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La sensibilité aux oeuvres d'art demande-t-elle à être éduquée ?

Publié le 05/04/2005

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Dans ses Observations sur les sentiments du beau et du sublime, Kant fait un constat qui n'a rien perdu de son actualité : lorsque ces sentiments de beau ou de sublime sont en jeu, les attitudes divergent. Ce qui signifie que, par exemple, que mon voisin trouve émouvant le portrait violemment coloré d'un poulbot montmartrois, auquel je préfère pour ma part une toile abstraite qui le laisse, lui, totalement indifférent, ou dont il juge même qu'elle ne saurait être une oeuvre d'art. Cette différence d'appréciation relève-t-elle seulement de la sensibilité? Il semble pourtant que les deux toiles soient aussi faciles à percevoir l'une que l'autre, et qu'elles tombent également sous les sens. En fait, un jugement de goût ou de valeur répond immédiatement à ce qui est ainsi perçu, et c'est sans doute parce qu'il dépend de conceptions ou de définitions de ce que doit ou peut être une oeuvre d'art qu'il est variable.  

I - Toute esthétique part du sensible

II - L'art est inséparable de son histoire

A) Un pont de vue hégélien B) L'art inachevé C) La clôture de la sensibilité

III - La sensibilité est toujours éduquée A) Ses déterminations sociales B) Les conceptions de l'art C) Education ou rééducation?

« Lorsque nous parlons d'art, nous désignons en vérité deux réalités distinctes.

Jusqu'au dix-huitième siècle, le terme« art » désignait l'ensemble des techniques de production d'artefacts : tel était encore le cas dans le Discours sur les sciences et les arts (1750) de Jean-Jacques Rousseau.

Ainsi, l'activité de l'artiste et celle de l'artisan étaient recouvertes par le même terme.

Or, il semble que ces deux activités ne soient pas entièrement réductibles l'une àl'autre, qu'elles possèdent chacune une spécificité à élucider.

Par conséquent, il nous faudra au cours de ce travailpréciser d'une part ce qui distingue l'art de l'horloger de celui du poète, l'activité du coutelier de celle du plasticien ;et toujours préciser à laquelle de ces deux activités singulières nous pensons lorsque nous employons le signifiant« art ».

Par sensibilité, nous entendons en vérité deux choses.

La sensibilité est d'abord la fonction par laquelle le systèmenerveux perçoit et analyse des objets ou des phénomènes extérieurs ou intérieurs.

Il s'agit donc de l'interface parlaquelle le monde est présent à notre conscience par le moyen des sens.

Mais par sensibilité, on entend quelquechose d'autre, à savoir une aptitude à s'émouvoir, à éprouver de la tendresse, de la pitié ou un sentimentesthétique.

Le terme « éduquer » vient du latin educare (ex-ducere) et signifie « prendre soin de », et désigne également l'action de « faire croître », « d'élever ».

La difficulté pour définir ce terme provient de son important degré degénéralité : l'éducation correspond à la formation d'un individu, à divers niveaux (on parle ainsi indifféremmentd'éducation religieuse, morale, sociale, technique, scientifique…).

En ce sens, il est malaisé de le distinguer d'unterme au signifié voisin : « enseigner », qui désigne un mode de transmission d'éducation précis : celui de latransmission de connaissances à l'aide de signes.

Si l'enseignement est un mode d'éducation particulier, cela signifieque l'éducation est un enseignement, mais qu'elle est aussi plus que cela.

L'éducation est par conséquent à la foistransmission de savoirs , mais elle est également formation du savoir être de l'individu, qui, par le moyen de l'éducation, acquiert la faculté de vivre en société, parmi les autres hommes.

C'est ainsi qu'un homme « bienéduqué » est à la fois un homme qui a une instruction importante, mais aussi une capacité développée à vivre avecses semblables.

Enfin, nous pouvons dire que l'éducation est également formation du savoir faire de l'individu, c'est- à-dire de ses compétences et de ses habiletés pratiquesLorsqu'une première chose en demande une autre, cela signifie qu'elle la nécessite, que la seconde est indispensableà la première.

Si nous disons que la sensibilité aux œuvres d'art demande à être éduquée, cela veut dire que lasensibilité en question n'est pas suffisante, qu'elle demande cette formation rendue possible par une éducation, surla nature de laquelle nous aurons à nous interroger.

La question au centre de notre travail sera de déterminer si la sensibilité nécessite d'être éduquée pour apprécier lesœuvres d'art, ou si une telle éducation est contraire à sa nature sinon inutile du point de vue de la fin qui lui estattribuée.

I.

La sensibilité aux œuvres d'art, une faculté qu'il est inutile d'éduquer ? a.

La sensibilité aux œuvres d'art, impossible à éduquer ? Nous commencerons par dire que la sensibilité aux œuvres d'art ne s'éduque pas, car il semble contradictoire de direque la sensibilité est capable d'être éduquée.

En effet, qu'est-ce que la sensibilité, sinon la réception d'informationsau moyen des sens ? En effet, la sensibilité est cette capacité à entrer en contact avec le monde, à sortir de nous-mêmes par ces différentes facultés de préhension sur le réel que sont le goût, l'odorat, la vue, l'ouïe et le toucher.Dans la mesure où nous naissons avec ces cinq sens, nous dirons dans un premier temps qu'il n'est pas possible deles éduquer : pure faculté réceptive, la sensibilité aux œuvres d'art ne s'éduque pas, elle s'utilise uniquement.. »

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