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La passion est-elle nécessairement une aliénation ?

Publié le 01/02/2004

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Mais cette toute-puissance de la raison n'est- elle pas une illusion ? L'homme face aux passion, n'est-il pas un roi nu, un souverain sans sceptre ? La passion ne peut pas être une fatalité (Spinoza, Éthique). Quel que soit le pouvoir des passions, l'homme n'est pas condamné à les subir, à se laisser emporter par elles. Il doit essayer de comprendre leur force pour pouvoir leur échapper. Cela permet de passer d'une nécessite extérieure (on subit la passion), à une nécessité intérieure (l'action par la passion). 1. Description de l'état passionnel L'étymologie peut nous aider à définir le terme de « passion ». Il nous vient du verbe « patior », qui signifie « souffrir », « éprouver », « endurer », « supporter », et du substantif « passio », qui désigne la « souffrance » et la « maladie ». La « passion » serait donc, au sens premier, un état de souffrance et de dépendance, d'attente passive.

« classique de la liberté, la raison.

Elle introduit un combat entre ma volonté rationnelle et mes désirs, elle produit undéchirement de moi-même, une guerre intestine qui m'ôte la maîtrise de moi-même.

C'est pour cela qu'elle estcondamnée dans la tradition chrétienne comme dans la tradition platonicienne.

La philosophie est alors chargée de lasoigner.

Son remède souverain est l'exercice de la raison.

Grâce à cette dernière, je suis capable de me libérer destroubles que les passions suscitent en moi, et je peuxatteindre l'ataraxie.

Bien plus, la raison est celle de mes facultés qui est le plus en mon pouvoir, elle doit donc mepermettre de me gouverner moi-même et de recouvrer une certaine liberté. 3.

Ma passion, ma réalisation. « Rien de grand en ce monde ne s'est accompli sans passion » (Hegel) lapassion est aussi à l'origine des grandes réalisations humaines, qu'elles soientscientifiques, techniques ou politiques, car la passion est une force, uneénergie.La passion est une ruse de la Raison, le moyen dont use la Raison absoluepour faire progresser l'Histoire vers sa propre réalisation en s'arrachant à sesdéterminations particulières.

Dans la passion, en effet, l'homme « se projettesur un objectif avec toutes les fibres intérieures de son vouloir et concentredans ce but ses forces et tous ses besoins ».

Et c'est parce que le grandhomme est passionné qu'il « ne se disperse pas dans une multituded'objectifs, mais est entièrement voué à la fin qui est sa véritable fin ».

Lespassions humaines constituent donc l'élément actif de l'histoire, celui qui meten branle les événements de portée universelle.

Aussi peut-on dire que « riende grand ne s'est accompli dans le monde sans passion ». Paradoxalement, et selon les romantiques, elle constitue la source des actionsles plus élevées et les plus importantes, car la froide raison est incapabled'aussi grandes réalisations.

La passion a visage humain : loin de rattacherl'homme à la bête ou à l'animal, la passion est au contraire ce qui distinguel'homme, au même titre que la raison ou le langage.

C'est elle qui est àl'oeuvre dans tous les bouleversements de l'histoire humaine.

Elle estomniprésente dans l'évolution des sociétés. De plus, la passion rompt avec la monotonie de la vie quotidienne, donne du prix à l'existence, soulève l'âme, luiinspire de vastes desseins : « Rien de grand ne se fait passion.

» Nos passions ne fournissent-elles pas les mobilesles plus puissants de nos actes et de nos œuvres ? Aucune décision volontaire ne serait jamais prise par un êtreindifférent, incapable de se passionner pour quoi que ce soit.

« Un homme sans passion serait un roi sans sujets »(Vauvenargues).

Stendhal voit dans la passion l'énergie qui alimente nos décisions volontaires.

La passion, c'est «l'effort qu'un homme qui a mis son bonheur dans telle chose est capable de faire pour y parvenir ».Et Descartes lui-même, qui voit dans la passion le signe de la dépendance de l'âme, en partie soumise au corps,reconnaît à la fin du « Traité des passions » que si l'âme a aussi ses plaisirs propres indépendants du corps, il n'enreste pas moins que « les hommes que les passions peuvent le plus émouvoir sont capables de goûter le plus dedouceur en cette vie ». 4.

Ma passion, ma sublimation. A.

La cure psychanalytique, par l'action du langage, permet d'ôter aux passions leur force de contrainte, quiprovient essentiellement de leur caractère inconscient.

Mais elle peut aussi favoriser le remplacement d'une passionpar une passion plus haute; c'est la sublimation.La passion serait bonne en ce qu'elle réveille les élans les plus profonds de notre être, mauvaise parce qu'elle risquede les confisquer.

A côté de la thérapeutique traditionnelle des passions (diversion par le voyage, l'étude, uneactivité nouvelle), on peut concevoir une thérapeutique plus souple qui saurait exploiter l'élan passionnel en ledirigeant vers d'autres buts moins égoïstes, plus féconds pour la communauté des hommes.

Rien de plus naïfs et deplus dangereux que cette affirmation de Bossuet : « La passion se lasse de toujours convoiter sans être satisfaite…La passion frustrée commence à s'affaiblir et toujours impuissante prend le parti de se modérer.

» Car, tout aucontraire, il est impossible de rayer d'un trait l'élan passionné ; la psychanalyse a montré la puissance redoutable etle rôle néfaste des désirs refoulés.

La thérapeutique des passions doit seulement s'efforcer de substituer auxrefoulements pernicieux les sublimations fécondes.. »

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