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La raison évolue-t-elle ?

Publié le 27/02/2008

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Si toutes nos connaissances reposent en définitive sur des intuitions qui nous font atteindre la réalité elle-même, notre savoir est considérablement étendu par l'élaboration rationnelle du donné intuitif : grâce à la raison, l'esprit, en se fondant sur les données expérimentales, déborde toujours plus le domaine de l'expérience; ensuite, par une organisation logique des connaissances acquises, il approfondit sans cesse son intelligence du réel. Or, l'armature de cette activité et de ce savoir est constituée par les principes de la raison : dans les sciences mathématiques, dont l'objet n'est qu'une abstraction de l'esprit, n'intervient que le principe d'identité avec ses dérivés, le principe de contradiction et le principe du tiers exclu; dans les sciences expérimentales qui cherchent à déterminer les lois de la réalité concrète, comme d'ailleurs dans la pensée pratique complètement engagée dans le réel, les principes que nous venons d'énumérer restent toujours nécessaires pour assurer la correction logique des opérations mentales; mais le levier essentiel du progrès, de la découverte et de la preuve est le principe de raison suffisante qu'on invoque le plus, souvent sous une de ses formes dérivées, le principe de causalité et le principe de finalité.

« l'infiniment petit.a) La variabilité de la pensée des hommes suivant la latitude, la civilisation et même les dispositions individuelles aété signalée depuis qu'on réfléchit et a fourni le principal argument des sceptiques de tous les temps..

Mais on aprocédé au cours de ce siècle à une étude plue méthodique des mécanismes intellectuels des diverses catégoriesd'humains et on a cru observer en particulier que les principes directeurs de la pensée changent quand on passe del'enfant à l'adulte ou du primitif au civilisé.

Qu'il nous suffise de rappeler les travaux de PIAGET et ceux de LEVY-BRUHL.Jean PIAGET a mis en relief les incohérences de la pensée enfantine, qui ne devient rationnelle que peu à peu, parl'action de l'expérience, de l'éducation et de la vie collective : pour l'enfant, les mêmes causes peuvent produire deseffets différents, et le principe de causalité manque de la rigueur qu'il présentera plus tard; parfois même sa pensées'évade des cadres du principe des principes, le principe d'identité, et il émet des affirmations qui se contredisent lesunes les autres.Semblables aux enfants, les primitifs ne sont pas sensibles à la contradiction, et LEVY-BBUHL, se fondant enparticulier sur le fait qu'ils admettent une « participation » des êtres les uns aux autres, leur a attribué une «mentalité prélogique », la logique et les principes rationnels qui en sont le levier étant une acquisition de lacivilisation.A vrai dire, ces observations ne sont guère probantes, et les auteurs qui les ont faites en ont conclu à l'acquisitionprogressive plutôt qu'à la mutabilité véritable des principes.

Les illogismes des enfants et des primitifs peuvents'expliquer, soit par leur maladresse d'expression, soit par l'étroitesse de leur esprit, qui ne leur permet pas les vuessynthétiques nécessaires pour apercevoir les contradictions..

Pour PIAGET, les principes ne sont pas reçus tout faitsdu dehors, du milieu physique ou du milieu social : ils résultent d'une assimilation; la raison est préformée à l'étatvirtuel chez l'enfant, et c'est elle qui élabore lentement le donné de l'expérience pour le faire entrer dans sescadres, prenant en même temps conscience d'elle-même.

Bien plus, LEVY-BBUHL, qui avait d'abord conclu de sesobservations au caractère évolutif des principe», est revenu de ses affirmations premières : « Du point de vuestrictement logique, écrivait-il dans ses Carnets, en 1938, une année avant «a mort, aucune différence essentiellen'est constatée entre la mentalité primitive et la nôtre...

la participation même n'implique rien qui, par essence, soitincompatible avec le principe de contradiction ». »

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