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La question du "qui suis-je ?" admet-elle une réponse exacte ?

Publié le 09/11/2009

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question

1. Oui, la question « qui suis-je ? « admet une réponse exacte

A. Mon identité s'affirme dans la permanence. Il est un fait que si je me demande à tout moment qui je suis, je suis à même de me rappeler mon identité. Non seulement je sais tout le temps qui je suis, mais j'ai même conscience d'être toujours le même malgré les modifications de ma personne : l'évolution de mon caractère, l'extension de mes connaissances, la multiplication de mes relations à autrui ne ruinent pas mon identité et, si je sais avoir changé pendant une certaine période, je sais aussi que c'est la même personne qui a changé. Certes, ce que je suis peut être affecté et transformé au cours du temps mais cela ne me semble pas de prime abord affecter la permanence de la personne que je suis. J'ai perpétuellement conscience que le référent du « je « que j'emploie pour parler de moi au passé, au présent ou bien encore au futur, est toujours le même. L'exacte réponse à la question « qui suis-je ? « consisterait donc en une affirmation de la permanence de ma personne que symbolise, par exemple, mon nom.  

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« ce qui n'est pas erroné, ce qui est d'une certaine manière véridique.

Si l'on réduit ainsi l'expression « réponse exacte», alors il faut dire que la question « qui suis-je ? » admet effectivement une telle réponse.

Cependant, ce serait làappauvrir considérablement la signification de l'expression qui peut être comprise encore comme « réponserigoureuse », ou bien encore « réponse exhaustive et définitive ». 2.

Non, la question « qui suis-je ? » n'admet pas de réponse exacte A.

La question est toujours reconduite au cours du temps Affirmer que l'on puisse apporter une réponse exacte à la question « qui suis-je ? » suppose donc que l'on tente de constituer une véritable connaissance de ce « je ».Autrement dit, ce que l'on exige ici est une connaissance parfaite et entière de la conscience que j'ai de moi et nonplus seulement une simple conscience de soi et la signification du fait d'avoir conscience de soi.

Or si j'aiconscience, comme nous l'avons dit plus haut, de la permanence de ce « je », il ne s'agit que d'une conscience etnon d'une connaissance.

Au contraire même, si j'ai pleinement conscience que ce « je » que je convoque pour parlerde moi aussi bien au passé qu'au présent est affecté d'une certaine continuité, je sais aussi pertinemment que ce «je » que j'étais et tel qu'il était dans le passé m'est à jamais inaccessible.

Ce « je » que j'étais est pour moi uneénigme dans la mesure où, si je tente de l'approcher et de l'envisager, c'est à partir du « je » que je suis maintenantet qui est affecté d'une mémoire plus grande, d'autant plus grande que je choisis un « je » éloigné dans le temps.

Letemps de la conscience, comme l'explique Bergson dans Matière et Mémoire, n'est pas en effet le temps desphysiciens, c'est-à-dire un temps qui n'est pas du temps, un temps spatialisé dans lequel on pourrait se déplacer àsa guise et choisir un point quelconque comme référent.

Le temps de la conscience est la durée, autrement dit unesuperposition constructive et synthétique des expériences du moi.

Bergson affirme ainsi qu'« on chercheraitvainement, en effet, à caractériser le souvenir d'un état passé si l'on ne commençait par définir la marque concrète,acceptée par la conscience de la réalité présente ».

Aussi la vision que je peux avoir du « je » passé n'est-elletoujours que la représentation de ce « je » dans le présent en fonction et selon les caractéristiques et la mémoirede ce « je » présent d'où je parle toujours. B.

Il y a une part d'inconscient en moi On pourrait cependant objecter ici que la question « qui suis-je ? » est au présent et que le fait de ne pouvoir répondre exactement à la question « qui étais-je ? » importe peu pour leprésent problème.

Il nous faut à la fois invalider et tenir compte de cette objection.

Nous pouvons tout d'abord larejeter relativement facilement en rappelant que ce « je » présent, si l'on veut se concentrer exclusivement sur lui,est toujours le produit et la synthèse, pour une part au moins, des « je » passés ; il serait donc artificiel de leconsidérer comme détaché et sans lien avec le passé.

En bref, la connaissance exacte du « je » présent exige laconnaissance des « je » passés à laquelle nous ne pouvons accéder justement parce que nous sommes un « je »présent.

Mais, si nous persistons à vouloir tenir compte de l'objection, il faut encore ajouter que la connaissance dece « je » présent exige une parfaite transparence du sujet à lui-même.

Or peut-on être assuré d'une telletransparence ? Rien n'est moins sûr.

Déjà Leibniz, dans les Nouveaux Essais sur l'entendement humain, disait que «c'est une grande source d'erreurs de croire qu'il n'y a aucune autre perception dans l'âme que celles dont ons'aperçoit ».

Aussi semble-t-il peu probable que le contenu de la conscience à un moment donné coïncideexactement avec le contenu de tous les processus psychiques impliqués.

Enfin, le travail de la psychanalyse nous amontré à quel point, selon le mot de Freud dans Essais de psychanalyse appliquée, « le moi n'est pas maître dans sapropre maison ».

L'essentiel du travail psychique est en effet inconscient et le moi n'est pas à même d'examiner lescoulisses de la conscience, il existe en quelque sorte un point aveugle de la conscience qui se trouve être le centrede son élaboration.

Aussi toute réponse à la question « qui suis-je ? » est-elle condamnée à rester partielle etlacunaire et donc inexacte. C.

Le caractère irréductible de la subjectivité interdit toute détermination exacte Une « réponse exacte » peut encore s'entendre comme une réponse de type scientifique, dans le sens où l'on parle de sciences exactes,c'est-à-dire comme un énoncé formel constituant le théorème d'une théorie plus générale s'inscrivant dans uneaxiomatique.

Mais puis-je décrire en ces termes ma personne ? Quand bien même on ferait fi des problèmes del'inconscient et du temps, il resterait encore celui-ci.

Le sujet que je suis peut-il être intégralement et justementdécrit puis réduit en équations ou en tout autre discours formel ? Ce « je » est ce qui pense, ce qui veut, ce quidésire, ce qui agit, ce qui ressent, en moi : toutes ces facultés peuvent-elles constituer les objets d'une ou mêmede plusieurs sciences (une réponse exacte ne désigne pas nécessairement une réponse simple, concise ou rapide) ?La psychologie et la psychanalyse, la physique, la biologie, la neurobiologie épuisent-elles le champ d'extension dusujet ? Rien n'est moins sûr.

En effet, même si toutes ces sciences étaient arrivées à un point de raffinement telqu'aucune réaction, aucune pensée consciente et aucun processus inconscient, aucun sentiment éprouvé par lesujet ne leur échapperaient, elles resteraient aveugles à un élément fondamental qui est l'effet que cela fait d'êtrece sujet qui pense, réagit et ressent. Transition Le « je » est un objet particulier qui exige pour son étude qu'on le considère à la fois et en même temps comme sujet et comme objet.

La réponse exacte à la question « qui suis-je ? » serait dès lors du type « je suis unechose qui pense, ressent et veut, autant d'actions descriptibles en droit par des discours rigoureux appropriés et jesuis en outre une chose qui se sait elle-même être ce sujet-ci qui pense, ressent et veut ».

L'objectivation du « je» constitue ainsi l'assurance qu'on l'étudiera non seulement partiellement mais en plus dans ce qu'il a de moinsessentiel et caractéristique, c'est-à-dire comme objet et non plus comme ce qu'il est, un sujet. 3.

La question admet une réponse exacte qui ne constitue pas une connaissance A.

Il n'y a pas de connaissance possible du « je » Il faut donc bien admettre qu'une connaissance exhaustive et. »

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