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La morale chez BERGSON

Publié le 18/03/2011

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morale

Un jour, en 1917, un philosophe japonais, Kaneko, doyen de la Faculté des lettres à l'Université Waseda, adressa à Bergson, une lettre ouverte.    Il y résumait les mouvements d'idées qui avaient, tour à tour, animé la jeunesse intellectuelle japonaise jusqu'à la venue du Bergsonisme. Puis il y décrivait l'enthousiasme des nouvelles générations pour cette grande philosophie. « Il nous sembla que d'un coin de Paris nous arrivait jusqu'à ces confins de l'Orient une musique mystérieuse et profonde. Notre jeunesse l'écoutait, ravie. « — Mais le penseur extrême-oriental ajoutait que, maintenant, cette jeunesse voudrait trouver, dans la philosophie bergsonienne, « des principes de conduite «. Elle demande au maître « Quel est le sens de la vie ? Quels sont les principes universels de l'action ? «    Cette morale, — attendue avec une curiosité qui avait gagné, après l'élite européenne et américaine, l'élite asiatique, — Bergson a longtemps travaillé à la composer. Il a dit, un jour, à l'auteur de ce livre qu'un philosophe doit, sur les problèmes moraux, se sentir particulièrement certain des vérités qu'il apporte : car c'est surtout par cette partie de sa doctrine qu'il exerce une influence, dont les conséquences peuvent être graves pour quelques âmes.

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« le croirait d'abord : également éloignes de l'action efficace, ils diffèrent surtout en ce que l'un prétend simplementdormir, tandis que l'autre veut, en outre, rêver.

Mais le bon sens ne dort ni ne rêve.

Semblable au principe de vie, ilveille et travaille sans cesse ». * * En 1932, Bergson fait enfin paraître l'ouvrage impatiemment attendu, Les Deux Sources de la morale et de la religion. Il éclaircit les obscurs problèmes que posent morale et religion en distinguant des éléments que le langage confondet que les réflexions des philosophes eux-mêmes n'ont point suffisamment dissociées. Il y a, selon lui, deux morales, une morale close et une morale ouverte.

Il y a deux religions, une religion statique etune religion dynamique.

La morale close est celle de sociétés fermées, comparables, sous certains rapports, aux ruches et aux fourmilières. L'élan vital, la force puissante qui anime la nature et qui, de la matière, tire les formes diverses des vivants, aproduit des sociétés closes, dont les membres se sentent tout proches les uns des autres et indifférents au restedes êtres, toujours prêts à se défendre, au besoin en attaquant.

Les communautés d'hyménoptères sont au termede l'une des principales lignes de l'évolution animale ; à l'extrémité de l'autre, et lui faisant pendant, apparaissent lessociétés humaines.

Dans les ruches et les fourmilières, l'instinct fait accomplir aux individus les actes nécessaires àla vie collective.

Dans les sociétés humaines, cette fonction est remplie par la morale ; par l'une des deux morales,la morale close. Les sociétés humaines primitives présentent avec les ruches et les fourmilières d'évidentes ressemblances.

Nossociétés civilisées sont aussi des sociétés closes : elles ont pour essence, si vastes soient-elles, de comprendrecertains individus et d'exclure les autres.

« Entre la nation si grande soit-elle, et l'humanité, il y a toute là distancedu fini à l'indéfini, du clos à l'ouvert.

» C'est une différence de nature, non de degré. La conscience, qui prescrit les devoirs envers la société et envers ses membres, est un produit de la société, c'est-à-dire de la nature qui a créé les sociétés.

Elle ordonne la cohésion sociale, la discipline intérieure, et aussi la luttecontre l'étranger.

Si l'homme sent en lui quelque disposition individuelle résistant à la pression du moi social, il doit «résister à la résistance ».

Il faut maintenir les traditions utiles au groupe, donner aux hommes de bonnes habitudes :l'idéal c'est d'aboutir à un parfait dressage des individus. En cette morale, les devoirs, pratiqués couramment, apparaissent impersonnels ; ils ont une formule nette et précise; et, en descendant jusqu'à leur racine, on découvre aisément l'exigence sociale d'où ils sont sortis.

Les hommes sesentent tenus de les pratiquer : la société leur impose cette pratique, les y conduit par l'action qu'elle exerce sureux : l'obligation est « pression ou poussée ». Cette obligation est comparable au lien qui unit les fourmis d'une fourmilière, ou même les cellules d'un organisme.

«C'est la forme que prendrait ce lien aux yeux d'une fourmi devenue intelligente comme un homme, ou d'une celluleorganique devenue aussi indépendante dans ses mouvements qu'une fourmi intelligente.

» La cohésion sociale est due, en partie, à la nécessité où est une société de se défendre contre les autres : c'estcontre tous les autres hommes qu'on aime ceux avec lesquels on vit.

La guerre, nécessaire pour maintenir lapropriété du groupe, apparaît légitime ; le meurtre, le pillage, la perfidie, la fraude, le mensonge sont non seulementlicites, mais méritoires. L'individu qui a rempli toutes les obligations de la morale close éprouve une sorte de « bien-être individuel et socialcomparable à celui qui accompagne le fonctionnement normal de la vie ».

Car cette morale est « d'essencebiologique ». * ** De la morale close, qui s'applique toujours à des sociétés plus ou moins étroites, se différencie profondément lamorale ouverte, celle qui demande à l'homme d'aimer tous les hommes, toute l'humanité.

Cependant cette moraleaussi est « d'essence biologique ». L'élan vital n'a produit que des sociétés closes ; il n'a pu, dans cette direction, entraîner plus loin la matière.

Mais ilne s'est point arrêté là : il a utilisé, à défaut de l'espèce, quelques individualités exceptionnelles.

Il se continue parcertains hommes supérieurs « dont chacun se trouve constituer une espèce composée d'un seul individu » : lesgrands hommes de bien, les héros, les saints. Ces mortels privilégiés se replacent « dans la direction de l'élan vital », d'où sortent tous les êtres ; et ils dépassentainsi les limites des sociétés étroites. Ils apportent alors au monde des émotions nouvelles.

C'est une « émotion neuve » qui est à l'origine de toutes les. »

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