Devoir de Philosophie

La parole est-elle un pouvoir ?

Publié le 05/03/2004

Extrait du document

A tel point que le fait de nommer, de qualifier un Pouvoir, lui donne sa cohérence, sinon son existence: qui dit monarchie se met en mesure d'élaborer le système monarchique, formule la série des concepts qui se trouvent mis dans la langue. Toutes les institutions majeures ont pour rôle de tester et d'élaborer le langage du Pouvoir. L'un des privilèges les plus incontestables du milieu dirigeant est précisément de conserver la langue. Le langage de la culture se confond avec celui de la classe dirigeante. Les faits langagiers montrent la capacité "performative" des classes dirigeantes. Et, le propre de ces dernières est d'éviter ou d'intégrer la "gheottisation" du langage: culture jeune (BD, musique, expressions "branchées"...). Dès lors, si le pouvoir manifeste son emprise sur le langage, ce dernier à son tour influence le Pouvoir, à tel point que l'évolution des phénomènes langagiers a une signification historique et politique considérable: l'invasion du franglais traduit ainsi notre infériorité à l'égard de l'Amérique anglophone, lorsque la France était puissante, on parlait français à Saint-Pétersbourg. De même, à la limite, on obtient le phénomène de la langue de bois qui est une conséquence de la glaciation du langage et/ou de la glaciation du Pouvoir. Aussi, il faut bien qu'un jour, change ce langage jugé rétrograde. La parole est donc bien un POUVOIR.

La question, si nous la lisons attentivement, se dédouble. En effet pour savoir en quel sens on peut dire que la parole est un pouvoir, il faut savoir ce que l'on entend par parole et par pouvoir. Nous suggérons de s'interroger en premier lieu sur la notion de pouvoir afin de bien distinguer l'autorité, le pouvoir et la puissance. C'est au cours même de cette analyse que l'on fera apparaître les liens qui unissent la parole et le pouvoir et que l'on précisera la signification de la notion de parole. Il serait bien sûr judicieux, pour ne pas dire indispensable, de prendre quelques exemples et de les étudier en suivant une progression qui nous mènerait vers ce qu'il y a de plus fondamental. Parmi les exemples à prendre, retenons celui du séducteur, de l'homme politique, du philosophe et enfin du poète. Signalons que l'une des difficultés de ce sujet réside dans ce préjugé qui valorise les actes par rapport à la parole et qui ne voit dans tout discours qu'un ensemble de mots ne pesant pas bien lourd devant les faits. Traiter correctement le sujet implique évidemment que l'on constate un tel préjugé.

« En quel sens peut-on dire que la parole est un pouvoir ? ÉLÉMENTS DE RÉFLEXION • Y a-t-il lieu ici de distinguer � à la manière de Saussure � parole, langage et langue ? Il convient - de toute façon � de préciser en quel(s) sens on entendra « la parole ».

• Ne pas oublier que ce qui est en cause ici, ce n'est pas de savoir si oui ou non « la parole est un pouvoir », mais de nous interroger en quel sens on peut le dire.

C'est important, notamment lorsqu'il s'agira par-delà les premières recherches et réflexions, de composer la dissertation.

• Dans la mesure (à préciser) où le langage intervient dans la mise en œuvre de la pensée abstraite et que celle-ci est un moyen de pouvoir sur la nature, dans quelle mesure (et en quel sens) peut-on dire que la parole est un instrument de domination , un pouvoi r? • La parole comme instrument de domination sur les autres ? • La parole dans la cure psychanalytique ? Pouvoir sur soi? sur autrui ? Instrument de domination ? (sur qui? sur quoi ? en quoi ?). »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles