La mort est-elle une chose naturelle ?
Publié le 03/10/2005
Extrait du document
- I) La mort est naturelle.
- II) La mort est surtout culturelle pour l'homme.
«
La mort est source d'interrogationLa mort angoisse l'homme, il ne peut saisir ce qu'est la mort qu'à travers la mort des autres.
Elle est pour luiune source inépuisable d'interrogations.
Les grands courants philosophiques ont essayé de donner uneréponse à la question essentielle de l'homme.
Épicure pensait que la mort n'était rien pour nous, Socrate, aucontraire, que philosopher, c'était apprendre à mourir.
La mort pose la question du sens de la vieC'est bien en définitive la question du sens de la vie que nous pose la mort.
Elle détermine plusieurs attitudespossibles.
Ou tâcher à tout prix d'oublier la mort dans le divertissement, ou bien vivre dans l'angoisse qu'elleva arriver, ou bien encore comprendre que, puisqu'on est mortel, chaque instant de notre vie est précieux.
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La mort est, bien entendu, naturelle au sens de la biologie et au sens courant du terme puisqu'elle est unévénement auquel on ne peut échapper.
Cependant, ce serait ignorer la réalité profonde de la consciencehumaine que d'en rester à cette évidence.
En effet, être de conscience, l'homme est confronté à la mort.
Elledevient pour lui l'énigme la plus profonde qu'il lui faut résoudre.
Être humain, c'est justement avoir consciencede sa mortalité, et donc faire de la mort un phénomène culturel.
Les rites de sépulture traduisent cette placeparticulière qu'occupe la mort et qui fait que nous ne nous contentons pas seulement de vivre, comme lesanimaux, mais que nous existons.
En définitive, c'est parce que la mort donne à l'homme le vrai prix de sa viequ'elle n'est pas seulement pour lui un phénomène naturel.
Elle le conduit à se poser des questions, et lesréponses diverses qu'il donne sont culturelles par essence.
Second corrigé de ce même sujet.
Pour les Grecs la mort était libération; c'est elle qui mettait fin à la dépendance de l'âme vis-à-vis du corps : l'âmepouvait seulement, après la mort, exister comme pensée pure.
Loin de faire reculer Socrate condamné à boire laciguë, la mort lui était d'un grand soulagement.
Est-ce parce que Socrate n'avait jamais refusé la mort, mais au contraire l'avait admise comme un des traits irréductibles de sa propre finitude qu'il putaffronter sa propre mort avec autant de calme? Aujourd'hui ne voit-on pas l'attitudeinverse envers la mort? Elle semble refusée, cachée, éloignée du regard.
A la « mortacceptée » semble avoir succédé la « mort refusée ».
Mais la mort n'est-elle pas,comme Socrate l'avait comprise, une donnée irréductible de la vie, autrement ditnaturelle? Le caractère naturel de la mort est loin d'être évident.
Nous tenterons dedémontrer cette proposition à travers l'étude des contradictions où se met l'homme faceà la mort.
Donner une définition juste de la mort serait prétentieux car si chacun a fait l'expérienceou fera l'expérience de la mort, il est trop tard, ou trop tôt pour qu'il puisse en rendrecompte.
Mais nous pouvons cependant dire en quoi celle-ci est naturelle.
Elle estnaturelle parce qu'elle est comprise dans la naissance, autrement dit parce qu'elle estdialectique liée à la vie : il n'y a pas de vie sans dépérissement de celle-ci; la vie del'homme au regard de l'éternité n'est qu'un petit segment.
Sans la mort sa conditiond'homme ne serait pas remplie, il ne serait pas l'homme mais Dieu.
La mort est un terme de la vie, elle est une nécessité et de la même manière que la terre tourne sur elle-même, l'homme est mortel pardéfinition.
Nous pouvons dire sans nous tromper que la mort est une donnée irréductible de la vie et qu'iln'appartient pas à l'homme de la refuser puisqu'elle se trouve naturellement en lui.
S'il est en apparence évident de trouver la mort naturelle puisque l'homme ne dispose d'aucun moyen pour qu'il ensoit autrement, en pratique l'on s'acharne à faire reculer la mort.
La mise au point de techniques médicales trèsélaborées est en mesure aujourd'hui de garantir la vie d'un enfant prématuré.
Ceci prouve en partie la volontéhumaine de ne pas concevoir la mort comme naturelle car s'il en était ainsi jamais personne n'eût essayé d'aller àl'encontre de la nature : on eût alors regardé mourir ses proches avec calme et sans émotion.
Mais alors, de quoiprovient ce refus de la mort ? De quelle manière les hommes sont-ils arrivés — en conscience — à vouloir garantir lavie ?Il faut distinguer trois formes de mort : la mort en première personne, la mort en deuxième personne et enfin la morten troisième personne.
La mort en première personne, sa propre mort, n'émeut que très peu le sujet car on s'imagine.
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