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La passions est-elle une excuse?

Publié le 28/02/2005

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Pourquoi ? Conseils pratiques Ne sortez pas du sujet, qui doit être centré sur l'idée de la consubstantialité de l'existence et de la liberté. Dans cette perspective, la passion ne constitue jamais une justification ou une excuse. L'homme, cet « animal rationnel », est aussi et avant tout un être de désir. Quand celui-ci se manifeste brutalement au point qu'aucune volonté n'arrive à le juguler, c'est la passion qui se manifeste, laissant l'individu qui y succombe dans un état mêlé de souffrance et de dépendance. Ce penchant irrépressible (quelque soit son objet : amour, jeu, alcool, etc.) est souvent la cause de troubles, plus ou moins sérieux, qui affectent autant le passionné lui-même que ses proches. La question est ici de savoir si on peut invoquer la passion pour justifier une attitude déraisonnable, violente voire destructrice envers soi-même, autrui, ou quelque objet que ce soit. Autrement dit, peut-on trouver des circonstances atténuantes à quelqu'un qui agit sous l'emprise de la passion ? De même, celui-ci peut-il s'en servir d'excuse pour sa défense ?

« se manifeste, est considérée comme une soumission de l'âme aux manifestations corporelles (pulsions, désirs, etc.).Un tel chamboulement au sein des facultés humaines est évidemment inacceptable pour tous les philosophes de lavertu qui placent la raison et l'âme à un rang supérieur que le corps et ses affections. Ainsi, un homme qui ne saurait se prémunir des effets dévastateurs de la passion et qui se laisserait aller à des dérives ne trouverait grâce aux yeux de ces philosophes qui font de la raison, universelle et souveraine, lamaîtresse des passions.

Quelle excuse trouver en effet à un homme qui aurait vendu sa maison pour pouvoir réglerses dettes de jeu et continuer à jouer au casino, mettant ainsi sa famille en grande difficulté ? Le bon sens amène àpenser que cet homme aurait dû essayer de se raisonner, de se dominer ou bien de chercher de l'aide pour yparvenir. En somme, dans cette conception, il semble qu'on ne puisse rien construire de positif avec la passion car en échappant au contrôle de la raison, elle représente la porte ouverte à toutes les dérives.

Aucunes de celles-ci nesauraient dès lors être justifiées ou excusées par la passion. 2- Ambiguïté et complexité de la passion S'arrêter à cela semble pourtant insuffisant.

Soit on sous-estime la force de la passion, soit on surestime le pouvoir de la raison.

Dans tout les cas, on nie le caractère complexe et insidieux de la passion, qu'il faut à présentchercher à cerner mieux. Continuant avec l'exemple de la passion du jeu, comme l'ont décrit avec brio des auteurs comme Dostoïevski (Le joueur ) ou encore Stephan Zweig ( 24 heures dans la vie d'une femme ), on doit dire tout d'abord que le joueur n'est pas un simple amateur de sensations fortes irresponsable qui aime être grisé.

C'est au contraire une personnetellement attachée à la passion du jeu qu'elle finit elle-même par ne plus en être que l'illustration.

Son désir dejouer, toujours plus fort, lui procure pourtant une insatisfaction essentielle et permanente, ce qui semblecontradictoire.

En fait, si la réalisation de ce désir ne comble pas le passionné, c'est que ce processus complexe estl'expression du mode d'être par lequel le joueur perçoit le monde et s'y rapporte.

Et cela n'est pas sans souffrance.Étymologiquement, « passion » vient en effet du latin patior , qui signifie « souffrir », « pâtir ».

Ainsi donc, l'homme en proie à la passion vit une situation paradoxale où il sait que ce qu'il fait lui nuit ou va nuire à quelqu'un, mais il nepeut pourtant s'empêcher de le faire.

On peut ici citer la formule paradoxale de Sainte-Beuve, quand il déclare :« l'état de souffrance où je suis continuellement est ma seule excuse ». Juger le comportement d'un homme passionné est donc plus difficile qu'à première vue, et on ne peut à présent plus totalement exclure l'idée que la passion, à défaut d'excuser un acte, peut au moins être unecirconstance atténuante.

Pour s'en convaincre, on peut prendre l'exemple édifiant du crime passionnel.

Le crimepassionnel, même s'il n'a plus d'existence juridique depuis 1791, est en effet différent du crime ordinaire en ce que les acteurs de cette affaire entretiennent une relation amoureuse ou sexuelle.

Il est notable que ce genre de crimesd'amour et de haine a bénéficié de circonstances atténuantes jusqu'en 1975 ! Ainsi, avant cet date, un homme quiaurait trouvé sa femme couchée chez lui avec un autre et qui, hors de lui, l'aurait tuée, n'aurait pas été jugécomplètement responsable ou coupable de cet acte.

Aujourd'hui demeure d'ailleurs encore ancrée dans nosmentalités la certitude que l'amour, la passion ou la jalousie sont des circonstances atténuantes « évidentes », qui entraînent un homme banal à tuer une femme dans un coup de folie (cf.

l'affaire Bertrand Cantat et les réactionscontrastées qu'elle a suscitée).

Nous sommes ici dans un processus dévastateur auquel chaque homme (même un juge !) peut être confronté, bien loin de l'idéal romantique qui prônait l'exaltation de la passion avec la figure del'amoureux, poussé à se dépasser au-delà de lui-même, se rendant ainsi digne de l'amour qu'il réclame. 3- La passion, un déséquilibre qui peut devenir un moteur positif Après ces considérations contrastées sur la passion, demandons-nous tout de même si le déséquilibre causé par la passion peut, in fine , déboucher sur quelque chose de positif. Cela peut sembler curieux, voire paradoxal, mais l'énergie mise par les philosophes évoqués plus haut à combattre la passion et la ferveur avec laquelle ils condamnent ses effets et ses manifestations, ne ressemblent-elles pas elles-mêmes à de la passion, sous les traits d'un amour inconditionnel et irrépressible de la sagesse querien ne peut juguler ? Certes, cette passion inoffensive ne fait pas disparaître les autres, mais elle permet au moinsau sujet d'échapper à une certaine fatalité.

On peut trouver un écho à cela chez Spinoza, quand il écrit que « laconnaissance vraie du bon et du mauvais ne peut, en tant que vraie, réduire aucune affection, mais seulement entant qu'elle est considérée elle-même comme une affection » ( Éthique , IV, 14).

On peut saisir ici qu'entre toutes les affections qui touchent le corps, un équilibre de forces naît et il faut réussir à la faire tenir.

La sagesse consisteraitalors à comprendre cette logique de la passion, son articulation, ses combinaisons, etc.

Cela n'a pas forcémentcomme conséquence de faire de la passion une excuse, mais cela permet au moins de reprendre le dessus sur ellede façon active et non coercitive.

Une fois cette logique des passions acceptée, comment peut-on espérer en tirerle meilleur ? C'est d'une certaine manière ce qu'a voulu montrer Hegel quand il a expliqué que sans la force de la passion,. »

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