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LA PHYSIQUE CARTÉSIENNE.

Publié le 24/06/2011

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physique

Il n'y a pas de transition, car il n'y a pas de distinction réelle entre la mathématique universelle et la physique cartésienne, toute a priori. « Je ne reçois point, dit Descartes, de principes en physique qui ne soient aussi reçus en mathématique, afin de pouvoir prouver par démonstration tout ce que j'en déduirai, et que ces principes suffisent, d'autant que tous les phénomènes de la nature peuvent être expliqués par leur moyen. « Pourquoi, d'ailleurs, distinguer les sciences suivant leur objet ? Voici l'intuition la plus profonde du système : à l'encontre de la diversité apparente des ordres de connaissance, Descartes pose l'unité de la pensée créatrice de toute vérité. « Toutes les sciences réunies ne sont rien autre chose que l'intelligence humaine, qui reste toujours une, toujours la même, si variés que soient les sujets auxquels elle s'applique et qui n'en reçoit pas plus de changements que n'en apporte à la lumière du soleil la variété des objets qu'elle éclaire. « C'est par une sorte de déploiement poétique, par une initiative intérieure que pourront être fécondés les germes que nous portons de toute connaissance.

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« Ainsi la cire n'est pas ses qualités sensibles : elle n'existe que pour la pensée, pour l'entendement.

Elle n'a par elle-même aucune consistance, aucune substance : elle n'est qu'en tant qu'elle est pensée, exprimée en relationsintelligibles qui font intervenir la mesure et les nombres (nous dirions, en langage moderne, quoique Descartes n'y aitpas songé explicitement et n'ait voulu dans cet exemple que nous détourner d'une connaissance purementexpérimentale : les caractères chimiques).

« Si l'entendement ne trouvait pas en lui-même la science de l'étendue,toute la substance du morceau de cire s'évanouirait avec les rêveries de l'imagination.

Le morceau de cire n'estsoutenu que par l'étendue intelligible puisque sa grandeur elle-même est susceptible d'augmenter ou de diminuersuivant les circonstances.

» Pour connaître la réalité, il ne s'agit donc pas de la décrire du dehors, de s'en tenir àl'image qu'elle offre d'elle-même et aux impressions qu'elle fait sur nos sens, mais plutôt de l'exprimer en rapportsmathématiques, par la seule vertu de la déduction.

Il faut donc dépasser l'apparence, douter de l'apparence, passerconstamment de l'image à l'idée, ne retenir des choses que leur dimension, leur mesure (or « aucune dimension n'estconçue plus distinctement que la longueur ou la largeur »), bref tout réduire à « des grandeurs à comparer entreelles ».

Il servira beaucoup de ramener ainsi à des grandeurs non seulement des qualités, mais des intensitésqualitatives : « car, bien qu'une chose puisse être dite plus ou moins blanche qu'une autre, un son plus ou moinsaigu, et ainsi du reste, nous ne pouvons néanmoins déterminer exactement si ce plus ou ce moins est en proportiondouble ou triple sauf par une certaine analogie avec l'étendue d'un corps figuré.

» Cette recommandation peut êtregénéralisée, car « ce ne sont pas seulement la longueur, la largeur et la profondeur qui sont des dimensions ; mais,en outre, la pesanteur est la dimension suivant laquelle les choses sont pesées, la vitesse est la dimension dumouvement, et ainsi pour une infinité de choses semblables ».Par le fait même, Descartes élimine la notion d'inhérence : les corps n'ont pas de qualités qui leur appartiennentréellement, pas de forces cachées qui les meuvent, pas de formes substantielles qui déterminent leur matière.

C'estla ruine de la physique d'Aristote qui pensait pouvoir connaître et définir un corps en lui-même par sa forme, lamatière demeurant inconnaissable.

Au contraire, pour Descartes, la matière est entièrement intelligible, elle n'a plusrien d'irrationnel ni de mystérieux, puisqu'elle est « étendue » et n'est qu'étendue.Mais cette étendue qui définit la matière demande à être bien comprise.

Sans doute, l'étendue réelle n'est passéparée d'un sujet et « il n'y a rien que notre imagination perçoive plus facilement ».

Mais l'entendement a droit dedéfinir exactement la vérité de l'idée d'étendue qu'il conçoit.

Or, il faut ici proscrire l'imagination : l'étendue n'estnullement cette forme vague et volumineuse qui nous semble recouvrir et baigner toutes choses.

Nous venons devoir Descartes l'éliminer du morceau de cire.

Il s'agit de l'étendue abstraite et intellectuelle qui est une idée, unjugement, et qui se définit par l'extériorité dans la relation entre les parties d'un tout : étant donné un tout si je ledivise, les parties en sont juxtaposées, extérieures les unes aux autres, et non pas confondues et compénétrées.Sa nature, dit Descartes d'une manière analogue, « consiste tout entière dans un certain rapport de l'objet qu'on ditêtre en un lieu, avec les parties de l'espace extérieur ».Cette idée essentielle de relation spatiale définit, pour Descartes et pour toute la physique moderne, la réalité desphénomènes.

Un phénomène n'existe pas en lui-même; mais seulement comme une dépendante de tous les autresphénomènes.

Une chose est donc désormais une fonction mathématique, une loi.

Reliée à tout l'univers, elle estconnue et déterminée, dans le temps et dans l'espace, par ses relations avec tous les autres phénomènes.

Elle est,à chaque instant, en dehors d'elle-même : c'est l'inversion complète du point de vue aristotélicien.

Il faut faireappel, pour définir un phénomène, à tout ce qui n'est pas lui.Le problème de physique se traite comme le problème de mathématiques, par déduction.

On détermine l'inconnu parses conditions connues.

« Une question étant donnée, il faut s'efforcer avant tout à comprendre ce qu'on cherche »: « se demander à quels signes on reconnaîtra la chose en question », désigner, circonscrire l'inconnu par desconditions précises.

On devra « énumérer » soigneusement toutes les données du problème, recueillir le plus possibled'observations et en dresser l'inventaire ordonné.

Le moindre détail peut avoir une importance capitale : « quisongerait, au premier abord, en observant le vase de Tantale présenté par un jongleur, à examiner le petit troudissimulé sous la figure de Tantale et qui nous révèle le secret de la fuite du liquide et de la double paroi » ? Soit unphénomène tel que les effets de l'aimant.

Il s'agit de l'expliquer en le rattachant à la cause dont il dépend.

Onessaiera de faire la synthèse des « natures simples » dont le mélange est nécessaire pour la production duphénomène, qui sera ainsi « déduit ».

Une relation constante de causalité sera établie entre le fait et ses conditions:« une chose ne saurait en aucune manière changer, l'autre ne changeant pas ».

— L'anaclastique, c'est-à-dire « lacourbe que doit avoir la forme d'un verre pour que des rayons tombant parallèlement se réfractent en un pointunique », se détermine de manière analogue : le rapport entre les angles d'incidence et de réfraction dépend deconditions successives, finalement de la connaissance de la nature de l'action de la lumière et de la nature d'unepuissance naturelle.

On voit par cet exemple l'intérêt que porte Descartes à l'explication causale déductive : iln'abandonne pas l'idée d'une traduction quantitative des phénomènes, mais cette expression mathématique del'univers doit pouvoir s'obtenir par déduction et par construction synthétique a priori.

Dans sa Dioptrique c'est parune construction géométrique sur une ellipse qu'il essaie de déterminer l'anaclastique, afin de fournir à Mydorge desindications sur la taille des verres de lunettes.

Il y tente également une démonstration en règle de la loi de laréfraction, en raisonnant précisément d'après la « nature de la lumière », qu'il assimile au mouvement d'une balle.Enfin, ce n'est pas assez pour lui de connaître expérimentalement la valeur numérique des angles que font, dansl'arc-en-ciel, les rayons réfractés avec les rayons solaires (42° et 52° environ) ; il faut qu'il en donne une magistraledémonstration géométrique.

De même, dans son petit traité de statique 1, il tient à formuler des équilibres unprincipe d'explication absolument général et a priori : le rapport des chemins est la raison du rapport des poids.

Parlà, en définissant la notion moderne du travail d'une force, il rénove les fondements de la mécanique. 2° Physique et métaphysique.. »

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