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LA NATURE DE L'ÉMOTION

Publié le 16/03/2011

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   A) La conscience de l'émotion : les faits intellectuels    1° Exposé.    La thèse intellectualiste (Herbart et Nahlowsky) met l'accent sur les faits intellectuels, c'est-à-dire sur les représentations de la situation émouvante. Elles sont ou bien compatibles, harmonieuses (événements favorables ou projets) ou incompatibles, logiquement opposées (tristesse, dépit, colère surgissant de la représentation d'un obstacle à notre joie); elles consisteraient donc dans la conscience même de cet accord ou de ce conflit d'idées.

« a - On a objecté le rôle de la volonté : la volonté devrait pouvoir supprimer l'émotion en arrêtant les réactionsphysiologiques, ou la créer en faisant prendre au corps une attitude adéquate. Objection non décisive : dans les deux cas en effet le pouvoir de la volonté sur les réactions organiques est trèslimité.

Elle n'a pas d'action directe sur les réactions viscérales, la mimique réflexe.

Il peut y avoir une actionindirecte, mais à condition de maintenir l'attention sur une situation émouvante (l'idée d'un danger ou d'une offensefait rougir, pâlir).

Certains acteurs affirment sentir l'émotion du rôle : mais est-ce parce qu'ils en miment l'attitude ouparce qu'ils réalisent fortement par l'imagination la situation dramatique? Dans les cas où l'action directe de la volonté sur l'organisme est efficace, elle est complexe.

L'effort pour comprimercertaines manifestations (larmes, signes de colère) peut aboutir, mais il se développe des phénomènescompensateurs (battements de cœur, spasmes de la gorge, etc...), qui souvent prolongent l'émotion rentrée. Ces faits n'apportent à la théorie ni objection, ni confirmation décisives. b - Toutes les réactions qui entrent dans la composition de l'émotion se retrouvent, isolément ou en d'autrescombinaisons, dans des états sans caractère émotionnel : (froid, fièvre, course rapide, effet du café); une injectiond'adrénaline qui reproduit une grande partie des phénomènes organiques des grands états d'excitation,s'accompagne d'un malaise où le sujet se refuse à reconnaître une véritable émotion.

La réaction organique, parelle-même, n'apporte pas à la conscience de contenu émotionnel. De plus, les mêmes composantes physiologiques se retrouvent souvent dans des émotions très différentessubjectivement.

L'état des muscles est semblable dans la joie et dans la colère; les phénomènes circulatoires sontles mêmes dans la joie et dans la tristesse. Enfin certains faits physiologiques (phénomènes vaso-moteurs) s'établissent ou disparaissent plus lentement que lesétats de conscience que la théorie considère comme leurs effets. Des expériences ont été tentées sur les animaux : la section de la moelle cervicale et d'un certain nombre de nerfscrâniens isole le cerveau des organes viscéraux et supprime toute perception de l'état de ces organes : elle devraitdonc supprimer les émotions.

Cependant ces animaux ap-esthésiés (Sherrington) manifestaient encore par lesmoyens qui leur restaient (mimiques faciales) des états de peur et de colère; il est vrai que nous ne pouvonsaffirmer qu'ils éprouvaient réellement les états de conscience dont ils manifestaient les signes.

En tout cas, cesexpériences n'apportent aucun appui à la théorie; celle-ci manque de bases positives, et étant donné son allureparadoxale, on peut estimer que ce n'est pas la vérité. C) L'émotion-choc et l'émotion-sentiment Pierre Janet a fait cette distinction qui éclaire le débat : l'émotion-choc, brusque, violente, se produit en présenced'une situation nouvelle à laquelle on n'a pas eu le temps de s'adapter.

L'émotion-sentiment, plus calme, succède àl'émotion-choc ou peut se produire immédiatement quand l'adaptation à une situation nouvelle est facile. 1° Emotion-choc : l'être conscient susceptible d'éprouver des émotions se .trouve brusquement mis en présenced'une situation nouvelle, et cette situation est perçue par son intelligence.

Quand ses tendances antérieures nepeuvent s'adapter immédiatement, il y a choc émotif, désadaptation : l'énergie nerveuse, au lieu de suivre les lois deréactions appropriées à la situation, est dérivée plus ou moins au hasard ; de là des troubles dans l'organisme etdans l'esprit.

Ce choc émotif, sorte d'émotion de surprise, est identique dans toutes les émotions : c'est lui qui estcaractéristique de l'émotivité.

L'émotivité s'atténue ou disparaît sous l'influence de la volonté chez l'individu maîtrede soi. 2° Après le choc émotif, et les troubles qui en sont la conséquence, les tendances s'efforcent de s'adapter : alorsapparaît l'émotion qualifiée : l'esprit comprend le caractère de la situation nouvelle et s'efforce de réagir d'unemanière appropriée. La réaction est différente suivant la nature de la situation, et de là, les différences entre les diverses émotions detristesse, de peur, de joie, de colère.

En face du danger, le choc émotif avec son agitation diffuse qui n'est ni utileni très nuisible : puis la peur proprement dite surgit et la réaction appropriée de fuite. 3° Ainsi, d'après cette conception de Janet, les troubles organiques et intellectuels sont déterminés par le chocémotif et ils en sont si l'on veut des éléments constituants : c'est ce qu'il y a de vrai dans les deux théories.

Mais niles troubles organiques, ni les troubles intellectuels ne sont la cause des émotions.

La cause de l'émotion-choc,c'est l'inadaptation des tendances en face d'une situation nouvelle, d'où un phénomène de dérivation, une agitationdésordonnée.

Puis il y a effort d'adaptation progressive correspondant à l'émotion proprement dite, puis à l'émotion-sentiment, et au sentiment qui s'estompe dans l'inconscient.. »

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