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La laideur peut-elle faire l'objet d'une représentation esthétique ?

Publié le 27/02/2008

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La laideur peut-elle faire l'objet d'une représentation esthétique ?

La question sur la possibilité de prendre la laideur comme objet de l'art (« est-il concevable ? «) signifie d'abord « est-ce envisageable de fait ? «, et ensuite « est-ce acceptable, et à quelle conditions, par la raison ? «.  La question présuppose que, d'habitude, l'objet de l'art est le beau ; il s'agit donc d'un paradoxe {forme de la question et présupposés).  La laideur, en effet, produit un déplaisir et un malaise ; la laideur, dit-on, n'est pas «esthétique« (analyser les termes). On parle d'un visage laid parce que difforme, ou d'une ville laide parce que pauvre ou sale. Elle ne semble donc pas pouvoir être « l'objet de l'art «, c'est-à-dire ce que l'art cherche à représenter, ce qu'il veut donner à goûter.  Pourtant, certains artistes représentent des choses laides : cadavres, saleté, corps malades... On demande donc si ce sont là de mauvais artistes ou si il peut y avoir une façon artistique de présenter des choses laides (problématique et enjeux). On peut envisager le problème de trois façons : l'art doit-il chercher à représenter le laid au lieu du beau ? Mais alors, l'art n'apporterait plus le plaisir, mais le choc, la surprise, l'étrange, voire le malaise. Ou l'art peut-il représenter des choses belles ou laides, du moment que la forme est belle ? Ce que disaient Aristote et Kant. Ou encore, l'art n'a pas à représenter des choses laides, mais à être laid lui-même, une forme laide et dégoûtante, ce qui serait le plus grand paradoxe sur la nature de l'art. En somme, l'enjeu est de définir la fonction possible de l'art, en dehors de son rôle classique de production d'un sentiment de plaisir par le beau.

  • I) La laideur peut faire l'objet d'une représentation artistique.

a) La laideur fait partie de la réalité. b) Il faut ouvrir l'art aux objets quotidiens. c) La beauté doit perdre de sa rigidité.

  • II) La laideur ne peut pas faire l'objet d'une représentation esthétique.

a) Imiter la nature, surtout lorsqu'elle est laide, ce n'est pas créer. b) Une oeuvre d'art doit être belle. c) L'art est l'expression de la grandeur de l'âme

« proche de la vie animale dans toutes ses turpitudes, et la description de l'ennui par Musset dans Confession d'un enfant du siècle .

On n'hésite plus à décrire le mal du siècle, l'absence d'événement, la platitude.

On retrouve ce vide dans l'art moderne.

Les pièces de théâtre de Samuel Beckett décrivent souvent une pure attente sans espoir, En Attendant Godot illustre cette représentation de l'insignifiance.

L'art de la récupération du Nouveau Réalisme, qui récupère les objets de la vie quotidienne pour en faire des œuvres d'art tente de sauver le monde de l'insignifiance.L'univers de la standardisation, de la mécanisation, des villes modernes, des cités industrielles grises réclame unsupplément d'âme et d'art pour acquérir une nouvelle vie. L'art, aujourd'hui, a en effet tendance à descendre dans la vie quotidienne, et, par exemple, la peinture ne se défend plus aussi superbement d'être décorative.

Mais il yplus : l'art nous apprend à transfigurer le quotidien.

Aujourd'hui, le pop art répond à Pascal : « Quelle vanité que lapeinture, qui attire l'admiration par la ressemblance des choses dont on n'admire point les originaux ! » Car le pop artprend en charge ces originaux mêmes, nous propose de les voir autrement que dans la vie quotidienne, et nous lesmontre, imprévisiblement et contre toute habitude, admirables.

Aussi, en nous familiarisant avec une beautésauvage, l'art moderne nous apprend, plutôt qu'à méconnaître la beauté, à la reconnaître partout.

En noussensibilisant au sensible, il nous donne une leçon d'être au monde.

Et peut-être une leçon philosophique aussi : dansla poésie des choses les plus humbles, il nous invite à découvrir la densité de leur présence, à voir même dans lalaideur une source de beauté et de plaisir esthétique. Conclusion. Le laid peut faire l'objet d'une représentation esthétique, ce qui ne veut surtout pas dire que toutes lesreprésentations d'objets laids seront laides.

Ce qui importe c'est la manière dont ces choses seront représentées,l'exécution de l'artiste.

A partir de là, des choses qualifiées de laides peuvent être représentées : des massacres,meurtres, mort et autres choses que nous avons déjà énumérées.

Une toile magnifique peut représenter des choseslaides, pensons aux tableaux de Brugel l'ancien, notamment la toile Les Mendiants ou les tableaux de Bosch.

Cette question s'est posée dans l'histoire de l'art.

C'est toute la question du classicisme.

Le classicisme penseque l'art est le lieu du beau, du vrai, du noble par excellence (influence de Platon).

Il y aura donc un certain nombrede sujets décents et appropriés, dans lesquels la beauté et la vérité transparaîtront à la perfection.

D'autres sujetsseront quant à eux bannis, interdits.

Mais comment décide-t-on de ce qui est laid ? Parle-t-on de la laideur d'unthème (la cruauté...) ou du jugement sur une oeuvre ? Est-il possible de dire qu'elle est laide ? Pour Kant, l'art estnon pas la représentation d'une belle chose mais la belle représentation d'une chose.

C'est pourquoi lorsqueRembrandt peint un boeuf écorché, cela peut être l'objet d'une représentation esthétique.

L'art n'est pas uneactivité de voyeur, elle ne consiste pas ou pas seulement à trouver des choses belles pour les reproduire, elle estaussi et surtout une action de "magnification" : représenter le laid en en faisant du beau.

Certains peintresrevendiquent carrément la présence du laid, de l'horrible, du choquant dans leurs oeuvres.

Ici, on est dans unedéfinition un peu différentes de l'art.

L'art est conçu avant tout comme moyen d'expression d'une subjectivité.

Peuimporte dès lors que ce qu'il a à dire soit beau ou laid; ce qui compte, c'est que par l'art une subjectivitécommunique avec d'autres subjectivités.

Il faut qu'il y ait réaction, message, passage d'une émotion, qui reste uneémotion esthétique. Lorsqu'il s'agit du beau et de l'art, l'opinion oscille souvent entre deux attitudes contradictoires.

Tantôt on soulignela relativité des jugements qui s'y rapportent, celle des « goûts et des couleurs ", en s'en remettant à la subjectivitéde chacun.

Tantôt, au contraire, on se rapporte à un étalon ou à une mesure objective, qui se trouverait dans laconnaissance des experts ou des artistes officiels, pour décider de ce qui est beau ou non, artistique ou pas.

Cettehésitation fait ressortir les ambiguïtés liées au thème de la reconnaissance, au problème de savoir comment on peutreconnaître la beauté et l'art — en particulier la question de savoir s'ils entretiennent un quelconque rapport avec laraison. On s'accorde en général à lier l'idée de la beauté avec celle du plaisir : le beau, c'est d'abord, semble-t-il, ce quiplaît.

Cette notion nous renvoie au domaine des sens ou de la sensibilité.

Le statut de la pensée, ou de la réflexion,devient dès lors problématique : doit-elle être exclue du plaisir esthétique, comme quelque chose qui en quelquesorte le " parasiterait », ou peut-elle au contraire y être associée ? Quels rapports entretiennent alors la sensibilitéet la raison dans l'expérience esthétique ? Peut-on prétendre interpréter et expliquer une oeuvre ? Lorsque nous disons qu'une oeuvre d'art doit être « reconnue comme telle, nous attribuons une fonction importanteau jugement.

Or celui-ci n'est-il qu'une affaire personnelle, ou est-il un problème de société ? Jugement personnelou jugement social, voire préjugé ? Ce qui nous conduit à ces deux questions : l'art doit-il s'efforcer d'échapper àl'époque, à la particularité, pour ne considérer que l'éternel, ou doit-il s'efforcer, au contraire, de saisir le passager,l'éphémère ? Autre question : la reconnaissance qu'une époque accorde à telle ou telle oeuvre du temps, ou du. »

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