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La naissance de la philosophie

Publié le 22/03/2015

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philosophie

Les contradictions entre les opinions qui s'affrontent sur un même sujet.

 

Entrons dans le détail et voyons comment, en analysant les caractéristiques du dialogue platonicien, on tient le meilleur fil conducteur pour entrer dans la philosophie de Platon.

 

Première clé : les dialogues platoniciens commencent tous par ce qu'Aristote appelle une «topique«.

 

La deuxième caractéristique, ou deuxième clé, du dialogue platonicien --- absolument fondamentale, on va le voir ---permet de comprendre comment Platon va construire une théorie de la vérité qui va traverser toute l'histoire de la philosophie jusqu'à Marx, et même jusqu'à Heidegger compris.

 

Si nous avons déjà la vérité, par définition, nous ne la cherchons pas!

 

On ne trouvera jamais la vérité parce que, parmi toutes les opinions qui traînent, parmi toutes les opinions courantes, il faut, pour distinguer celles qui sont vraies de celles qui sont fausses, un critère.

 

Le paradoxe n'est peut-être pas très puissant, mais la réponse de Socrate est en revanche géniale.

 

C'est toute la philosophie de Platon, toute sa théorie de la vérité, qui va être contenue dans cette réponse.

 

Je vais maintenant vous l'indiquer, et vous allez voir qu'elle est d'une rare profondeur...

 

Voici la thèse de Platon (Platon/Socrate, je ne fais pas, en l'occurrence, de différence ici entre les deux) : notre rapport à la vérité passe par trois phases, trois temps.

 

Premier temps : nous avons connu la vérité, avant notre naissance, c'est-à-dire quand l'âme n'était pas prisonnière du corps, avec ces fichus cinq sens qui nous trompent sans cesse, quand l'âme était encore toute seule, avant qu'elle ne tombe dans un corps, avant l'incarnation.

 

Vous connaissez peut-être ce jeu de mots, en grec, que Socrate avance dans ce contexte, à savoir que le corps (en grec, soma, qui a donné par exemple «somatiser«) est une prison (en grec, sema) pour l'âme.

 

Avant que l'âme ne soit emprisonnée dans ce corps sensible, elle voyait les idées sans déformation, elle les contemplait dans leur pureté intellectuelle, non sensible, elle pouvait voir la vérité, si je puis dire, toute nue.

 

Elle était encore dans le ciel, dans le paradis.

 

Mais vient justement le deuxième temps, celui de la chute, de la prison : c'est le moment de la naissance, de cette souffrance de la venue dans le monde sensible (voyez d'ailleurs les hurlements des nouveau-nés qui n'ont pas l'air d'y être a priori très heureux).

 

L'âme tombe dans un corps, elle s'incarne dans cette prison sensible et trompeuse (on va voir en quoi dans une seconde) : c'est la fameuse descente dans la caverne de Platon.

 

Pourquoi Platon pense-t-il d'entrée de jeu que le sensible est trompeur, qu'il est un obstacle sur le chemin de la vérité authentique qui, bien entendu, est intelligible?

 

Pourquoi s'agit-il d'une chute au sens d'un déclin, d'une décadence?

 

Parce que le sensible a cette caractéristique --- je vais le dire très simplement --- de nous faire prendre des choses identiques pour des choses différentes.

 

Il contredit le principe le plus fondamental de la logique, c'est-à-dire de l'intelligence par excellence, à savoir le principe de non-contradiction.

 

nous touchons, en hiver, de l'eau transformée en glace, elle nous paraît dure et froide, et nous n'avons pas, si nous en restons à la simple sensation, l'idée que cette eau est la même que celle dans laquelle on se baignait en été et qui était douce, chaude et liquide.

 

Le sensible --- si l'on en reste aux seuls sens --- nous fait donc croire que deux choses qui sont en vérité identiques (la glace et l'eau tiède sont en réalité, du point de vue de l'intelligence, la même chose) sont deux choses différentes.

 

Il faut donc dépasser le sensible contradictoire par l'intelligence pour accéder à l'idée de l'eau, ce qu'on désignerait dans la science d'aujourd'hui par la formule H2O, accessible seulement à l'intelligence scientifique.

 

Il faut donc dépasser le sensible pour accéder à l'intelligence de l'idée, et dépasser le sensible, c'est «sortir de la caverne« (pour reprendre la métaphore platonicienne), ce qui exige d'une certaine manière de sortir du corps, de se débarrasser de ce monde d'illusion et d'apparence qu'est le monde de la sensibilité.

 

Ce qui nous conduit au troisième temps de cette théorie de la vérité, c'est-à-dire à ce que Platon appelle la «remémoration«.

 

En grec, cela se dit anamnèse : il s'agit du travail de remémoration, après la chute de l'âme dans un corps sensible qui l'emprisonne, d'une vérité qu'on a déjà connue mais qu'on a perdue, qu'on a oubliée.

 

La connaissance est donc toujours à proprement parler une re-connaissance, la connaissance véritable est souvenir, lutte contre l'oubli, comme dans l'histoire d'Ulysse.

 

Ce qui permet de résoudre le fameux sophisme initial : car si la connaissance est remémoration d'une vérité perdue, cela explique que, lorsqu'on la retrouvera, on saura que c'était la vérité, puisqu'on la connaissait avant et qu'on se contentera de la reconnaître.

 

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