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La politique a-t-elle pour fin d'éliminer la violence ?

Publié le 16/02/2005

Extrait du document

Si la violence, dans son sens destructeur (le terrorisme, la guerre), constitue une menace pour la société, cette dernière, afin d'assurer sa stabilité et la paix sociale, se donne le droit de recourir à la violence contre la violence (armée, police). Ce droit peut d'ailleurs faire l'objet d'abus illégitimes (totalitarisme, tyrannie). Mais exploiter la peur de la violence pour prévenir la violence peut paradoxalement la redoubler en suscitant du ressentiment (Nietzsche). Pour exclure efficacement la violence collective, ne faut-il pas d'abord canaliser celle des individus, et en faire un facteur d'apaisement ?

Analyse du sujet

·         On confronte ici deux notions. Politique et violence.

·         Politique : de quelle politique parlons-nous ?

o   Soit une politique en tant que débat publique, compétition pour l’accès au pouvoir, qui dans ce cas ne peut prendre en compte une quelconque idée de rejet de la violence : la fin justifie alors tout les moyens ;

o   Soit une politique en tant que programme d’action pour l’ensemble de la communauté. C’est un art, une activité pour l’ensemble des citoyens, qui selon Platon dans la République, est l’« art de l’éducation des citoyens «. En tant que tel, cet art vise, comme tout autre, au mieux être de ce dont il s’occupe.

·         C’est de cette politique là dont il est question dans le sujet qui nous intéresse. Une politique qui a pour fin un bien être de l’humanité, que l’on imagine assez facilement éloigné de toute violence.

·         Violence : qu’est ce que la violence ?

o   La violence est un mouvement destructeur, un phénomène anormal. Cela peut être totalement chaotique, hors de toute spéculation, ou volonté.

o   Cependant, la violence peut aussi être contrôlée, volontaire. Il s’agit alors d’une violence qui obéit à certaine règle et qui, de ce fait, en transgresse d’autres.

·         L’Etat politique s’oppose, en philosophie du même nom, à l’Etat de nature, état d’injustice et de violence (tel qu’il est théorisé par Hobbes). L’homme sort de cet état de nature pour échapper à la violence.

·         De ce fait, la vision du politique aux yeux des citoyens du monde actuel est une vision de Droit : le politique émet les lois, il instaure la règle. Cette règle, accompagnée par une force de Police suffisante, et, en théorie, à même de maintenir tout citoyen éloigné de la violence physique.

·          Cependant, la violence n’est pas que physique, elle est aussi contrainte morale. La question est alors de savoir ce qui, dans la politique, pourrait être contraignant. Les lois qu’elle édicte sont elles en conformité avec celles que connaissait l’homme à l’état de nature ?

Problématisation.

 

La politique ayant pour fin d’éliminer la violence se doit, lors de l’édiction de ses propres lois, de ne pas entrer en conflit avec d’éventuelles autres lois, propres à l’homme cette fois. De plus, l’application même de la loi du politique ne doit pas se faire de façon violente. Est-ce possible ? La politique peut elle appliquer un programme d’action pour tous sans recourir à la force ? Et d’ailleurs, la nature même de la politique n’est-elle pas d’être violente ? Comment faire alors pour sortir de la violence et aller vers un mieux-être de chacun ?

« Le passage de l'état de nature à la société se présente comme le remplacement d'une crainte par une autre.

Dansl'état de nature, l'homme craint son semblable qui peut à chaque instant le tuer ou le déposséder.

Dans la vie ensociété, l'individu craint un pouvoir fort qui garantit sa sécurité mais qui lui demande une obéissance quasi absolue. Pour que ce passage de l'état de nature à la société puisse avoir lieu, il est donc nécessaire que soit mis fin à « la guerre de chacun contre chacun » par un contrat « de chacun avec chacun ». Dans le système de Hobbes , comme cela se trouve chez certains prédécesseurs de Hobbes ou comme chez Rousseau , un contrat liant gouvernant et gouvernés.

Le contrat Hobbes ien est un contrat qui ne lie que les gouvernés entre eux.

Chacun de ceux-ci dit à l'autre en substance : j'accepte de ne pas attenter à ta vie et, enéchange, tu t'engages à faire de même.

Pour garantir cet accord, nous acceptons d'obéir à une autorité dont lafonction sera d'imposer le respect des termes du contrat. La seule limite de cette autorité, et en même temps de cette obéissance, va découler de la « fin » de cette convention, c'est-à-dire de son objectif.

Chacun abandonne l'essentiel de sa liberté au profit de sa sécurité.

Chacunréfrène sa volonté de puissance (Freud dirait ses pulsions agressives) pour ne pas être tué ou blessé par autrui.

Enconséquence pour Hobbes , si le pouvoir souverain veut attenter à ma vie (ou me blesser, m'emprisonner et autres actions qui peuvent entraîner la mort), je me trouve en état de légitime défense et j'ai le droit de résister.

Certainesnuances sont apportées à ce droit de résistance ; ainsi, s'il y a promesse de pardon, je dois m'incliner.

De plus, sesmodalités de mise en œuvre pourraient être mieux précisées.

Mais l'essentiel est qu'il demeure un droit de résistancese rattachant à l'idée que l'organisation sociale a pour but de protéger le corps de l'homme et qu'elle perd son senssi, portant atteinte à ce corps, elle recrée la situation de l'état de nature qu'elle avait pour mission de supprimer.L'individu concerné pourra alors protéger sa vie de la même manière qu'il l'aurait fait à l'état de nature. Nous ne sommes pas dans un système totalitaire qui exige l'anéantissement de l'individu au profit de la collectivité.L'organisation sociale a pour but de protéger l'individu.

Le pouvoir qui fait régner l'ordre est quasi absolu à seule find'éviter la guerre civile qui n'est, en fait, qu'un retour à l'état de nature.

Mais quasi absolu seulement, car cepouvoir souverain est limité par un principe de cohérence qui veut qu'il ne fasse pas ce qu'il a pour fonctiond'empêcher. On voit donc apparaître ici, conjointement au souhait d'un pouvoir concentré et fort, l'idée de droits inaliénables del'être humain, la nécessité d'un respect de l'individu dans son corps, éléments qui peuvent être perçus comme lesprémisses des droits de l'homme. Le meilleur résumé de la façon dont s'établit le contrat est à chercher dans « Léviathan », l'œuvre majeure du philosophe.

Au chapitre 17, celui-ci écrit : « La seule façon d'ériger un tel pouvoir commun, apte à défendre les gens de l'attaque des étrangers, et des torts qu'ils pourraient se faire les uns aux autres, et ainsi à lesprotéger de telle sorte que par leur industrie et par les productions de la terre, ils puissent se nourrir et vivresatisfaits, c'est de confier tout leur pouvoir et toute leur force à un seul homme, ou à une assemblée, qui puisseréduire toutes leurs volontés, par la règle de la majorité, en une seule volonté.

» Cela revient à dire : désigner un homme, ou une assemblée, pour assumer leur personnalité ; et que chacun s'avoueet se reconnaisse comme l'auteur de tout ce qu'aura fait ou fait faire, quant aux choses qui concernent la paix et lasécurité commune, celui qui a ainsi assumé leur personnalité, que chacun, par conséquent, soumette sa vol et sonjugement à la volonté et au jugement de cet homme ou de cette assemblée. Cela va plus loin que le consensus ou concorde : il s'agit d'une unité réelle de tous en une seule et même personne, unité réalisée par une convention de chacun avec chacun passée de telle sorte que c'est comme sichacun disait à chacun : « J'autorise cet homme ou cette assemblée, et je lui abandonne le droit de me gouverner moi-même, à cette condition que tu lui abandonnes ton droit et que tu autorises toutes se actions de la mêmemanière. » Cela fait la multitude ainsi unie en une seule personne est appelée une RÉPUBLIQUE , en latin CIVITAS .

Telle est la génération de ce grand LÉVIATHAN , ou plutôt, pour en parler avec plus de révérence, de ce « dieu mortel, auquel nous devons, sous le Dieu immortel, notre paix et notre protection. » Pour Hobbes , le propre de cette souveraineté est qu'elle est indivisible.

Sur ce point, il s'oppose aux tendances, défendues à son époque, qui aboutiront à cette distribution des pouvoirs mise en œuvre dans laconstitution anglaise et dont Montesquieu s'inspirera. Hobbes refuse que le parlement détienne une partie de la souveraineté.

Ce parlement est seulement auprès du roi pour un rôle de conseil.

Lui allouer ne serait-ce qu'une parcelle de pouvoir reviendrait à introduire le germe dela guerre civile dans l'Etat. Il importe avant tout que la souveraineté ne soit pas divisée, car les troubles commencent quand le citoyen « voit double ».

Le guerre civile naît lorsque les gouvernés ne savent pas à qui obéir.. »

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