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La pensée voltairienne

Publié le 27/05/2011

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Une quête inlassable d'une conception satisfaisante du monde, telle est l'histoire de la pensée voltairienne. Au XVIII° siècle on considère comme philosophe tout homme cultivé au courant du progrès des sciences, qui exerce sa réflexion critique sur les moeurs, les institutions et les doctrines, qui a des idées sur l'homme et le monde. A ce premier étage de la philosophie on peut placer les idées politiques de Voltaire.

« des prêtres, il épouse contre eux les haines accumulées dans le coeur des hommes par des millénaires depersécutions.

Il entend à Ferney, longuement, le témoignage des Calas, des Sirven, sur la barbarie des « arlequinsanthropophages ».

Passionnément, il répète : « Ecrasez l'infâme ! » Même indignation quand il dénonce le sort crueldes noirs victimes de l'esclavage colonial.

Il n'en a pourtant qu'une connaissance livresque, et il s'enrichit lui-même,sinon dans la traite, du moins dans le trafic avec les colonies.

Cela ne l'empêche nullement, de Candide à l'Histoirede Jenni, de plaider pour l'adoucissement du sort des noirs.

Dans ce cas encore, l'humanisme va au delà de la stricteposition de classe.Il en est de même à l'égard du problème de la guerre.

Si dans L'Ingénu le héros devient finalement un bon officier duroi (mais il est nobliau et vit au XVII° siècle) , si l'homme aux quarante écus prévoit et souhaite le service militaireobligatoire des laboureurs citoyens, on rencontre cependant à travers toute l'oeuvre une condamnation violente dela guerre.Ainsi, sur les problèmes cruciaux de la morale, oubliant ou n'apercevant pas encore les intérêts de la bourgeoisie,Voltaire apparaît essentiellement comme le défenseur de l'humanité souffrante.

Se contredisant, il se dépasse, endes instants privilégiés où l'injustice suscite directement en lui le réflexe de l'indignation.

C'est dans un de cesinstants qu'il a écrit (Dictionnaire philosophique, article « Esclaves ») : « Il faut avouer que de toutes les guerres,celle de Spartacus est la plus juste, et peut-être la seule juste.

» La philosophie voltairienne. C'est une constatation curieuse que celle-ci : cet adversaire de la recherche métaphysique que Voltaire passe pourêtre, qu'il veut être effectivement, avait un goût indéniable pour les problèmes métaphysiques.

L'élève brillant desJésuites n'avait rien oublié de ses cahiers de philosophie.

Il avait pris la peine de rédiger dès 1734 un Traité demétaphysique, et n'a jamais cessé de confronter sa pensée avec celle de Pascal.

Mais c'est surtout à partir de 1755qu'il a écrit de nombreux textes consacrés à ces problèmes, que ce soit Le Philosophe ignorant, Tout en Dieu,Commentaire sur Malebranche, Il faut prendre un parti, De l'âme, ou bien les nombreux articles philosophiques duDictionnaire, ou encore des dialogues aussi sévères et sérieux que l'A.B.C.

ou les Dialogues d'Evhémère.

Dans ladernière période, Voltaire, largement dépassé par les matérialistes, réagit en fonction de leurs ouvrages connus,ceux d'Helvétius et de d'Holbach.On peut résumer la métaphysique de Voltaire en trois propositions : Dieu existe, le mal existe, l'âme immortellen'existe pas.

Ces trois propositions ne sont ni ordonnées, ni coordonnées.

Elles apparaissent comme des évidencesparfois contradictoires.

Non que Voltaire ait jamais cru à l'immortalité de l'âme il écrivait : « Toutes lesvraisemblances sont contre elle» ; et en 1772: « L'idée d'une âme, telle que le vulgaire la conçoit ordinairement sansréfléchir, est donc ce qu'on a jamais imaginé de plus sot et de plus fou.

» Sa seule hésitation sur ce point consiste àréserver la toute-puissance du « Grand Etre » : « Mais c'est à celui qui affirme une chose si étrange à la prouverclairement, et comme jusqu'ici personne ne l'a fait, on me permettra de douter.

» Mais le problème vital pour Voltaire a été le problème du mal.

Toute sa vie il répétera ce qu'il fait dire encore àEvhémère : « Il s'agit ici de savoir pourquoi le mal existe ».

Pourtant, dans la première partie de sa vie, il est imbude l'optimisme épicurien des libertins fortunés : « 0 le bon temps que ce siècle de fer », dit-il dans Le Mondain.

Parla suite, il a cru résoudre le problème en s'appuyant sur l'optimisme leibnizien : la Providence n'autorise que lesmalheurs qui prépareront un bonheur, ou évitent un plus grand mal.

Il faudrait donc dire avec Leibniz, avec Wolf,avec le Pangloss de Candide, que ce monde est « le meilleur des mondes possibles ».

Cette attitude commode estd'ailleurs antireligieuse, antipascalienne.

« Si tout est bien, il est faux que la nature humaine soit déchue...

Lanature humaine n'a donc pas été corrompue ; elle n'a donc pas eu besoin de Rédempteur.

» Pangloss sera arrêté parl'Inquisition pour son « optimisme » Mais si envisager le monde et l'avenir avec confiance est le fait d'une classemontante, qui proclame son droit au bonheur, on peut laisser aller « le monde comme il va ».

Voltaire prendconscience, peu à peu, que cette position est mauvaise.

Ses mésaventures le conduisent à espérer de moins enmoins d'un tel compromis.

Une conversion se prépare en lui dès 1752.

Sa correspondance révèle une note pessimistequi s'accroit sans cesse devant la bêtise et la misère humaines.

« La destinée se moque de nous et nous emporte »,nous ne sommes que des marionnettes.

Il ne veut plus admettre en métaphysique la Providence qu'il a rejetée enhistoire ; de ses vastes recherches pour l'Essai sur les moeurs il a ramené d'abord dégoût et scepticisme ; l'universn'est « qu'une vaste scène de brigandage abandonnée à la fortune ».

Le terrible tremblement de terre de Lisbonnejoue dans sa pensée un rôle de catalyseur et lui sert d'occasion pour manifester publiquement le résultat deplusieurs années de réflexions.

Mais sa conclusion n'est pas le pessimisme intégral.

Candide recèle une noteessentielle d'énergie et d'espérance.

Et le Poème sur le désastre de Lisbonne donne la même note : Tout est bienaujourd'hui, voilà l'illusion, tout sera mieux, tout sera bien demain, voilà l'espérance.

Voltaire aboutit à unephilosophie de l'action pratique, à l'idée, qui ressort de l'Essai sur les moeurs, que les hommes s'acheminentlentement vers la compréhension lucide de leur destinée et finalement amélioreront leur condition, malgré les forcesdu passé. La religion de Voltaire. Voltaire s'est toujours présenté comme un déiste convaincu, et il est difficile de supposer qu'il n'était pas sincère.M.

Henri Guillemin a soutenu que c'est pour des raisons de classe que Voltaire a défendu la religion à l'usage dupeuple.

C'est confondre déisme et christianisme.

Ce n'est pas aux paysans qu'est prôné le déisme, mais à la société. »

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