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La pornographie est-elle immorale ?

Publié le 27/02/2008

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Néanmoins, la pornographie peut reposer sur le consentement. S'y opposer, c'est faire preuve de "paternalisme", c'est-à-dire nier la liberté d'autrui, ce qui est proprement immoral.     ·                     On peut tout d'abord remettre en question l'amour, comme illusion. Dès lors, la "moralisation" de la sexualité ne serait qu'illusion. C'est que qu'accomplit Lucrèce De natura rerum IV, v. 1092-1096 : l'accouplement ne permet pas de réduire l'autre qui reste insaisissable. « D'un beau visage et d'un bel incarnat [teint, couleur de la peau d'un rouge clair et vif] rien ne pénètre en nous dont nous puissions jouir ». L'amour est condamnable non comme sexualité ou sensualité mais comme illusion (est illusion ce qui n'a pas de rapport avec la réalité sensible ou matérielle). L'amour est jeu de simulacres, phantasme, mais douloureux de par le caractère insaisissable de la beauté. On ne possède que le plaisir et jamais la femme.

 

Au premier abord, la pornographie, définie comme représentation explicite de la sexualité, peut sembler choquante. En effet, on considère en général que la sexualité humaine doit s'intégrer dans une relation amoureuse, seul lieu en lequel elle prendrait son sens véritable. Or, l'amour suppose une certaine intimité, la prise en compte de personnes individuelles, ceci s'avérant incompatible avec une représentation objectifiante de rapports sexuels qui n'ont pour fin que la seule excitation. Dans cette optique, la pronographie serait immorale parce que, représentant explicitement des rapports sexuels, elle impliquerait une négation du désir amoureux au profit de la pulsion animale, dans le fait même de cette représentation. Autrement dit, l'amour serait irreprésentable et une sexualité sans amour, immorale. Mais, en un autre sens, ne peut-on pas détacher la question de l'amour de celle de la sexualité ? Si un amour sans sexualité est possible, alors cela indique qu'il n'y a pas de rapport nécessaire entre les deux, et donc, qu'il est possible inversement que la sexualité ne suppose pas l'amour. Dès lors, la représentation explicite de la sexualité pourrait n'être ni morale ni immorale en soi, mais uniquement, comme c'est le cas pour de nombreuses autres activités et représentations, de façon extrinsèque (dans l'excès par exemple). Il faudra donc s'interroger sur le rapport entre le pornographique et le désir érotique. L'enjeu est la question de la valeur et de l'essence du désir sexuel.

 

« Kant que la distinction essentielle est celle des personnes et deschoses, et qu'on ne peut permettre à quiconque d'être utilisé au sensque l'objectification d'une personne est immorale, alors la pornographieest en outre immorale parce que la relation sexuelle est, de soi,immorale.

L'activité sexuelle est utilisation de l'autre et dès lors,suppose le mariage (comme don réciproque qui produit une "volontéunifiée" de deux volontés au départ disjointes) pour se moraliser(Doctrine du droit § 24).

Le désir sexuel étant essentiellement convoitise, dans cette logique, la pornographie qui est la mise enscène de la convoitise, et qui la suscite, est d'essence immorale.Comme représentation, elle donne à voir comme objet, elle estobjectifiante et donc par essence immorale.

Elle considère l'autre"comme un moyen" et non "comme une fin", contrairement à la maximede la moralité de la Critique de la raison pratique . · C'est, comme le remaque Sarte dans l' Etre et le Néant , de l'essence du désir sexuel d'êtreobjectifiant (III, chap.

III, 2) : il y a un idéal impossible du désir(sexuel) : « posséder latranscendance de l 'autre comme pure transcendance et pourtantcomme corps ».

"l'être-pour- autrui" est "conflit" entendu comme « projet d'unification » qui poursuit« la disparition du caractère d'altérité d'autrui », son « identificationau moi ».

Il s'agit d'agir sur la « liberté d'autrui »pour la nier commetelle, pour opérer « l'assimilation à moi de l'autre liberté ».

L'expérienceamoureuse relève alors du conflit.

L'amour n'est en outre pas simplevolonté de « possession physique » mais volonté de « captiver laconscience ».

D'où l'aporie fondamentale de l'amour, vouloir « posséderune liberté comme liberté ».

La pornographie serait donc, si tel estbien l'essence du désir sexuel, immorale car promotion de cettedomination de l'autre.

Dans cette logique, un certain mouvementféministe à pu s'opposer, notamment aux Etats-Unis, à la pornographiecomme mettant en scène des rapports de dominations des femmes parles hommes, et devant dès lors être condamnée comme immorale. · Transition : dès lors, la pornographie est d'essence immorale car elle exclut par principe l'amour, et son insitution le mariage.

Eneffet, seul l'amour est susceptible de moraliser le rapport sexuel qui est essentiellement un rapport dedomination.

Le présupposé ici mis à l'oeuvre est double : une certaine conception du désir comme manquequi cherche à conquérir (le désir est convoistise), et le rôle moralisant de l'amour. 2.

Néanmoins, la pornographie peut reposer sur le consentement.

S'y opposer, c'est faire preuve de"paternalisme", c'est-à-dire nier la liberté d'autrui, ce qui est proprement immoral.

· On peut tout d'abord remettre en question l'amour, comme illusion.

Dès lors, la "moralisation" de la sexualité ne serait qu'illusion.

C'est que qu'accomplit Lucrèce De natura rerum IV, v.

1092-1096 : l'accouplement ne permet pas de réduire l 'autre qui reste insaisissable.

« D 'un beau visage et d 'un bel incarnat [teint, couleur de la peau d 'un rouge clair et vif] rien ne pénètre en nous dont nous puissions jouir ».

L 'amour est condamnable non comme sexualité ou sensualité mais comme illusion (est illusion ce qui n'a pas de rapport avec la réalité sensible ou matérielle).

L 'amour est jeu de simulacres, phantasme, mais douloureux de par le caractère insaisissable de la beauté.

On ne possède que le plaisir et jamais la femme.

Leremède : « Fuir l 'amour n 'est pas se priver des joies de Vénus / C 'est au contraire en jouir sans payer la rançon » (IV, v.

1073-1074).

Il faut aller plus loin et condamner tout désir (IV, v.

1086-1104) au profit dubesoin.

Si le second est manque qui peut être comblé par le plaisir, le désir est une tendance à se portervers le rien, il est vain, il est porté vers un objet irréel qui ne peut apporter la jouissance.

L 'amour est ainsi un jeu de simulacres (particules qui se détachent de l 'enveloppe extérieure des corps, viennent frapper nos corps et produire en nous des images).

Dès lors, dans cette logique, la pornographie correspondant à unbesoin, elle doit être valorisée au détriment de cette illusion qu'est l'amour. · En outre, la perspective kantienne qui suppose que la pornographie réduit les acteurs à des objets ne prend pas en compte le consentement de ceux-ci, ni ne prend en compte la question du jeu (faire"comme si"), qui est au coeur de la sexualité, même amoureuse et non représentée. C'est faire preuve de "paternalisme" que de condamner la pornographie comme immorale, si l'immoralité consiste à considérer autruicomme un objet.

En effet, c'est considérer que le consentement des individus en question n'est pasacceptable moralement, mais alors c'est faire ce que l'on dénonce : considérer autrui comme non autonome,non susceptible d'être libre de ses choix.

Si l'on pousse cet argument, alors est immorale l'opposition deprincipe à la pornographie, puisqu'elle s'identifie à une opposition à la liberté (notamment d'expression). · Enfin, comme le remarque Foucault dans son Histoire de la sexualité , la moralisation de la sexualité va avec la question de la domination : vouloir légiférer sur la sexualité, c'est vouloir contrôler la vie, les. »

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