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La matière s'oppose-t-elle radicalement à l'esprit ?

Publié le 27/02/2008

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Certains auteurs, philosophes ou savants, ont cependant essayé de réduire ce dualisme, les uns au profit de la matière, les autres au profit de l'esprit. A. ? Les matérialistes ont souvent voulu doter la matière d'attributs qui appartiennent à l'esprit. Dans l'antiquité, les premiers philosophes grecs, les Ioniens notamment, plus tard les Stoïciens adoptent une conception hylozoïste : la matière est animée et, par suite, elle n'est pas incapable de penser. La plupart des matérialistes français du XVIIIe siècle, D'HOLBACH, HELVÉTIUS, DIDEROT, etc., déclarent que, plutôt que de supposer en nous deux principes, il est plus simple d'admettre que la matière peut penser. Mais il n'y a là que des solutions purement verbales, des formules auxquelles il est impossible de donner un sens. On ne voit pas comment un phénomène matériel, quel qu'il soit, pourrait donner naissance à cette réalité essentiellement nouvelle, originale, irréductible, qu'est une pensée, un état de conscience. B. ? De leur côté, les spiritualistes ont parfois essayé de ramener la matière à l'esprit en la présentant comme une sorte de limitation ou de dégradation de celui-ci.
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« « épaisseur de durée » parce que la mémoire y condense beaucoup de notre passé, mais qu' « il suffirait de diviseridéalement cette épaisseur, d'éliminer toute mémoire...

pour passer de la perception à la matière ».

On voit qu'onest ici assez près de la mens momentanea de LEIBNIZ.

— D'une façon générale, la matière est, selon BERGSON, « lemouvement inverse » de celui de la vie.

La vie est énergie créatrice; c'est « un flot qui monte et que contrarie lemouvement descendant de la matière » (Évol.

cr., p.

292).

La matière n'est donc qu'un relâchement de la tensionvitale, c'est « une tension qui s'interrompt » et qui se fige en extension (Ibid., p.

266).

D'où les comparaisons bienconnues avec le jet vapeur qui retombe ou le « geste créateur qui se défait » (Ibid., p.

268-269).

Il y a ainsi, dansl'ordre de la matière, une « tendance toute négative » (Ibid., p.

237), « un système de négations, l'absence plutôtque la présence d'une réalité vraie » (Ibid., p.

227).

La vie est « énergie spirituelle »; la matière est inertie etdégradation.

L'intelligence elle-même, qui est modelée sur la matière, représente non pas un effort, mais « unabandon » (Ibid., p.

231).Il est à peine besoin d'insister sur ce que de telles interprétations, si ingénieuses qu'elles soient, ont d'artificiel.

Ellesaboutissent en effet à faire de la matière quelque chose de purement négatif et à lui enlever ainsi toute réalitépuisqu'elle n'est plus que limitation ou dégradation de l'esprit.

Ajoutons qu'elles font un usage exagéré de lamétaphore, procédé littéraire qui est tout autre chose qu'une explication.

C'est ainsi que LEIBNIZ, partant de lanotion mécanique de force, étend le sens du terme jusqu'à lui faire désigner toute espèce d'activité et passe de làinsensiblement à la notion d'activité spirituelle.

Il en est de même chez BERGSON avec les notions de tension etd'énergie : « La théorie de BERGSON, écrit R.

BERTHELOT, repose sur une confusion d'idées...

Lorsque BERGSONnous parle d'une énergie créatrice qui se développerait dans la durée, il emploie ce mot dans une signification toutautre que celle où l'emploie le physicien.

» Au reste, comme le note le même auteur (Ibid., p.

297), un «énergétisme spirituel » peut s'interpréter aussi bien dans un sens matérialiste que dans un sens spiritualiste. C.

— De pareilles équivoques se rencontrent jusque chez certains savants qui ont cru résoudre la question enfaisant observer que la matière est inséparable de la « force » (L.

BUCHNER).

C'est avec la constitution del'énergétique (Ibid., § 340 D) que ces tentatives se sont multipliées.

Vers 1900, le chimiste allemand W.

OSTWALD,dans l'intention d'ailleurs de combattre le matérialisme, proposa une théorie où « l'énergie » était présentée commela substance universelle : la matière est de l'énergie, mais la conscience aussi est de l'énergie; c'est de l'énergienerveuse.

OSTWALD ne s'apercevait pas qu'il retombait ainsi dans le matérialisme.

En réalité, comme l'écrivaitHOFFDING en 1905, « ni lui ni personne n'a pu jusqu'ici arriver à poser un concept de l'énergie capable de servir debase et au concept de l'énergie psychique, qui se manifeste par la synthèse et l'analyse des éléments deconscience, et au concept de l'énergie physique qui se révèle dans le fait de venir à bout d'une résistance dansl'espace ».

— Plus récemment, s'appuyant sur les théories physiques qui nous montrent l'étroite solidarité desnotions de matière et d'énergie, celle-ci possédant inertie et pesanteur comme la matière, certains savants n'ontpas hésité à dénoncer l'antithèse matière et esprit comme « une antithèse périmée ».

« Il n'y a plus rien, dit l'und'eux, à tirer de cette opposition, le mot matière étant désormais vidé de son contenu ancien » (G.

MERCIER, dansla XIe Semaine de Synthèse, p.

177).

Mais ces interprétations hasardeuses reposent toujours sur les mêmeséquivoques et, si la science est incapable de nous donner une notion claire de la matière, cela ne signifie pas quecelle-ci ne soit qu'un « être de .raison » ni ne supprime sa réalité. Conclusion.

Nous conclurons donc que le dualisme matière-esprit doit être maintenu.

Il semble bien en effet qu'il y ait une opposition de nature entre la matière et la pensée.

Philosophiquement, la matière est ce qui demeure opaquepour l'esprit.

D'autre part, elle est localisée dans l'espace, tandis que nous ne voyons pas ce que pourrait être unespatialité de la pensée.. »

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