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La nouvelle sculpture

Publié le 26/02/2010

Extrait du document

C'est avec Rodin et Maillol que se termine la Renaissance de la sculpture, c'est-à-dire un âge de la plastique caractérisé par une référence permanente aux canons du corps humain interprétés en fonction des oeuvres de l'Antiquité classique ou, si l'on veut, par le double culte de la Nature et de la Beauté. Le début du XXe siècle constitue une époque d'un intérêt exceptionnel parce qu'il affirme la volonté de découvrir de nouvelles fins esthétiques et d'avoir recours, en même temps, pour les exprimer, à de nouveaux systèmes de formes. Une double discipline, la spéculation cubiste et l'analyse des oeuvres plastiques issues dans l'histoire universelle de conceptions optiques, mythiques et esthétiques opposées aux traditions de la culture occidentale, est venue soutenir et orienter l'effort des pionniers d'un nouvel art international. Dans le chapitre qui précède, il a fallu se borner à présenter l'aventure de quelques-uns de ces précurseurs : ceux qui, par l'équilibre de leurs oeuvres et, pour tout dire, par leur génie créateur, ont les premiers réalisé des ensembles plastiques soustraits aux règles mortes de l'académisme. D'autres, peut-être, ont été aussi loin. dans le domaine des spéculations, mais ce sont eux qui, les premiers ; ont réalisé des ensembles cohérents, organiques, où les nouvelles tendances de la plastique contemporaine ont donné la preuve de leur capacité à devenir les fondements d'un style universel. S'il s'agissait de faire une histoire de la sculpture contemporaine, il serait nécessaire de compléter ce tableau par la présentation d'un grand nombre d'autres artistes. On trouvera leurs noms énumérés dans le répertoire qui complète cet ouvrage. Toutefois, il parut que, si un développement trop grand donné aux monographies de précurseurs ou d'artistes d'avant-garde serait de nature à rompre l'équilibre général de l'ouvrage, il n'était pas juste, non plus, de se limiter à la présentation de quatre ou cinq artistes, si représentatifs soient-ils de leur temps. Il serait inexact de croire que, seuls, ils ont créé et, pour eux-mêmes, il est nécessaire de montrer qu'il ne s'agit pas d'imaginations gratuites ou individuelles, mais qu'ils ont oeuvré dans leur temps, en accord intime avec d'autres artistes orientés dans une même direction.

« et d'addition aux anciennes de qualités nouvellement perçues.

Sa démarche créatrice reste le montage, quis'accorde avec sa conception du déchiffrement par l'homme d'une réalité extérieure positive, indépendante del'esprit.

On ne saurait refuser à Pevsner et plus encore peut-être à Gabo des dons d'artiste.

On ne saurait non plussous-estimer l'importance du courant qu'il représente, même si on le croit sorti d'une erreur intellectuelle à la base.Les rapports entre la sculpture de Pevsner et un courant très important de la peinture contemporaine sont évidents.Un Klee s'est aussi proposé de créer, sur une surface plate, pour sa part, des espaces qui n'entrent pas dans lacatégorie du trompe-l'oeil et de la perspective et qui introduisent dans l'art les grandeurs irréelles.

Il est certain quela possibilité de matérialiser des sensations presque pures de rythmes, de forces existe et que l'ambition de mettreen relief une surface développable est aussi légitime.

Pevsner a introduit plastiquement des valeurs remarquables parle jeu imaginaire de surfaces engagées, liées entre elles par leurs lumières et leurs ombres.

Mais je crois, pour mapart, que la recherche d'un espace plastique abstrait opposé à l'espace naturel est une erreur parce qu'un espacevraiment fermé serait impénétrable.

Je crois aussi que le mirage de la communication immédiate des valeursesthétiques, comme toutes les théories relatives à la transmission directe du spirituel, n'est que la forme actuelle del'immanence. Quel que soit l'intérêt théorique des spéculations de Pevsner, quelle que soit la qualité en soi de ses ouvrages, ilscaractérisent donc une étape de l'évolution de la plastique moderne, ils n'ouvrent pas la voie aux solutions les plusneuves.

Le simple fait de se détacher de l'illusionnisme traditionnel ne fournit pas la base d'une nouvelle esthétique.Pas plus que l'emploi du terme d'abstrait ne définit une méthode constructive.

Non moins abstrait que Pevsner ettoute la lignée qui en découle Hans Arp (né en 1887 à Strasbourg) représente une position entièrement différente.Travaillant dans la ligne formelle de Brancusi, c'est-à-dire plus attaché aux volumes et aux courbes qu'aux épures, iln'est pas moins que Pevsner lié au mouvement général de l'art contemporain Son oeuvre prouve que, dans lasculpture comme dans la peinture, le dynamisme et le désir de créer des formes concrètes susceptibles de remplacerles signes usés sollicitent certains artistes.

C'est le conflit Delaunay-Picasso transposé en sculpture.

Pevsner-MaxBill représentant la ligne Klee-Kandinsky.

Toutefois, malgré la qualité intrinsèque de ses ouvrages, qui est trèsgrande, Arp demeure attaché dans sa recherche de signes neufs, de formes dénuées de signification anecdotique ettout entières expressives aux sens, à la notion de la surface et du volume.

Il est légitime que notre époque affirmesa volonté de substituer à la répétition des objets familiers ou usuels, des objets plastiques inédits ; mais on nesaurait concevoir de langue commune d'une société uniquement fondée sur l'esthétique.

Le dernier raffinement dugoût et de la connaissance ne peut engendrer le véritable concret.

Une objectivité nouvelle ne peut sortir du cultede la sensation ; elle doit nécessairement se tourner vers l'action.

Avec Arp se pose le problème des réalitésnouvelles.

On ne saurait dire encore que le nouveau répertoire de signes s'impose en dehors de réussites isolées.Mais il s'agit certainement d'une recherche nécessaire. Ce qu'il y a de timide, malgré les hardiesses de la donnée, dans la recherche de Arp s'accuse par comparaison avecla voie suivie par Moore (né à Castleford en 1898).

Ce dernier artiste a senti l'impossibilité qui existait à conserver lapratique des surfaces et des volumes lorsqu'on tentait d'élaborer un nouveau système de signes plastiques adéquatsà la sensibilité dynamique.

Comme Laurens, il a vu se poser devant lui le problème du vide.

Dépassant la notion del'équilibre des pleins et des vides, c'est-à-dire la théorie des vides positifs formulée au départ du Cubisme, il aenvisagé aussi le vide comme une force.

Il a pensé que la Forme et l'Espace étaient une seule et même chose et,renonçant pour sa part à établir une liaison entre la sculpture et l'espace environnant, il a voulu dominer et informeravant tout l'espace intérieur de ses figures.

Chez lui, le vide devient la force et la forme active ; ce ne sont passeulement les creux et les bosses de l'oeuvre plastique qui sont les surfaces ; le vide aussi a sa surface, sa formepropre.

Ainsi, dans ses meilleures oeuvres, il ne s'agit plus de concilier deux pôles d'attraction positif et négatif, maisde mettre en lumière la forme intime qui est la force secrète du modèle.

Teintée souvent d'une pointe de surréalismelittéraire, empreinte d'un esprit très anglais qui le rattache à William Blake, l'oeuvre de Moore possède,indépendamment de son intérêt technique, une valeur poétique qui montre comment la nouvelle plastique estsusceptible de se nuancer autant que l'ancienne et de refléter les personnalités individuelles et les génies nationaux. Enfin, une dernière grande expérience est celle de Calder (né en 1898 à Philadelphie).

Ici, c'est le rapport desvolumes et du mouvement qui est renouvelé.

Comme on l'a vu, la spéculation moderne sur l'espace plastique avaitbuté à ses origines sur le problème des relations entre le mouvement et les dimensions classiques de l'espace.

Calderest parti, vers 1930, d'une technique figurative toute proche de la caricature.

Il fabriquait alors des portraits (lePrésident Coolidge ; Joséphine Baker) en fil de fer, suggérant les volumes par les seuls contours.

Puis il anima sescompositions, rendues vivantes par la torsion du fil de fer.

Il se tenait ainsi tout proche encore du dessin classique,suggérant le modelé par la justesse du contour.

Il est tout à fait remarquable de constater que c'est enabandonnant, à son tour, la figuration classique que Calder à découvert sa propre voie.

Créateur de " stabiles " etsurtout de " mobiles " qui ont assuré sa réputation mondiale, il a abandonné plus encore l'imitation du répertoiretraditionnel des formes plastiques que celle de la réalité.

Cessant de considérer que l'introduction du mouvementdans la sculpture moderne peut résulter d'un simple déplacement des lignes déterminées par la vision classique, oude la décomposition et de l'accentuation caricaturale de cette vision, il a essayé de dynamiser, lui aussi, commeMoore, l'espace lui-même.

Par ses combinaisons de lignes et de surfaces flottant dans l'atmosphère, il viseégalement à donner forme et mesure au vide.

Il se rapproche parfois davantage, cependant, d'Arp que Moore parcequ'il ne part pas, comme Moore, de schémas plus ou moins voisins de la forme classique, mais vise à créer desobjets concrets inédits. Dans notre effort pour saisir le sens et la légitimité des spéculations plastiques variées qui, à l'échelle universelle,annoncent une nouvelle époque, plutôt que pour essayer de découvrir le jugement préférentiel de l'avenir, il fauttenir compte encore de deux ordres de faits.. »

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