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La passion est-elle une excuse ?

Publié le 05/01/2004

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Pour démarrer Pourquoi la passion pourrait-elle être une excuse ? Lorsque l'on a une bonne excuse, c'est que l'on peut faire référence à une cause qui ne vient pas de nous, c'est-à-dire ni de notre jugement ni de notre volonté : avoir une excuse, c'est ne pas être responsable. Or la responsabilité ne peut être conférée qu'à quelqu'un qui est à la fois libre et qui possède tout son jugement, toute sa raison. Il faut donc que analyser en détail le rapport entre passion, jugement (raison), liberté, volonté et moralité. Ne faut-il pas distinguer la "faute" (morale) de l'"erreur" (de jugement) ? Puis-je moi-même invoquer ma passion comme une excuse, ou l'excuse n'a-t-elle de valeur que si c'est quelqu'un d'extérieur qui estime que ma passion peut excuser mes actes ? Pourquoi ?

L'inclination dominante et difficilement maîtrisable peut-elle constituer une raison alléguée pour expliquer ou atténuer une faute ? La passion met-elle à distance la liberté du pour-soi ? Pourquoi la passion pourrait-elle être une excuse ? Lorsque l'on a une bonne excuse, c'est que l'on peut faire référence à une cause qui ne vient pas de nous, c'est-à-dire ni de notre jugement ni de notre volonté : avoir une excuse, c'est ne pas être responsable. Or la responsabilité ne peut être conférée qu'à quelqu'un qui est à la fois libre et qui possède tout son jugement, toute sa raison. Il faut donc que analyser en détail le rapport entre passion, jugement (raison), liberté, volonté et moralité. Ne faut-il pas distinguer la "faute" (morale) de l'"erreur" (de jugement) ? Puis-je moi-même invoquer ma passion comme une excuse, ou l'excuse n'a-t-elle de valeur que si c'est quelqu'un d'extérieur qui estime que ma passion peut excuser mes actes ? Pourquoi ? Conseils pratiques Ne sortez pas du sujet, qui doit être centré sur l'idée de la consubstantialité de l'existence et de la liberté. Dans cette perspective, la passion ne constitue jamais une justification ou une excuse.

L’homme, cet « animal rationnel «, est aussi et avant tout un être de désir. Quand celui-ci se manifeste brutalement au point qu’aucune volonté n’arrive à le juguler, c’est la passion qui se manifeste, laissant l’individu qui y succombe dans un état mêlé de souffrance et de dépendance. Ce penchant irrépressible (quelque soit son objet : amour, jeu, alcool, etc.) est souvent la cause de troubles, plus ou moins sérieux, qui affectent autant le passionné lui-même que ses proches.

La question est ici de savoir si on peut invoquer la passion pour justifier une attitude déraisonnable, violente voire destructrice envers soi-même, autrui, ou quelque objet que ce soit. Autrement dit, peut-on trouver des circonstances atténuantes à quelqu’un qui agit sous l’emprise de la passion ? De même, celui-ci peut-il s’en servir d’excuse pour sa défense ?

1- Si l’on considère l’homme responsable de ses actes, devant user de sa raison pour guider son action, et ayant le souci de ne pas nuire à autrui, il semble que toute passion doive être récusée. Elle pourrait alors difficilement excuser quoique ce soit.

2- Mais en rester là serait méconnaître et sous-estimer la force et les ravages de la passion quand elle se manifeste. La souffrance dans laquelle elle plonge celui qui en est victime suffit-elle cependant à excuser ses actes ?

3- Enfin, si on veut éviter de tomber dans un relativisme qui serait enclin à excuser la folie du passionné, ne doit-on pas plutôt se demander s’il existe, dans ce déséquilibre qu’est la passion, quelque effet vraiment positif ?

« La condamnation du désir par la philosophie «Quant aux désirs, pour le moment, renonces-y totalement.» Épictète,Manuel (lei siècle ap.

J.-C.). • Pour la philosophie stoïcienne, le désir est dangereux, et il vaut mieux yrenoncer.

C'est la seule voie possible pour qui veut atteindre la sagesse quiconsiste en l'«ataraxie» ou absence de trouble, obtenue par lareconnaissance rationnelle de la nécessité qui gouverne le monde.• D'après Épictète, il y a deux sortes de désirs: les premiers portent sur «cequi ne dépend pas de nous»: notre corps, la richesse, la célébrité, lepouvoir...

Désirer ces choses-là, c'est s'exposer aux plus grands malheurspuisque ce sont des choses qui nous échappent complètement et qui sonttrès changeantes.

On pourrait donc désirer au moins «ce qui dépend denous», c'est-à-dire désirer la sagesse.

Mais celle-ci ne peut être l'objet qued'une décision et non d'un désir: celui qui se contente de la désirer souffrirade ne pas y parvenir.

Mieux vaut donc renoncer à tous les désirs et s'efforcerd'être purement rationnel.• On peut remarquer toutefois qu'Épictète précise «...pour le moment».

Lesage pourra laisser libre cours à son désir de sagesse lorsqu'il sera parvenu àcelle-ci.

Mais ce «désir» aura changé de signification et se confondra avec lasagesse. Ainsi, un homme qui ne saurait se prémunir des effets dévastateurs de la passion et qui se laisserait aller à des dérives ne trouverait grâce aux yeux de ces philosophes qui font de la raison, universelle et souveraine, lamaîtresse des passions.

Quelle excuse trouver en effet à un homme qui aurait vendu sa maison pour pouvoir réglerses dettes de jeu et continuer à jouer au casino, mettant ainsi sa famille en grande difficulté ? Le bon sens amène àpenser que cet homme aurait dû essayer de se raisonner, de se dominer ou bien de chercher de l'aide pour yparvenir. En somme, dans cette conception, il semble qu'on ne puisse rien construire de positif avec la passion car en échappant au contrôle de la raison, elle représente la porte ouverte à toutes les dérives.

Aucunes de celles-ci nesauraient dès lors être justifiées ou excusées par la passion. 2- Ambiguïté et complexité de la passion S'arrêter à cela semble pourtant insuffisant.

Soit on sous-estime la force de la passion, soit on surestime le pouvoir de la raison.

Dans tout les cas, on nie le caractère complexe et insidieux de la passion, qu'il faut à présentchercher à cerner mieux. Continuant avec l'exemple de la passion du jeu, comme l'ont décrit avec brio des auteurs comme Dostoïevski (Le joueur ) ou encore Stephan Zweig ( 24 heures dans la vie d'une femme ), on doit dire tout d'abord que le joueur n'est pas un simple amateur de sensations fortes irresponsable qui aime être grisé.

C'est au contraire une personnetellement attachée à la passion du jeu qu'elle finit elle-même par ne plus en être que l'illustration.

Son désir dejouer, toujours plus fort, lui procure pourtant une insatisfaction essentielle et permanente, ce qui semblecontradictoire.

En fait, si la réalisation de ce désir ne comble pas le passionné, c'est que ce processus complexe estl'expression du mode d'être par lequel le joueur perçoit le monde et s'y rapporte.

Et cela n'est pas sans souffrance.Étymologiquement, « passion » vient en effet du latin patior , qui signifie « souffrir », « pâtir ».

Ainsi donc, l'homme en proie à la passion vit une situation paradoxale où il sait que ce qu'il fait lui nuit ou va nuire à quelqu'un, mais il nepeut pourtant s'empêcher de le faire.

On peut ici citer la formule paradoxale de Sainte-Beuve, quand il déclare :« l'état de souffrance où je suis continuellement est ma seule excuse ». Juger le comportement d'un homme passionné est donc plus difficile qu'à première vue, et on ne peut à présent plus totalement exclure l'idée que la passion, à défaut d'excuser un acte, peut au moins être unecirconstance atténuante.

Pour s'en convaincre, on peut prendre l'exemple édifiant du crime passionnel.

Le crimepassionnel, même s'il n'a plus d'existence juridique depuis 1791, est en effet différent du crime ordinaire en ce que les acteurs de cette affaire entretiennent une relation amoureuse ou sexuelle.

Il est notable que ce genre de crimesd'amour et de haine a bénéficié de circonstances atténuantes jusqu'en 1975 ! Ainsi, avant cet date, un homme quiaurait trouvé sa femme couchée chez lui avec un autre et qui, hors de lui, l'aurait tuée, n'aurait pas été jugécomplètement responsable ou coupable de cet acte.

Aujourd'hui demeure d'ailleurs encore ancrée dans nosmentalités la certitude que l'amour, la passion ou la jalousie sont des circonstances atténuantes « évidentes », qui entraînent un homme banal à tuer une femme dans un coup de folie (cf.

l'affaire Bertrand Cantat et les réactionscontrastées qu'elle a suscitée).

Nous sommes ici dans un processus dévastateur auquel chaque homme (même un juge !) peut être confronté, bien loin de l'idéal romantique qui prônait l'exaltation de la passion avec la figure del'amoureux, poussé à se dépasser au-delà de lui-même, se rendant ainsi digne de l'amour qu'il réclame. 3- La passion, un déséquilibre qui peut devenir un moteur positif Après ces considérations contrastées sur la passion, demandons-nous tout de même si le déséquilibre causé. »

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