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La parole trahit-elle la pensée ?

Publié le 04/07/2015

Extrait du document

[B.  Pauvreté du locuteur ordinaire]

Le locuteur qui croit trahir sa pensée en parlant manque en fait cruellement de mots pour former et formuler ce qu'il cherche à penser. Puisque la langue est par définition riche de formulations infinies, aucun locuteur (et pas même le poète le plus génial) ne peut la maîtriser ou l'explorer totalement : il lui reste donc toujours à apprendre.

Quant aux spécialistes (scientifiques, ou même philosophes), ils ne risquent pas de trahir leurs pensées en parlant, puisqu'il leur est toujours possible de mettre au point de nouveaux mots quand ils en ont besoin pour désigner leurs objets. Cette invention, qui peur aboutir à de très copieux vocabu­laires spécialisés (ainsi la classification des espèces vivantes comporte plus de dix millions de termes), montre aussi que la langue est un espace en expansion où la pensée peut trouver sa liberté.

[Conclusion]

 

L'extension des vocabulaires plus ou moins spécialisés ou techniques n'a pas de quoi rassurer le Locuteur « moyen «, qui a peu de chances de les connaître. Mais il peut au moins en retenir que, loin de trahir sa pensée, la langue lui donne sa seule chance de se former et d'être communiquée. Qui croit trahir sa pensée dans le langage trahit en fait aussi bien le langage que ses chances de penser. Encore faut-il que le locuteur se donne le peine d'explorer les richesses et les potentialités de sa langue. Dans un monde où la surabon­dance des messages aboutit à leur indifférenciation, il est clair qu'une telle exploration demande un certain travail, er un certain courage. Mais c'est à ce prix que la liberté de pensée du locuteur lui-même peut s'exercer.

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