LA LIBERTÉ ENTRE L'ÊTRE ET LE NÉANT

Tous les existentialistes sans exception insistent sur l'importance de la liberté dans l'existence humaine. Ce que nous retiendrons ici c'est la situation qui est faite à la liberté par HEIDEGGER et SARTRE en particulier. Pour les deux philosophes, l'homme n'a pas de nature a priori cristallisée dans une essence toute faite, en lui l'existence précède l'essence et c'est en cela qu'il est libre, mis cette liberté n'est pas autre chose que la présence du néant dans son être. La pensée de SARTRE est très explicite sur ce point. L'être qui est ce qu'il est dans la plénitude de son essence achevée ne saurait être libre. Si donc l'homme est libre, c'est grâce à la part de non-être qui le sépare de son essence : « La liberté, écrit SARTRE, c'est précisément le néant qui contraint la réalité humaine à se faire au lieu d'être... Ainsi la liberté n'est pas un être : elle est l'être de l'homme, c'est-à-dire son néant d'être... La liberté coïncide en son fond avec le néant qui est au coeur de l'homme. « Le propre de l'existence humaine c'est d'exister pour soi, c'est-à-dire d'être une conscience. Or la conscience est précisément dans l'être une faille de néant, génératrice de distance intérieure et de présence à soi. C'est dans ce décalage perpétuel qui sépare l'être de lui-même et l'empêche d'être jamais identique à soi que réside justement la liberté. L'homme est libre parce qu'il n'est pas soi mais présence à soi et le propre de cette conscience libre c'est de mettre en question l'être, de s'arracher à lui, de le néantiser (pour parler un langage que nous condamnons personnellement). La liberté est la possibilité de sécréter du néant, c'est pour l'homme une manière d'être son propre néant.