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La recherche de la vérité en question

Publié le 08/01/2020

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question
à nos sens) ne sont peut-être que des images, éloignées et trompeuses, de la vérité véritable {cf. texte 1).
La recherche de la vérité est ainsi difficile car elle prescrit à l'intelligence une méthode, c'est-à-dire une discipline (cf. texte 3). Elle installe donc l'esprit dans l'effort en lui imposant de modifier ses habitudes intellectuelles, en mobilisant l'esprit critique et en traquant ce « vraisemblable », dont on se satisfait trop souvent à bon compte, justement parce qu'il ressemble au vrai, alors qu'il n'est peut-être qu'un préjugé, une idée trop vite pensée, mal analysée : une opinion*.
La recherche de la vérité commence alors par une activité véritablement destructrice : la remise en cause des opinions qui nous servent ordinairement, mais mal, de vérités.
Les démarches de Platon et de Descartes sont ici exemplaires.
Platon commence, dans ses Dialogues, par mettre en scène I' « ironie » de son maître Socrate, c'est-à-dire par faire voler en éclat le « bon sens », I' « évidence commune », l'opinion que chacun s'empresse de donner en réponse aux questions, empêchant par là-même le questionnement véritable de se produire, avec ses incertitudes, ses embarras, ses hésitations, qui sont pourtant le moteur véritable de la recherche de la vérité (cf. texte 2).
Descartes, lui; commence par mettre systématiquement en doute tout ce qu'il a « reçu pour vrai », afin d'établir « quelque chose de ferme et de constant dans les sciences » (Méditations métaphysiques, I). Ce doute rigoureux, qui traite le vraisemblable comme le faux, ou veut voir sa vérité formellement établie, est ainsi méthodique, conçu pour mettre en évidence l'indubitable : « rejeter la terre mouvante et le sable [les opinions incertaines] pour trouver le roc et l'argile [la vérité certaine] » (Discours de la méthode, IIIe partie). Il diffère en cela de la démarche des sceptiques, pour qui le doute est une fin en soi (ils « ne doutent que pour douter et affectent d'être toujours irrésolus », ibid.}.
3. Il existe une troisième difficulté à la recherche de la vérité. Et elle est majeure. La quête de la vérité est en effet souvent déçue. L'esprit peut même plus facilement énoncer les raisons de douter que produire les preuves qui transforment ses croyances en certitudes. Cela signifie que la recherche de la vérité ne peut guère éviter de rencontrer
l'objection du scepticisme*. Elle ne peut donc éviter non plus d'y répondre honnêtement : quelles sont les limites, mais aussi les vertus du scepticisme ?
Le scepticisme est fondé sur la suspension du jugement. Il consiste non à « dire que ne... pas », mais à « ne pas dire... que » : non affirmer que la vérité est inaccessible, mais ne pas affirmer non plus qu'elle est atteinte, comme le fait le dogmatisme. Le doute* est alors l'attitude sceptique par excellence : non pas, comme chez Descartes, un doute provisoire et méthodique, mais un doute définitivement suspensif.
Une des origines du scepticisme grec est la thèse du sophiste Protagoras (Ve siècle av. J.-C.), qui affirme que « l'homme est la mesure de toute chose ». Autrement dit, il n'y a pas de vérité universelle : tout est relatif et « à chacun sa vérité ». Platon avait déjà critiqué ce relativisme en montrant son impossibilité logique : affirmer que toute vérité est relative aux individus est contradictoire, parce que Protagoras l'affirme... comme une vérité ! Si l'homme est la mesure de toute chose, si toutes les opinions se valent, et valent toutes comme vérité, pourquoi écouter Protagoras et suivre son enseignement ? L'affirmation « à chacun sa vérité » est contradictoire parce que si elle dit vrai, elle dément ce qu'elle énonce. Ou bien il n'y a pas lieu de croire Protagoras, ou bien il dit vrai... mais alors il se trompe !
Le scepticisme est-il pour autant définitivement réfuté ? Ce n'est pas si sûr. On peut concevoir un scepticisme modéré. Celui-ci ne demanderait pas de suspendre le jugement, et n'empêcherait ni d'agir, ni même de croire, mais voudrait seulement montrer que ce que nous prenons pour nos certitudes les plus éprouvées se révèle bien fragile lorsque nous nous efforçons de le fonder (cf. texte 4).
Ce scepticisme-là pourrait alors présenter l'intérêt d'éviter à la raison de se croire toute puissante, de la prévenir contre un excès d'orgueil. Mais il faut peut-être la prévenir aussi contre un excès d'humilité. Pascal écrit que « nous avons une impuissance de prouver, invincible à tout le dogmatisme ; nous avons une idée de la vérité, invincible à tout le pyrrhonisme » (Pensée, n° 395). Est-ce à dire que nous pourrions découvrir la vérité par d'autres voies que la logique, le raisonnement ou l'expérimentation ? Certains parlent d'« instinct », d'« intuition », de « vision intérieure » : peut-il donc

question

« ·à nos sens) ne sont peut-être que des images, éloignées et trompeuses, de la vérité véritable (cf.

texte 1 ).

La recherche de la vérité est ainsi difficile car elle prescrit à l'intelligence une méthode, c'est-à-dire une discipline (cf.

texte 3).

Elle installe donc l'esprit dans l'effort en lui impo­ sant de modifier ses habitudes intellectuelles, en mobilisant l'esprit critique et en traquant ce« vraisemblable», dont on se satisfait trop souvent à bon compte, justement parce qu'il ressemble au vrai, alors qu'il n'est peut-être qu'un préjugé, une idée trop vite pensée, mal analysée : une opinion*.

La recherche de la vérité commence alors par une activité véritablement destructrice : la remise en cause des opinions qui nous servent ordinairement, mais mal, de vérités.

Les démarches de Platon et de Descartes sont ici exemplaires.

Platon commence, dans ses Dialogues, par mettre en scène I' « ironie» de son maître Socrate, c'est-à-dire par faire voler en éclat le« bon sens», I' «évidence commune», l'opi­ nion que chacun s'empresse de donner en réponse aux ques­ tions, empêchant par là-même le questionnement véritable de se produire, avec ses incertitudes, ses embarras, ses hési­ tations, qui sont pourtant le moteur véritable de la recherche de la vérité (cf.

texte 2).

Descartes, lui·, commence par mettre systématiquement en doute tout ce qu'il a« reçu pour vrai», afin d'établir« quel­ que chose de ferme et de constant dans les sciences » (Médi­ tations métaphysiques, 1).

Ce doute rigoureux, qui traite le vraisemblable comme le faux, ou veut voir sa vérité formel­ lement établie, est ainsi méthodique, conçu pour mettre en évidence l'indubitable : « rejeter la terre mouvante et le sable [les opinions incertaines] pour trouver le roc et l'argile [la vérité certaine]» (Discours de la méthode, Ille partie).

Il diffère en cela de la démarche des sceptiques, pour qui le doute est une fin en soi (ils « ne doutent que pour douter et affectent d'être toujours irrésolus», ibid.).

3.

Il existe une troisième difficulté à la recherche de la vérité.

Et elle est majeure.

La quête de la vérité est en effet souvent déçue.

L'esprit peut même plus facilement énon­ cer les raisons de douter que produire les preuves qui trans~ forment ses croyances en certitudes.

Cela signifie que la recherche de la vérité ne peut guère éviter de rencontrer. »

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