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La recherche de la vérité en question

Publié le 24/01/2020

Extrait du document

question
S'il n'est pas simple d'atteindre la vérité, c'est qu'il est d'abord difficile de vouloir la chercher. Pourquoi ? Il y a à cela plusieurs raisons.
1. Premièrement, si l'homme trouve un intérêt naturel et immédiat à agir sur le monde, la recherche du vrai exige quant à elle un effort désintéressé, ou, tout au moins, elle demande à l'esprit d'investir ailleurs que dans ses intérêts pratiques. Savoir est pour la raison une fin, et pas seulement un moyen. La vérité mérite ‘d’être recherchée pour elle-même, et non seulement pour ses applications. Or, c'est précisément cette attitude contemplative, ou spéculative (et non « active »), qui est difficile, car peu spontanée.
Les Grecs ont vu dans la philosophie la réalisation de cette recherche désintéressée de la vérité. Nous avons plutôt aujourd'hui tendance à considérer que c'est la science moderne, davantage que la spéculation philosophique, qui nous permettra d’atteindre la vérité. Mais, scientifique ou philosophique, la recherche de la vérité est toujours d'abord une activité théorique qui demande au chercheur un détour difficile : suspendre notre engagement au monde, différer notre souci d'efficacité.
Toutefois, si la recherche de la vérité est désintéressée, elle n'est pas pour cela inutile : c'est en commençant par se détourner des considérations d'utilité pratique qu'on pourra à la fin être à même de les mieux résoudre.
2. La deuxième difficulté est que le vrai n'est pas toujours, ni même souvent, ce qu’il paraît être. Il faut distinguer « vrai » et « vraisemblable ».

question

« à nos sens) ne sont peut-être que des images, éloignées et trompeuses, de la vérité véritable (cf.

texte 1 ).

La recherche de la vérité est ainsi difficile car elle prescrit à l'intelligence une méthode, c'est-à-dire une discipline (cf.

texte 3).

Elle installe donc l'esprit dans l'effort en lui impo­ sant de modifier ses habitudes intellectuelles, en mobilisant l'esprit critique et en traquant ce« vraisemblable», dont on se satisfait trop souvent à bon compte, justement parce qu'il ressemble au vrai, alors qu'il n'est peut-être qu'un préjugé, une idée trop vite pensée, mal analysée: une opinion*.

La recherche de la vérité commence alors par une activité véritablement destructrice : la remise en cause des opinions qui nous servent ordinairement, mais mal, de vérités.

Les démarches de Platon et de Descartes sont ici exemplaires.

Platon commence, dans ses Dialogues, par mettre en scène J' « ironie » de son maître Socrate, c'est-à-dire par faire voler en éclat le« bon sens», J' «évidence commune», l'opi­ nion que chacun s'empresse de donner en réponse aux ques­ tions, empêchant par là-même le questionnement véritable de se produire, avec ses incertitudes, ses embarras, ses hési­ tations, qui sont pourtant le moteur véritable de la recherche de la vérité.

Descartes, lui, commence par mettre systématiquement en doute tout ce qu'il a « reçu pour vrai »,afin d'établir« quel­ que chose de ferme et de constant dans les sciences » (Médi­ tations métaphysiques, 1).

Ce doute rigoureux, qui traite le vraisemblable comme Je faux, ou veut voir sa vérité formel­ lement établie, est ainsi méthodique, conçu pour mettre en évidence l'indubitable : « rejeter la terre mouvante et le sable [les opinions incertaines] pour trouver le roc et l'argile [la vérité certaine] » (Discours de la méthode, Ille partie).

Il diffère en cela de la démarche des sceptiques, pour qui le doute est une fin en soi (ils « ne doutent que pour douter et affectent d'être toujours irrésolus», ibid.).

3.

Il existe une troisième difficulté à la recherche de la vérité.

Et elle est majeure.

La quête de la vérité est en effet souvent déçue.

L'esprit peut même plus facilement énon­ cer les raisons de douter que produire les preuves qui trans­ forment ses croyances en certitudes.

Cela signifie que la recherche de la vérité ne peut guère éviter de rencontrer 9. »

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