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La mort est-elle le sel de la vie ?

Publié le 25/10/2009

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La mort, scientifiquement définie comme l'arrêt des fonctions du cerveau, est le terme de la vie terrestre de tout être vivant. Parmi les vivants, seul l'homme existe, au sens où lui seul se tient hors de lui (ex‑sistere), dépasse le donné et en prend ainsi conscience. Conscient, il sait qu'il est, il sait qu'il cessera d'être. Conscient, il n'est pas seulement mécaniquement déterminé à agir d'après des lois de la nature, il se déterminé en posant les lois de son action, en agissant en fonction de fins qui orientent son existence. Ces projets donnent un sens à son existence en ce qu'ils lui donnent une ou plusieurs directions et tracent les voies à emprunter. Mais ils peuvent également lui donner un sens au sens de valeur ou raison d'être. Les fins poursuivies par tout être conscient donnent à son existence un sens et du sens. Cependant ce sens peut‑il encore avoir du sens si toute existence individuelle est vouée au trépas, à une fin qui met un terme à toutes les fins visées ? Toute existence humaine ne devient‑elle pas absurde, insensée, tragique dans la mesure où exister est dans le même mouvement viser des fins à venir et voir venir la fin, la fin de projets d'existence jamais parfaitement aboutis qui n'auraient alors de valeur que pour celui qui les pose au moment où il les pose et qui s'évanouiraient avec lui ? Toute pensée lucide de la mort devrait‑elle nous révéler que nous sommes dans l'illusion lorsque nous croyons donner à notre existence un sens qui transcende l'existence individuelle et vaut absolument, lorsque nous croyons que notre existence n'a pas seulement le sens que nous lui donnons et qui s'achève avec son donateur mais qu'elle peut également avoir en elle‑même du sens, un sens que nous ne donnons pas seulement mais découvrons et respectons ? La mort abolit‑elle le sens de l'existence ?

Cette question nous conduira à nous poser successivement les questions suivantes. La mort n'est‑elle que le terme de l'existence ou cet horizon indépassable qui la questionne sur le sens de son être‑là ? La mort n'est‑elle pas tragiquement et paradoxalement ce qui donne et reprend le sens de l'existence ? Peut‑on penser une transcendance du sens non aboli par la mort ?

« mais absence d'un "quelque chose" ? Bien que la mort ne soit pas l'objet d'une expérience possible, bien qu'elle nepuisse pas réellement nous affecter, nous avons le pouvoir de dépasser le donné et d'imaginer la mort.

L'imagination,comme faculté de penser ce qui n'est pas actuellement senti, est cette maîtresse d'erreurs et d'illusions qui est àl'origine de la peur de la mort.Or, si la mort ne nous affecte en rien, la crainte de cet être imaginaire peut nous affecter au plus haut point etnous empêcher de goûter à ce bonheur de l'âme sereine en paix avec elle même et l'existence.

La mort devientalors ce que l'on croit qu'elle est une chose terrible.

En effet celui qui n'a pas compris ce qu'est la mort et laredoute par dessus tout est incapable de jouir de la vie au présent.

Il regrette de ne pas être éternel et existe avecl'idée que tout ce qu'il vit est entaché d'imperfection, insuffisant et incomplet.

Il peut également chercher à fuir laconscience de sa mortalité en se berçant d'illusions, celle de l'immortalité de l'âme ou du corps et de l'âme, maisalors il risque de tomber dans des craintes tout autant destructrices, celles des tourments infernaux.

Lessuperstitions religieuses reprennent le flambeau de la crainte et l'alimentent.

Il peut encore chercher refuge dans lesdésirs vains, ces désirs qui, insatiables, le préoccuperont, tourmenteront son âme et lui apporteront l'oublirecherché.

Quelle que soit l'attitude adoptée, il sera inquiet, insatisfait, malheureux et verra arriver la mort avecl'effroi de tous ceux qui n'ont pas su vivre.Le sage qui sait que la mort n'est rien pour nous, ne craint pas la mort, ne craignant pas la mort, il ne craint pas lesDieux et peut avoir une juste appréciation des désirs.

Il ne recherchera que la satisfaction des désirs naturels etconnaîtra ce plaisir sans mélange qu'est l'absence de trouble en son âme ou ataraxie.

Réflexion critique.

Epicure dans La lettre à Ménécée montre que la mort en elle même n'est pas un mal car elle est seulement le termede la vie qui n'affecte pas l'être vivant qui, n'étant plus, ne peut être affecté par elle.

Elle n'a donc pas à l'affecterde l'intérieur.

Elle ne le concerne pas.

Elle est extérieure à lui et ne supprime que la vie.Suffit il de savoir que ceux que nous aimons ne souffrent pas de leur propre mort pour ne pas en êtreprofondément affectés ? Cette mort ne peut elle pas nous ôter durablement le goût de vivre et ôter tout le sensqu'elle avait pour nous.

Pourquoi persévérer dans l'existence si ceux qui étaient notre raison de vivre, ne sont plus?Si notre propre mort ne peut abolir le sens de notre existence, celle des autres semble bien avoir ce pouvoir.

Lessagesses épicurienne et stoïcienne, en accord sur ce point, répondraient qu'il est insensé d'attacher son existence àdes biens périssables qui ne dépendent pas de nous, que cet attachement passionnel est déraison et que l'abolitiondu sens de l'existence n'est pas le fait de la mort mais de la passion.

Soit.Si la mort des inconnus qui meurent en ce moment même de part le monde est pour nous un simple phénomènenaturel et objectif, défini et en partie expliqué par la science, si cette mort n'est rien pour nous, il suffit que nousassistions à la mort d'un inconnu ou que nous apprenions la mort d'un être cher pour que la mort cesse d'êtreseulement le terme de l'existence d'un être vivant.

Ce phénomène, certes normal, naturel, banal, quotidien, devientmonstrueux, incompréhensible.

Comment rendre raison de la disparition d'un être unique et irremplaçable ? L'effroialors ressenti n'est pas à proprement parler une peur de quelque chose d'inconnu.

Cet effroi est celui de l'êtrehumain qui prend dans cette expérience conscience de sa finitude.

Fini, il meurt, c'est là une loi de la nature, fini, ilne comprend pas, il est devant un mystère, une question à laquelle il ne peut répondre et qui dépasse sonentendement.

Il comprend qu'il n'a pas ici affaire à un problème qu'il peut résoudre mais bien à un mystère, lemystère du regard qui devient celui de la chair qui devient viande, d'un être singulier à jamais absent, du passage del'Etre au Néant.

Certes les analyses d'Épicure peuvent nous aider à surmonter la peur de la mort qui est peurinsensée de quelque chose qui n'aura jamais d'existence pour nous, certes les analyses d'Épicure sont un auxiliaireprécieux dans la lutte contre les superstitions ; cependant l'effroi devant la mort n'est pas seulement superstitieux.S'il est à la source d'une multitude de croyances superstitieuses, c'est parce qu'il fait d'abord émerger la question dusens.En fait l'analyse épicurienne de la mort, son unique souci de délivrer les hommes de la crainte de leur propre mort,son silence sur la mort des autres, ont pour socle l'oubli de la question du sens.

Cet oubli est particulièrementmanifeste dans la définition qu'il propose du bonheur : l'absence d'agitation de l'âme délivrée des remous du désirinsatisfait et qui ne souffre pas.

Pour connaître ce plaisir, il faut rechercher la satisfaction des désirs naturels etnécessaires, écouter la voix de la nature et fuir tous les désirs que l'homme ajoute à la nature.

Est ce là unbonheur que l'homme peut désirer ? Peut il se satisfaire d'un plaisir sensible qui ne donne pas sens à son existence? Epicure a compris tout le mal que les croyances religieuses pouvaient engendrer : craintes, asservissement del'homme craintif par le pouvoir religieux et politique, intolérance et fanatisme.

Il a voulu le détourner du surnaturel etle rappeler à la nature.

Mais il a alors méconnu la dimension métaphysique de l'homme qu'il a rejetée du côté de lasuperstition.

Or, qu'est ce que cette dimension ? D'abord un questionnement, le questionnement d'un être qui aconscience de son existence et de ses limites temporelles.

Comment la mort pourrait elle n'être rien pour lui ?N'est elle pas au contraire ce rien qui ouvre à la question de l'être et du sens ? Pourquoi y a t il quelque choseplutôt que rien ? L'existence a t elle un sens ? Puis je donner un sens à mon existence II.

Mort et émergence du sens.

La seule conscience de la mort interdit de penser cette dernière uniquement comme un événement biologique qui neserait que la limite de fait de l'existence.

Objectivement la mort est un phénomène biologique.

Objectivement c'est àdire du point de vue du corps objet étudié par la science.

Cependant ce point de vue objectif écarte délibérément lerapport du sujet conscient à sa propre mort et celle des autres.

De ce point de vue qui n'est pas celui de laconnaissance objective mais du vécu subjectif la mort est une dimension essentielle du sujet conscient.

Nullesagesse ne peut légitimement prescrire le dépassement de ce vécu subjectif.. »

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