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La passion est-elle une erreur ? une faute ? un pêché ?

Publié le 20/03/2015

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erreur

L'un et l'autre ignorent qu'ils ne désirent pas l'objet de leur passion parce qu'il est objectivement excellent, mais qu'ils ne le jugent excellent que parce qu'ils le désirent ardemment.

 

Cette ignorance les dispose, semble-t-il, à commettre toutes les erreurs et à subir toutes les désillusions.

 

Assimiler l'une à l'autre exige que l'on fasse de la passion une espèce de jugement.

 

On voit mal, en effet, en quoi l'amour I.

 

Rien, par exemple, n'effraye le joueur tant que sa frénésie l'étreint.

 

Il sent pourtant confusément qu'il néglige une partie de lui-même qui, pour être moins tumultueuse que sa passion, n'en est pas moins profonde.

 

L'homme passionné se montre par conséquent aussi injuste à l'égard de lui-même qu'avec son entourage.

 

La passion, par laquelle un homme méconnaît la totalité de ses désirs, apparaît en ce sens comme un rétrécissement du champ de la conscience, comme une moindre conscience.

 

L'illusion amoureuse illustre parfaitement cette dépossession du sujet.

 

On sait qu'aux yeux de Pascal, l'homme n'aime que les qualités de l'objet de sa flamme.

 

Méconnaissance de soi, ignorance de la source du désir et de son objet, tout apparente la passion à une erreur.

 

Une erreur est une affirmation, un jugement qui ne correspond pas à la réalité, aux faits qui la constituent.

 

Autrement dit, il n'est possible de parler d'erreur qu'au sujet d'une proposition censée représenter une réalité quelconque.

 

Une idée, un jugement, un raisonnement peuvent être dits erronés s'ils ne constituent pas une image mentale fidèle des choses, s'ils ne les représentent pas adéquatement.

 

Or, Hume affirme qu'une passion «ne contient aucune qualité représentative qui en fasse une copie d'une autre existence].

 

Si nous entendons par «vérité« l'adéquation d'un énoncé à la chose qu'il représente, comme la passion ne contient aucune qualité représentative qui en fasse l'image d'un objet, nous devons conclure à l'inconséquence des philosophes qui, à l'instar de Ferdinand Alquié, prétendent que nos passions ne sont que nos erreurs.

 

Un homme qui s'est fourvoyé parce qu'il pensait satisfaire son ambition en poursuivant des études que ses dispositions ne lui permettent pas de mener à terme, peut corriger son erreur d'appréciation et commencer une carrière différente, plus en harmonie avec ses capacités.

 

L'anecdote rapportée par Descartes au sujet de l'attirance exercée par les femmes louches sur sa personne nous invite à une plus grande circonspection.

 

Et les automatismes corporels qui provoquent son émoi sont la source d'une surestimation de leurs qualités ; ce n'est qu'après avoir réfléchi qu'il juge que le strabisme de ces personnes est un défaut.

 

Les raisonnements qui la constituent n'ont pour seule fonction que d'exalter une passion dont la légitimité n'est jamais remise en doute.

 

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« Dissertations 61 ou l'ambition pourraient être en eux-mêmes plus déraisonnables qu'une grippe, qui n'est pas une erreur mais un fait.

C'est pourquoi il paraît nécessaire de se demander si la passion est vraiment une erreur.

I - Passion et ignorance a) L'homme en proie à une passion est amené à se comporter partialement à l'égard de lui-même.

Il ne prend en compte qu'une partie de ses désirs et sacrifie la plupart d'entre eux sur l'autel de sa passion.

Rien, par exemple, n'effraye le joueur tant que sa frénésie l'étreint.

Il sent pourtant confusément qu'il néglige une partie de lui-même qui, pour être moins tumultueuse que sa passion, n'en est pas moins profonde.

L'homme passionné se montre par conséquent aussi injuste à l'égard de lui-même qu'avec son entourage.

La passion, par laquelle un homme méconnaît la totalité de ses désirs, apparaît en ce sens comme un rétrécissement du champ de la conscience, comme une moindre conscience.

b) Car le passionné ne connaît pas non plus l'origine de son désir: il croit chercher librement l'objet qui obnubile ses pensées et rien ne lui semble plus absurde que l'idée que son désir ne lui appartienne pas vraiment.

Tout montre pourtant que l'homme en proie à sa passion est l'esclave de celle-ci, qu'elle le possède et qu'il ne la possède pas.

L'illusion amoureuse illustre parfaitement cette dépossession du sujet.

« La procréation de tel enfant déterminé, écrit Schopenhauer, voilà le but véritable, quoique ignoré des acteurs, de tout roman d'amour: les moyens et la façon d'y atteindre sont choses accessoiresl.

» Aussi l'amoureux passionné est-il victime d'une illusion ; son désir n'est pas vraiment le sien, mais celui de l'espèce qui cherche à se reproduire à travers lui.

c) Ignorance de soi, la passion est aussi ignorance de son véritable objet.

On sait qu'aux yeux de Pascal, l'homme n'aime que les qualités de l'objet de sa flamme.

De sorte que même si chacun prétend pouvoir dire comme Montaigne : « parce que c'était moi, parce que c'était lui », la singularité de la personne « aimée » échappe toujours au sentiment amoureux.

Nous n'aimons personne en particulier.

Méconnaissance de soi, ignorance de la source du désir et de son objet, tout apparente la passion à une erreur.

II -La passion peut-elle être considérée comme un jugement ? a) Cette description peut sembler convaincante.

Elle ne contient pourtant aucune définition réelle des termes assimilés.

Qu'est-ce donc qu'une 1.

Le Monde comme volonté et comme représentation.

p.

1290 - nous soulignons.. »

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