La raison est-elle étrangère au sentiment de pitié ?
Publié le 24/05/2012
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C'est pourquoi la raison ne remplace pas la pitié. Elle ne la remplace pas chez celui qui souffre : bien plus que l'homme heureux et bien portant, il est fort sensible aux marques d'intérêt et de sympathie ; il ne lui suffit pas d'obtenir les soins et l'aide que demande son état, il lui faut aussi la chaleur...
«
Il.
- DISCUSSION
A.
Comme tout paradoxe, cette thèse contient une part
de vérité, plus de vérité même que, à 1 'extrême opposé, une
morale de la pitié,
la pitié, en effet, n'est moralement bonne
que dans les
limites de la raison.
Dans la mesure où elle éclipse
la raison, la conduite compatissante, sans être mauvaise et
inutile, perd de sa valeur et n'atteint pas si bien son but.
B.
Mais l'idéal que propose l'affirmation soumise à notre
jugement est chimérique parce
qu'il implique une méconnais
sance fondamentale
de la nature humaine.
L'homme est un
esprit incarné dans un corps et non un pur esprit.
Ou encore :
l'âme humaine
n'est pas seulement inteliectuelle, elle est aussi
sensible
ou affective.
Dans le domaine des idées, pures comme
les mathématiques, il
est sans doute possible de procéder avec
l'intelligence pure: mais il en est autrement dans les sciences
humaines
et à plus fo1te raison dans les rapports avec celui
qui souffre :
on ne va que partiellement à lui si on n'y va qu'avec
l'intelligence ou la raison, et c'est un effort contre nature que
de
s'évertuer au refoulement de la pitié.
C.
C'est pourquoi la raison ne remplace pas la pitié.
Elle
ne la remplace pas chez celui qui souffre : bien plus que l'hom
me heureux et bien portant, il est fort sensible aux marques
d'intérêt et de sympathie ; il ne lui suffit pas d'obtenir les soins
et l'aide que demande son état, il lui faut aussi la chaleur
humaine qui se manifeste dans la
pitié.
Il en est de même de
celui qui secourt le malheureux : aussi conforme
à la raison
que
soit son comportement, s'il reste sans pitié il est inhu
main.
Sans doute, il peut, pour mieux accomplir une action
humanitaire,
refouler le sentiment et paraître sans pitié (l'exem
ple du chirurgien) : mais la pitié reste sous-jacente, et c'est
elle, en somme, qui commande alors l'insensibilité de l'attitude.
Quant à l'attitude contraire qui consisterait à donner les signes
extérieurs de
la pitié sans l'éprouver intérieurement, elle impli
querait une duplicité mensongère que la raison elle-même ne
saurait approuver.
Conclusion.
-
Pour être bonne et vraiment utile, la pitié
doit être pénétrée de raison et contrôlée par la raison.
Mais
nos relations avec les autres, si la raison
en éliminait la vie
affective
et avec elle la pitié, deviendraient inhumaines, per
dant du même coup le principal de leur charme et de leur effi
cacité..
»
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