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La mémoire suffit-elle à l'historien ?

Publié le 09/04/2005

Extrait du document

- La question est apparemment simple, mais elle est déroutante : de quelle mémoire peut-il s'agir ? Celle de l'historien lui-même ? d'une mémoire collective (mais comment y avoir accès ?) ? - Imaginons une réponse positive : peut-on affirmer en conséquence que l'histoire n'est qu'un travail de mémoire ou sur la mémoire ? - Un récit historique peut-il se présenter comme une simple suite de souvenirs ?

  • 1. Oui, la mémoire suffit à l’historien
A. Le passé historique est donné dans des documents et témoignages qui constituent la mémoire collective B. L’histoire se résume à une suite de faits remémorés
  • 2. Non, la mémoire ne suffit pas à l’historien
A. La méthode de l’historien est rationnelle B. Il existe une rationalité dans l’histoire
  • 3. Si la mémoire ne suffit pas, c’est qu’elle n’est pas donnée mais réélaborée par chaque historien
A. Le rôle de l’historien est de donner sens aux faits à travers la mémoire ou représentation du passé qu’il choisit d’élaborer B. L’historien doit corriger les représentations proposées par la mémoire collective et individuelle  

« [III.

Chronique et histoire] Un narrateur se contentant de reconstituer une mémoire fidèle ne peut être un historien.

En alignant lesévénements dans l'ordre de leur surgissement, il compose au mieux une chronique.

Celle-ci est le relevé de tout cequi se produit, et c'est bien pourquoi elle n'a pas de portée explicative.

Elle accorde à tout ce qu'elle raconte unevaleur à peu près équivalente, puisque tout vaut au moins la peine d'être ainsi retenu.La chronique fonctionne comme une collection de quotidiens où serait amassée, de façon systématique, la totalitéde la vie de tous les habitants d'une ville, d'une rue, d'un quartier.

Projet en fait irréalisable - sa rédaction seraitdémesurée -, mais dont l'intention révèle la vanité, puisqu'il s'agirait de mettre sur un même plan la mort du canaride la voisine, le mariage d'un élu et le compte rendu de débats tenus dans une maison de la culture.De tels événements peuvent composer une mémoire, parce qu'ils peuvent être dotés d'une résonance affectivesuffisante pour être maintenus comme souvenirs durables.

Mais l'historien ne travaille pas de manière affective : cequi l'intéresse, c'est le jeu des causalités qui provoquent les événements.

C'est pourquoi, loin de vouloir tenircompte de tout, il commence par sélectionner, accordant une importance plus marquée à certains faits qu'àd'autres.

C'est également pourquoi il sait (même si ce n'est que depuis les années trente) que les événements n'ontpas à être inscrits au long d'une chronologie uniforme, et qu'il existe au contraire des rythmes différents d'évolutionselon les types de réalités auxquelles on s'intéresse.Si l'histoire entend confirmer sa définition comme « connaissance du passé », il ne suffit pas à l'historien de savoir(comme peut l'enseigner la mémoire) que tel événement a eu lieu, il lui faut en connaître les causes ou lesconditions, et les conséquences : apprécier son poids dans le passé d'une culture, d'un pays, d'une population.

Untel résultat ne peut être obtenu que par un travail qui met en jeu des hypothèses explicatives et qui tente de lesvérifier, qui suppose l'action de déterminismes partiels, et qui applique une méthode.

Tous éléments qu'on nerencontrera pas dans la mémoire. [Conclusion] Ce n'est que lorsqu'il manque d'ambition scientifique que l'historien peur se contenter d'annoncer qu'il travaille àl'élaboration d'une bonne mémoire.

En fait, son travail s'oriente différemment, en fonction d'exigences decompréhension du passé qui n'ont rien à voir avec son seul maintien sous l'aspect de souvenirs, que ces denierssoient collectifs ou individuels. Introduction La révolution française de 1789 met fin à la monarchie et inaugure le régime de la République.

La connaissancehistorique semble ainsi résider dans le recensement des faits politiques et sociaux passés et dans leur mise en ordrechronologique.

Comme telle, elle ne suppose rien d'autre que le recours à une mémoire collective, recueillie parl'historien dans des documents et témoignages du passé.

Pourtant, si la mémoire consiste bien à situer unévénement dans le temps, à le reconnaître comme passé et à leconserver, elle n'est pas nécessairement fidèle à l'événement lui-même, ne le restitue jamais tel qu'il s'est produit -tout particulièrement lorsqu'il s'agit d'une mémoire “ héritée ”.

Or l'historien vise à recomposer l'histoire avec le plusd'objectivité possible.En outre, les faits historiques ne se succèdent pas au hasard mais selon un lien causal qu'il appartient à l'historiende retrouver à travers une mémoire collective mais aussi par sa propre raison.

D'où le problème : l'histoire peut-elleêtre ramenée à une suite de faits dont il suffirait de conserver la mémoire ou bien l'historien doit-il développer unpoint de vue rationnel sur l'histoire ? 1.

Oui, la mémoire suffit à l'historien A.

Le passé historique est donné dans des documents et témoignages qui constituent la mémoirecollective L'histoire est celle des faits sociaux passés, c'est-à-dire des faits intéressants une collectivité, mettant en jeu ledestin d'un groupe.

Le rôle de l'historien consiste alors à dater et situer ces faits, donc à les saisir dans leurindividualité pour les ordonner ensuite chronologiquement : voilà pourquoi l'histoire constitue une connaissance d'ungenre particulier - connaissance non scientifique reposant sur la mémoire de faits rigoureusement singuliers, telsque, par exemple, la prise de la Bastille, le 14 juillet 1789.

La méthode consiste alors à passer d'un donné présent -. »

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