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LA POLITIQUE DE PASCAL

Publié le 23/03/2011

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   Le principe de la politique selon Pascal. — La raison des effets. — Opinions du peuple saines. — Trois Discours sur la Condition des Grands.    Pascal n'aurait vraiment pas connu tous les grands aspects de la Nature humaine, s'il avait négligé l'organisation politique des sociétés. D'ailleurs, condiment aurait-il pu n'y point réfléchir, puisque, en dehors de son expérience propre, il était ramené sans cesse par les Essais, à scruter le fondement des lois, et à parcourir en sceptique les lois et les règlements qui maintiennent les hommes en société ?    En effet, il y a une théorie politique et sociale dans le manuscrit des Pensées, aussi bien qu'il y a une Ethique et une « Histoire morale « de l'homme. Cette théorie découle très directement de celle de la « nature de l'homme «. Si nous avons attendu d'en avoir fini avec les courants de l'Apologie pour l'aborder, c'est qu'elle aurait constitué comme une sorte de surcroissance, dans tous les précédents chapitres.

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« Pourquoi choisir celui qui est de meilleure mai son ? Le plus grand des maux est la guerre civile ; elles sont sûres, si on veut récompenser les mérites, car tous dirontqu'ils méritent.

Le mal à craindre d'un sot qui succédera par droit de naissance, n'est ni si grand, ni si sûr (313). La noblesse n'est-elle pas une ineptie ? Dès dix-sept ans, elle met un homme en passe, connu et respecté, comme un autre pourrait avoir mérité àcinquante ans.

C'est trente ans gagnés sans peine (322). Pourquoi devons-nous conserver le passé ? c'est que nous y sommes habitués par la coutume ; cela est conforme ànotre nature ; y toucher serait nous désorienter et nous torturer. Je ne poursuis pas cette revue.

Ces indications suffisent à montrer le sens vers lequel s'oriente la réflexion dePascal ; pour lui, l'anarchie, la guerre, le désordre, sont les plus grands des maux, la concupiscence s'y déchaînelibrement, et détruit l'homme même.

La science politique a donc pour premier devoir d'élever et de consolider desbarrières inébranlables.

Ces barrières ne peuvent pas être telles que les concevrait un sage pour des gensraisonnables ; il les faut conformer à la nature des fléaux à quoi elles s'opposeront, et de l'homme à qui elless'appliquent. Pascal a remarqué que, si les philosophes et les beaux esprits ont mal vu la « raison des effets » et la « grandeur »contenue dans l'ordre social, le peuple, au contraire, par son instinct irréfléchi, s'est rendu compte que cet ordreétait fondé sur des « raisons », quoiqu'il n'ait pas vu ces raisons.

C'est ce qui le conduit à faire un certain nombrede remarques intitulées : Opinions du peuple saines.

Le fragment 324 les résume et en est un bon échantillon : Le peuple a les opinions très saines ; par exemple : . 1° D'avoir choisi le divertissement et la chasse plutôt que la prise1.

Les demi-savants s'en moquent, et triomphent àmontrer là-dessus la folie du monde ; mais, par une raison qu'ils^ne pénètrent pas, on a raison ; 2° D'avoir distingué les hommes par le dehors, comme par la noblesse ou le bien.

Le monde triomphe encore àmontrer combien cela est déraisonnable ; mais cela est très raisonnable (cannibales se rient d'un enfant roi) ; 3° De s'offenser pour avoir reçu un soufflet, ou de tant désirer la gloire.

Mais cela est très souhaitable, à cause desautres biens essentiels qui y sont joints ; et un homme qui a reçu un soufflet sans s'en ressentir est accabléd'injures et de nécessités ; 4° Travailler pour l'incertain ; aller sur la mer ; passer sur une planche. Voici enfin un autre de ces fragments, « Opinions du peuple saines », où Pascal, reprenant une idée de Montaigne,explique pourquoi le peuple juge bien, là où les habiles se trompent. Opinions du peuple saines Le monde juge bien des choses, car il est dans l'ignorance naturelle, qui est le vrai siège de l'homme. Les sciences ont deux extrémités qui se touchent.

La première est la pure ignorance naturelle où se trouvent tousles hommes en naissant.

L'autre extrémité est celle où arrivent les grandes âmes, qui, ayant parcouru tout ce queles hommes peuvent savoir, trouvent qu'ils ne savent rien, et se rencontrent en cette même ignorance d'où ilsétaient partis ; mais c'est une ignorance savante qui se connaît.

Ceux d'entre deux, qui sont sortis de l'ignorancenaturelle, et n'ont pu arriver à l'autre, ont quelque teinture de cette science suffisante, et font les entendus.

Ceux-là troublent le monde, et jugent mal de tout.

Le peuple et les habiles composent le train du monde ; ceux-là leméprisent et sont méprisés.

Us jugent mal de toutes choses, et le monde en juge bien (327). * * * Cela ne signifie point que le monde soit gouverné toujours avec sagesse et raison. Il y a de l'injustice au fond des choses.

Le point de départ de la civilisation, c'est-à-dire la propriété, ou plutôtl'appropriation à soi d'un animal ou d'un coin de terre, est une injustice parce que c'est un effet de cet égoïsme parlequel l'homme se détachant du « centre » se fait centre lui-même. Mien, tien.

Ce chien est à moi, disaient ces pauvre? enfants ; c'est là ma place au soleil.

Voilà le commencement etl'image de l'usurpation de toute la terre (295). Les lois les plus saintes, les droits les plus terribles, celui de tuer par exemple, sont livrés au hasard.. »

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