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La passion est-elle une erreur ?

Publié le 30/01/2004

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N'est-elle pas opposée à la raison, différente, et par là-même sans rapport avec l'erreur ? L'erreur se distingue du mensonge par son caractère involontaire. La passion est-elle une erreur par la passivité qu'elle impose à l'homme ? Mais la passion est- elle véritablement involontaire ? Pourquoi, dans ce cas, le passionné ne désire-t-il pas renoncer à sa passion ? Quels sont les grands caractères communs à toutes les passions ? Ceux-ci font-ils ou ne font-ils pas d'elle une erreur (involontaire) ? Plus qu'une erreur, la passion ne serait-elle pas à penser plutôt en termes de danger quand elle est suivie avec excès ? Le terme d'erreur est-il un jugement sur une passion dans une situation particulière, ou est-il le propre de la passion ? Références utiles : Descartes, Les passions de l'âme ; Spinoza, Éthique.

 

Sans la raison, il n'y aurait pas de passion. Toute erreur est erreur de jugement, de sorte que la passion à elle seule ne peut pas se tromper. En revanche, la raison peut être influencée par la passion, qui cause l'erreur.

 

  • I) La passion est une erreur

a) La passion est cause de nos mauvais jugements. b) La passion aveugle notre conscience. c) La passion inverse le rapport de cause à effet.

  • II) La passion n'est pas une erreur.

a) La passion n'est pas réductible à l'erreur. b) Seul le manque de connaissance conduit à l'erreur. c) La passion grandit l'homme.

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« « Orientée vers le passé, remplie par son image, la conscience du passionné devient incapable de percevoir le présent : elle ne peut le saisir qu'en le confondant avec le passé auquel elle retourne, elle n'en retient que ce quilui permet de revenir à ce passé, ce qui le signifie, ce qui le symbolise : encore signes et symboles ne sont-ils pas ici perçus comme tels, mais confondus avec ce qu'ils désignent.

L'erreur de la passion est semblable à celleoù risque de nous mener toute connaissance par signes [...] ; le signe est pris pour la chose elle-même : telle est la source des idolâtries, du culte des mots, de l'adoration des images, aveuglements semblables à ceux denos plus communes passions ; [...]Il est vain de vouloir détruire un amour en mettant en lumière la banalité de l'objet aimé, car la lumière dont le passionné éclaire cet objet est d'une autre qualité que celle qu'une impersonnelle raison projette sur lui : cettelumière émane de l'enfance du passionné lui-même, elle donne à tout ce qu'il voit la couleur de ses souvenirs [...].

L'erreur du passionné consiste donc moins dans la surestimation de l'objet actuel de sa passion que dans laconfusion de cet objet et de l'objet passé qui lui confère son prestige.

[...] Son erreur est seulement de croire que les beautés qui l'émeuvent et les dangers qu'il redoute sont dans l'être où il les croit apercevoir.

En vérité,l'authentique objet de sa passion n'est pas au monde, il n'est pas là et ne peut pas être là, il est passé.

Mais le passionné ne sait pas le penser comme tel : aussi ne peut-il se résoudre à ne le chercher plus.

» Alquié , « Le désir d'éternité ». La problématique de la passion est ici posée dans son rapport au temps : en cherchant à faire perdurer le passé dans le présent, elle veut abolir la fuite du temps et instaurer le régime de l'éternité.

La passion amoureuse estl'amour d'un être passé qu'elle confond avec ses substituts actuels.

En ce sens, l'être passionné se singularise par la méconnaissance de son objet : il ne peut distinguer l'objet de sa passion tel qu'il est réellementaujourd'hui, de ce qu'il a été mais n'est plus à présent.

Les marques qui témoignent de ce passé (une photographie, par exemple) se substituent à la réalité actuelle.Cette analyse permet à Alquié d'expliquer les malentendus qui s'instaurent inévitablement entre le passionné et une autre personne, bénéficiant d'un statut de neutralité : ils ne discernent pas, de l'objet, la même apparence ; même en adoptant le même angle de vue, ils ne « voient » pas le même objet.

Ce sont deux regards, deux logiques qui entrent en conflit. Alquié en conclura que l'objet de la passion n'est qu'accidentel, que celle-ci n'est en fait qu'un amour de soi-même, issu de l'égoïsme.

Et si le véritable amour est l'oubli de soi afin de faire le bien à venir de l'être aimé, la passion, tournée vers soi et vers le passé, s'avère être un obstacle à tout amour authentique.

c) L'impuissance de la raison à combattre une passion fournit une contre-épreuve de cette déduction.

Un homme qui s'est fourvoyé parce qu'il pensait satisfaire son ambition en poursuivant des études que ses dispositions ne luipermettent pas de mener à terme, peut corriger son erreur d'appréciation et commencer une carrière différente, plus en harmonie avec ses capacités.

Cette modification de sa conduite n'entame cependant pas son ambition, qui,toujours vive, se propose seulement d'autres voies pour aboutir à sa fin.

On comprend donc que la passion, pour Hume, ne soit pas déraisonnable et que seul le jugement qui l'accompagne puisse être dit, en toute rigueur, erroné.. »

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