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La question du déterminisme

Publié le 05/01/2020

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question

de l'autre. D'autant plus libre est notre jugement - et l'action qui en découle - qu'il est déterminé, c'est-à-dire fondé en raison. Descartes; on s'en souvient, fait de la liberté d'indifférence le plus bas degré de la liberté (cf. texte 4, ch. 1).

 

Cependant Descartes affirme au même moment que nous avons un libre-arbitre, c'est-à-dire une.volonté libre, que rien ne saurait contraindre, pas même l'évidence, ce dont le pouvoir de douter, y compris des vérités les plus assurées, témoigne suffisamment (texte 18). C'est que le pouvoir de juger suppose que le sujet puisse prendre une distance à l'égard de l'objet. Admettre la nécessité suppose qu'elle soit reconnue, et pour qu'elle soit reconnue, il faut d'abord que nous puissions en être distincts. C'est cette distinction que pose toute conscience entre elle et le monde, autrement dit cette transcendance par rapport au monde qui fait de l'homme un sujet libre, et non pas seulement un objet.

des prévisions certaines et calculables. C'est seulement par défaut de connaissance que nous introduisons une contingence dans le monde. En réalité, il nous faut envisager, écrit Laplace, « l'état présent de l'univers comme l'effet de son état antérieur et comme la cause de ce qui va suivre » (texte 15).

 

Les découvertes récentes de la physique des particules - et notamment les relations d'incertitude énoncées en 1927 par Heisenberg - ont parfois été interprétées comme une remise en cause du principe du déterminisme. Il est en effet impossible de prévoir la trajectoire d'un électron : plus est calculée avec précision sa position, moins il est possible de calculer sa vitesse et réciproquement. On a pu ainsi parler d'un « libre-arbitre » de l'électron. Il faut toutefois remarquer que la limite de la prévisibilité ici ne résulte pas d'un défaut de notre connaissance. Elle est au contraire posée par elle : les relations d'incertitude constituent une loi physique, dont la formule se vérifie toujours.

 

Néanmoins, une telle découverte a ouvert une période de crise dans le monde de la science contemporaine et permis des discussions fécondes. Si le déterminisme reste et demeure un principe épistémologique et heuristique indépassable, son affirmation comme principe ontologique absolu relève en fait d'une métaphysique qui s'ignore parfois elle-même. Car il faut sortir de ce monde pour pouvoir prendre sur lui un point de vue qui en embrasse la totalité. Un tel point de vue ne pourrait être que celui de Dieu.

 

Comment, dès lors, tenter de comprendre les rapports du déterminisme et de la liberté? Faut-il, comme le suggère, par exemple, le philosophe et physicien Karl Popper, introduire une dose d'indéterminisme dans la nature, et défendre l'idée d'une liberté restreinte dans un monde ouvert (texte 16)? Ou bien faut-il penser, avec Engels (texte 17) que la liberté résulte moins d'une « indépendance rêvée à l'égard des lois de la nature » que d'une connaissance des déterminismes, seule capable d'accroître notre pouvoir d'action ?

 

Déterminisme et liberté sont en réalité non seulement compatibles, mais encore en quelque façon garants l'un

question

« affirmer qu'il existe une part d'indétermination ou de contingence dans le monde ? Tel fut sans doute le point de vue d'Épicure.

Pour sauver l'homme du désespoir qu'engendre l'idée de destin, Epicure soutient qu'il existe dans un monde uniquement constitué d'atomes et de vide une part de liberté.

À un moment indéterminé de leur trajectoire, les atomes s'écartent de la verticale : c'est le fameux clinamen, grâce auquel les atomes se croisent et s'entrechoquent, donnant ainsi naissance à des formes nouvelles.

C'est par cette déclinaison que «la lib.erté est accordée sur terre à tout ce qui respire ».

C'est elle qui «nous permet de changer de direction, sans être déterminés par le temps ni par le lieu, mais suivant le gré de r:iotre esprit lui-même)) (Lucrèce, De la nature).

Aristote, de son côté, soutient l'idée d'une contingence au sein de la nature.

Contre les philosophes mégariques 1 et notamment contre Diodore à qui est attribué le fameux argument dit « paresseux», parce qu'il conduit à un fatalisme rigoureux -Aristote affirme que l'avenir est indéterminé et qu'il existe des «futurs contingents>) : «Nécessairement, il y aura demain une bataille navale ou il n'y en aura pas; mais il n'est pas nécessaire qu'il y ait demain une bataille navale, pas plus qu'il n'est nécessaire qu'il n'y en ait pas>> (Aristote, De l'interprétation).

La nécessité existe dans le domaine du discours, parce qu'il est soumis au principe de contradiction, mais dans le monde physique et de l'action humaine, il y a place pour la contingence : ce qui existe aurait pu ne pas être.

Le déterminisme, outil de la liberté Cependant le développement des .sciences, et notamment de la mécanique classique, a semblé devoir conduire à l'idée d'un déterminisme radical.

La mécanique classique repose en effet sur le fait qu'il existe des objets caractérisés par des grandeurs mesurables, qui autorisent 1.

Philosophes grecs de l'école de Mégare, fondée par Euclide.. »

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