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LA PERCEPTION ET LA PSYCHOLOGIE DE LA FORME

Publié le 18/03/2011

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perception

   A) Les qualités sensibles    La psychologie classique expliquait la perception par une combinaison de qualités sensibles, actuellement données ou remémorées.    La psychologie de la forme (Gestalt-théorie) a mis en lumière une notion différente, la notion de qualités formelles : un carré peut être perçu directement comme carré, une mélodie comme mélodie, sans comparaison préalable, sans jugement, et sans intervention de la réflexion. C'est la mélodie elle-même qui nous frappe, c'est d'elle que nous nous souvenons, et non point des sons qui la composent; la preuve en est qu'en la chantant nous-mêmes il y a de fortes chances, surtout si nous ne sommes pas musiciens, pour que nous la transposions dans un autre ton. Nous avons donc perçu la forme d'ensemble, sans passer par le détail des notes dont la mélodie serait la somme. Les qualités formelles ont au moins autant de réalité psychologique que les qualités sensibles :

perception

« Il faut supposer de deux choses l'une, ou bien que l'expérience dont nous nous servons pour interpréter et organisernos sensations actuelles était déjà elle-même organisée, ou bien qu'elle ne l'était pas. — Si elle l'était déjà, à quel moment l'organisation s'est-elle produite dans l'expérience que la théorie classiqueappelle au secours de la sensation actuelle? Il faudra remonter à une expérience antérieure, et à une autre, c'estdonc une régression à l'infini, ce qui est l'aveu d'un échec. — Si au contraire l'expérience antérieure à la sensation actuelle, et dont on nous dit qu'elle permet d'organiser lessensations actuelles n'était pas elle-même organisée, on peut se demander comment et pourquoi une perceptionarticulée, organisée, celle d'aujourd'hui, a pu sortir de la fusion mystérieuse de sensations actuelles inorganisées etd'images elles-mêmes inorganisées.

Le paradoxe est insoutenable.

Pourquoi des données sensorielles, qui parhypothèse n'ont aucune unité spécifique, évoqueraient-elles, parmi les éléments de notre expérience antérieureceux qui justement sont capables de leur conférer une signification? Qui reconnaîtrait dans le parallélogramme ci-dessous l'hexagone qu'il contient?Les sensations originelles que se donne la théorie classique constitueraient un ensemble aussi difficile à déchiffrerque cet assemblage de lignes, et notre expérience antérieure serait aussi inefficace que notre image ou notre concept de l'hexagone.

On a beau connaîtrel'hexagone à l'avance, si ces données actuelles manquent aussi radicalement d'ordre que le prétend la théorieclassique, la connaissance antérieure ne nous aura servi à rien pour le retrouver dans l'expérience actuelle. La théorie classique invoque aussi le rôle du mouvement.

Mais le mouvement, disent les psychologues de la forme,ne peut contribuer à nous donner des objets individualisés et distincts que s'il est perçu.

D'autre part, il y a desexemples qui montrent que l'individualisation peut fort bien se faire sans le mouvement.

Ce n'est pas le mouvementdes étoiles dans le ciel qui a permis à l'homme, depuis l'Antiquité, de les grouper dans des formes appeléesconstellations puisque toutes les étoiles se déplacent solidairement.

Donc la perception ne dépend pas dumouvement. D) La théorie positive de la Gestalt Il existe dans le champ visuel (car la vue est le sens privilégié, et c'est sur la perception visuelle qu'insiste la théoriede la forme) des « touts » organisés qui se présentent immédiatement comme tels et dont l'organisation nenécessite aucun recours à l'expérience passée.

La perception ne résulte pas d'une sommation ou d'une combinaisonde sensations et d'images; il n'y a pas de sensations pures, il n'y a que des perceptions qui sont caractérisées par lefait que le tout domine les parties, à tel point que les parties sont effaçables, escamotables : seule compte la saisiede l'ensemble organisé.

W.

James et Bergson avaient eux aussi déjà affirmé la prévalence de l'ensemble sur le détail,du tout sur les parties, mais ils insistaient sur le fait que pour le sujet percevant ces ensembles, ces touts sont àl'origine caractérisés par une continuité. Ils pensaient que la première expérience est une expérience sans morcelage et que le découpage en objetsdifférents nous est appris par la vie pratique, le langage qui fabrique des mots différents pour distinguer des aspectsdifférents.

A l'origine, donc, il y avait pour eux continuité et le discontinu ne venait qu'ensuite.

Ce n'est pas le pointde vue des théoriciens de la forme qui pensent que la première expérience du monde ne nous met pas en présenced'une continuité non encore morcelée ; ils affirment que la division du monde en objets différents est un phénomèneprimitif : c'est directement, selon la théorie de la forme, que nous saisissons des « touts » intimement organisés et,par leur organisation même, distincts d'autres touts.

Il n'y a pas besoin d'invoquer l'activité de l'esprit, lemouvement, l'expérience antérieure pour expliquer que nous percevons ici des groupes de trois points : *** *** *** *** Jamais personne n'y percevra spontanément des groupes de deux points.

Ce ne sont pas les images empruntées aupassé, ce sont les conditions objectives externes qui font que nous percevons telle forme et non telle autre. De même dans l'exemple ci-dessus, il n'est pas besoin d'activité de l'esprit pour organiser le contenu fourni par lessens; ce sont des conditions objectives externes qui déterminent l'organisation.. »

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