habitude et du regard utilitaire pour montrer au lecteur « ce sur quoi son cœur, son œil glissent chaque jour, sous un angle et avec une vitesse tels qu'il lui paraît le voir et s'en émouvoir pour la première fois» (Cocteau, Le Secret professionnel).

Le lecteur peut ainsi être amené à voir le monde qui l'environne avec des yeux de poète, et redonner ainsi de l'attention à ce qu'il ne regardait guère.

Il s'agit de revivifier ce que Cocteau nomme « les lieux communs» et les mots du langage le plus ordinaire.

3.

Il s'agit enfin de revendiquer qu'« à propos de n'importe quoi non seulement tout n'est pas dit mais à peu près tout reste à dire» (Ponge, « Introduction au galet»).

La position adoptée par les poètes modernes est donc opposée à celle des classiques qui tels La Bruyère pensaient « Tout est dit, et l'on vient trop tard» (Les Caractères, « Des ouvrages de l'esprit »).. »

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