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La liberté peut-elle se définir comme la nécessité comprise ?

Publié le 21/03/2004

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  • DEFINITION DES TERMES:

- Liberté : ce terme possède de multiples sens ; la liberté peut désigner la faculté d'obtenir certaines fins, en particulier sur le plan politique et social, mais aussi Y autonomie de choix. Si la première signification est plus populaire, la seconde est plus philosophique. Le concept philosophique de la liberté nous intéresse prioritairement ici (mais la première acception est, néanmoins, digne d'attention). - Peut-elle : le verbe pouvoir renvoie à l'idée de possibilité mais aussi de légitimité (notez que ce verbe se retrouve dans un très grand nombre d'intitulés). - Se définir : ici, deux sens, le second procédant du premier : • se déterminer au moyen d'une formule précise fournissant et apportant l'ensemble des caractères appartenant à un concept ; • se caractériser. Attention ! Ce terme ne doit nullement être négligé. L'idée de « définir « et de « définition « jouent, en philosophie, un rôle crucial. - Nécessité : par opposition à la contingence, la nécessité désigne le caractère de ce qui ne pourrait pas ne pas être (ou être autrement). - Comprendre : embrasser dans un ensemble mais aussi appréhender par la connaissance, être capable de faire correspondre à quelque chose une idée claire (du latin com-prehendere, saisir avec). • Quel est le sens de l'intitulé du sujet ? Est-il légitime de caractériser l'autonomie de choix par la saisie claire de ce qui ne peut pas ne pas être ? En d'autres termes, l'autonomie de choix est-elle déterminée, de manière légitime, par ce qui s'oppose à toute contingence ? • Le problème posé par le sujet est le suivant : la liberté est-elle seulement un pouvoir de la raison et une obéissance à l'idée claire, distincte et s'imposant à moi ? • Quelles connaissances sont ici à votre disposition ? Durant l'année scolaire ont certainement été expliquées les grandes conceptions concernant ces questions et problèmes : celles des stoïciens, de Descartes, de Spinoza, de Hegel, etc. Vous avez un très riche matériel à votre disposition pour résoudre le problème posé et apporter une solution satisfaisante et bien réfléchie. • Quel plan, maintenant, choisir ? Ici le plan dialectique, avec balancement par thèse, antithèse et synthèse, paraît parfaitement adapté. Il exprime aussi bien un certain cheminement individuel qu'un travail de rhétorique et d'analyse conceptuelle. Voici ce plan tel que nous le suggérons (ce plan peut être considéré également comme progressif, par modification de la définition de la liberté).

  • A. Thèse.

La liberté désigne un jaillissement imprévisible, un libre arbitre total et sans limites : elle ne peut se définir comme la nécessité comprise.

  • B. Antithèse.

La liberté réelle, par opposition à la conception précédente qui peut apparaître comme trop théorique ou idéale, désigne la prise en compte de contraintes ou déterminismes divers. Elle se définit comme la nécessité comprise.

  • C. Synthèse.

Ne peut-on, simultanément, voir dans la liberté d'une part un pouvoir de dépassement de l'homme, un choix perpétuel de remise en question et, d'autre part, un pouvoir de la raison ?

En d'autres termes, il faut s'efforcer de définir la liberté comme négativité incessante (thèse) et nécessité comprise (antithèse), les deux termes s'unifiant au sein de l'acte concret de l'homme. En conclusion, nous noterons que la liberté n'est pas uniquement rationalité et obéissance à l'idée claire et distincte.

 

« légitime de la caractériser (« peut-elle se définir...

») comme nécessité comprise ? Prenons y bien garde : ce qui estintroduit, c'est l'idée d'une définition de la liberté, d'une caractérisation par laquelle on analyserait sa compréhensionpour en dégager l'essence.

Il s'agit donc de savoir si l'on peut dégager la nature de « l'autodétermination » de tellesorte qu'elle apparaisse comme la saisie claire de ce qui ne peut pas ne pas être, c'est-à-dire de la nécessitéconçue comme enchaînement de causes et d'effets dans un système déterminé auquel on ne peut échapper.• Le problème posé par le sujet est le suivant : la liberté est-elle seulement un pouvoir de la raison ou bien est-elleirréductible à cet élément de rationalité ? On notera, par ailleurs, en dehors de ce problème essentiel, que l'intitulédu sujet suppose la référence à une « essence » de la liberté humaine, laquelle, peut-être, est au-delà de touteessence.

Il y a là un paradoxe dans l'intitulé, paradoxe qui s'ajoute au problème posé. II.

Discussion. A.

La liberté, jaillissement imprévisible, ne peut être définie comme nécessité comprise. Reprenons l'intitulé de sujet et les termes qui y sont contenus.

Il semble, a priori, qu'il faille répondre négativement àla question posée.

En effet, si nous explorons la liberté, ainsi que l'expérience intérieure de cette liberté, ce quenous y appréhendons apparaît comme un libre arbitre sans contraintes, un certain pouvoir de dire « oui » ou « non», pouvoir que rien ne peut limiter et qui n'a rien à voir avec la nécessité comprise.

« Je suis libre de préparer monexamen ».

Prenons l'exemple de cet énoncé tout à fait banal et tentons d'expliciter le sens de la liberté, dans cecas précis, tel qu'il se dégage de l'analyse de notre phrase.

Cela signifie : j'ai la faculté d'obtenir certaines fins,grâce à mes efforts de travail, de concentration et de réflexion (sens populaire du terme).

Mais la formule exprimeégalement ceci : je peux choisir, sans contraintes, de m'engager dans la voie du travail.

La liberté se définit icicomme le pouvoir de dire « oui » ou « non » à un certain moment, laborieux et rempli d'exigences.

Certes, préparerun examen n'est pas facile mais je découvre, dans l'angoisse, mon infinie liberté face à ce que je puis faire ou nepas faire, et ce en m'autodéterminant, librement.

Nul n'est là pour me donner des ordres : à moi de choisir, de medécider de me mettre à mon bureau et de concentrer toute mon attention sur cet examen qui réclame mes effortset se découvre comme l'horizon de mon libre choix.

Or, ici, la liberté ne saurait être définie comme une nécessitécomprise : loin d'être une obéissance à la loi des choses, une simple compréhension du donné, c'est une productivitéinfinie où je m'engendre et me fais, un jaillissement de mon intériorité, la pointe la plus fine de mes exigencesintérieures.Toutefois, l'exemple donné n'est pas si simple et, à y bien réfléchir, il peut nous engager dans une directionlégèrement différente.

En effet, si l'on reprend l'analyse du sens « populaire » du terme, on remarquera qu'« êtrelibre de préparer son examen » ne renvoie pas seulement à un fiât, à un libre arbitre que rien ne peut limiter.

« Êtrelibre de le préparer », c'est, bien entendu, faire l'expérience de notre infinie liberté devant les valeurs, devant la vie,devant l'existence, ; c'est choisir, perpétuellement, de construire son avenir en mettant à distance tout donné.

Maisqu'est-ce encore ? Il faut, pour travailler, du temps à soi, une chambre tranquille, du silence...

Dès lors, certainescontraintes semblent jouer ici un rôle, certaines limites peuvent intervenir.

Et, dès lors, on peut se demander si laliberté ne doit pas être explorée en fonction des contraintes et déterminations et si, dans cette perspective, uneautre définition n'est pas possible, définition qui intégrerait alors la compréhension de la nécessité. B.

La liberté réelle comme nécessité comprise. En effet, au sein de notre environnement, tout un faisceau de contraintes, tout un ensemble de limites peuventsurgir et faire obstacle à cette décision et à cette productivité infinie dont nous parlions plus haut.

Que représentece pouvoir de choix auquel nous faisions allusion, lorsque nous nous heurtons au réel, dans son épaisseur qui, elleaussi, constitue un irréductible ? Il semble, par moments, s'évanouir et devenir radicalement « inconsistant ».

Toutle « réel » ne se déroule-t-il pas indépendamment de nous, selon des relations qui, bien souvent, paraissentinflexibles, inébranlables ? L'ordre des choses, celui de la « nature » biologique ou physique représente ainsi unenécessité incontournable, du moins en première analyse.

Si nous examinons l'exemple cité plus haut, nousremarquerons que les élèves ou les étudiants qui décident de préparer leur examen doivent prendre en compte leurcorps et leur santé, c'est-à-dire les lois qui règlent le vivant et la sphère biologique.

Les capacités de travail nedépendent pas seulement d'un fiât mais aussi de facteurs organiques individuels.De même, le réel psychique, les mécanismes profonds qui nous gouvernent peuvent représenter un obstacle etcertaines puissances s'imposer à nous.

Ce n'est pas seulement notre corps mais aussi les contraintes psychiquestrès anciennes enracinées en nous qui représentent une barrière possible pour notre libre choix.

Ces contraintes,tout comme les facteurs organiques, dessinent un horizon nécessaire qu'il est difficile de contourner.

Tout un ordrese manifeste, dans toutes les sphères, ordre qui nous résiste et ne se laisse point facilement modeler.Enfin, la contrainte des lois économiques qui règlent le marché, l'argent et la monnaie, représente, elle aussi, unobstacle.

Si je n'ai ni argent ni temps libre ni aide familiale me permettant de préparer mon examen, ma libre décisionde travailler s'effondre.En bref, tout un ensemble de lois organiques, psychologiques, économiques, etc., semblent rabaisser le principe dela subjectivité et limiter le libre penchant dont nous parlions dans la première partie de notre exposé.

Ces lois nousenchaînent et nous asservissent.

Notre « liberté idéale » tombe ainsi en poussière devant la nécessité et l'ordre deschoses : le réel est nécessaire ; il ne peut être autrement qu'il n'est et représente une dure contrainte.

La libertéidéale n'est-elle pas alors un mythe ?Face à ces différents niveaux de contrainte, je ne suis pourtant pas tout à fait désarmé.

Et c'est ici que le thèmede la nécessité comprise devient intéressant.

Il semble, en effet, légitime de définir la vraie liberté, concrète,comme une nécessité comprise.

Cela signifie que la connaissance des lois de la nature, biologiques, économiques,etc., ne nous enchaîne pas mais, au contraire, nous permet de canaliser à notre profit ce qui, apparemment,. »

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