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La société impose-t-elle nécessairement des contraintes a la liberté ?

Publié le 13/10/2005

Extrait du document

Pour les penseurs du contrat social, l'homme n'est pas à l'état de nature un être sociable, bien au contraire. Il est avant tout indépendant, libre, autonome, il se suffit à lui-même et n'a as besoin des autres pour survivre. Dans ce cas, l'être ensemble n'est pas un état naturel, et il faut donc le créer de toute pièce, puisque le modèle n'existe pas dans la nature. C'est ainsi le pouvoir politique qui va organiser la société. Les hommes n'ayant pas l'habitude de ce mode de vie, il faut des lois pour les forcer à agir contre leur nature. C'est ainsi que la vie en société apparaît bien comme une atteinte à la liberté.  ● Pour que la vie en société soit possible il faut donc des lois, et pour que ces lois soient respectées, il faut un pouvoir qui oblige les hommes à s'y soumettre. Le pouvoir politique apparaît ainsi comme un pouvoir de domination qui ne prend pas en compte la nature de l'homme, et qui détruit ainsi sa liberté.   è La vie en société apparaît donc comme une dégénérescence de l'état de nature, une modification de l'être de l'homme. Ce dernier était libre, et étant forcé à vivre en société, il a dû respecter certaines lois et conventions qui lui ont fait perdre sa liberté.

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Bien définir les termes du sujet :

 

- « La société « : la société désigne en général un ensemble d'individus organisés collectivement et unis par des rapports déterminés. Mais ici, il faut prendre le terme en son sens strict, la société se caractérise par des institutions codifiées qui maintiennent à travers le temps leur cohérence. Il y a une rationalisation des rapports entre les individus, de telle manière qu'ensemble ils forment un tout, et non pas une simple collection d'atomes juxtaposés. L'organisation en société se caractérise donc par une vie en commun qui obéit à certaines règles.

- « Contraintes « : c’est ce qui gêne, empêche, ou limite une action ou l’expression d’un état, ici la liberté.

- « Imposer nécessairement « : C’est donner ou présenter quelque chose comme indispensable, c’est obliger sans qu’il soit possible de faire autrement ou d’y échapper.  

- « La liberté « : le plus généralement, elle consiste dans le fait de pouvoir sans contraintes, de juger et agir en pleine conscience. C'est le pouvoir de se déterminer rationnellement sans y être contraint par une force extérieure.

 

Construction de la problématique :

 

Le fait de vivre en société, c’est-à-dire ensemble en suivant des règles, semble contradictoire avec la liberté. En effet, si on considère que cette consiste dans le fait de pouvoir agir sans aucune contrainte, alors il semble que le simple fait de vivre avec autrui selon des règles entrave cette liberté. Le sujet semble cependant remettre en cause ce premier point de vue, comme si finalement il était possible de vivre libre en société.

            è Se pose donc la question de savoir si en effet le fait de vivre ensemble et selon des règles nuit réellement à la liberté. Si ce n’est pas le cas, quelle nouveau genre de liberté l’homme éprouve t-il en société ?

« liberté, qui soit viable. ● C'est ce que propose Rousseau dans Le Contrat social.

En effet, selon lui, la liberté véritable, c'est-à-dire la liberté qui ne s'autodétruit pas n'est possible que dans une vie en société.

En effet, à l'état de nature les hommesrassemblés ne peuvent que se battre, et leurs libertés ne peuvent coexister toutes ensembles.

Le but de Rousseauest donc de parvenir à retrouver la liberté de l'état de nature dans la société : « trouver une forme d'association parlaquelle chacun s'unissant à tous, n'obéisse pourtant qu'à lui-même et reste aussi libre qu'auparavant.

» CS, I, IV. Trouver une forme d'association qui défende et protège de toute laforce commune la personne et les biens de chaque associé, et parlaquelle chacun s'unissant à tous n'obéisse pourtant qu'à lui-même etreste aussi libre qu'auparavant... On dit souvent que Rousseau a fait passer la politique du ciel sur la terre enmontrant que l'autorité politique ne descend pas de Dieu sur le monarque puissur les sujets, mais qu'elle émane du peuple qui la délègue à ses mandataires.Ce point de vue est un peu approximatif.Au moment où Rousseau commence à s'intéresser à la chose politique, lathéorie du pouvoir de droit divin est pratiquement abandonnée par lespenseurs politiques.

Avant lui, Hobbes, Locke, Pufendorf, Grotius, Jurieu etd'autres font reposer l'autorité politique sur une convention, sur un contrat.Rousseau n'a donc pas inventé l'idée d'un pacte social entre gouvernants etgouvernés.

On pourrait faire remonter au Moyen Age et même à l'AncienTestament l'idée d'un tel contrat.

Le mérite de Rousseau est d'avoir renouveléla façon d'envisager ce contrat social et d'avoir posé du même coup - et lepremier - les fondements théoriques de la démocratie.Le point de vue de ses prédécesseurs lui paraissant manquer de cohérencelogique, il en fait table rase et pose le problème en termes clairs au début du« Contrat social » (Livre 1, ch.

6).

Pour lui, après l'état de paix propre à l'état de nature, les hommes ayant cessé de vivre isolés sont entrés dans une période de troubles assez semblable à laguerre de tous contre tous imaginée par Hobbes.Pour retrouver la paix, ils furent donc conduits à chercher une forme d'organisation qui puisse donner satisfaction àtout le monde: « Cette difficulté ramenée à mon sujet peut s'énoncer en ces termes.

"Trouver une formed'association qui défende et protège de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé, et parlaquelle chacun s'unissant à tous n'obéisse pourtant qu'à lui-même et reste aussi libre qu'auparavant ?" Tel est leproblème fondamental dont le contrat social donne la solution.

»Dans le « Discours sur l'inégalité », Rousseau avait déjà évoqué le contrat qui se trouvait à l'origine du corpspolitique.

Mais, à ce moment-là, en 1755, donc sept ans avant le « Contrat social », il précise que la conceptionutilisée pour les besoins de sa démonstration n'est que provisoire.

Et il se promet de revenir sur ce pacte primitif et ille fera effectivement dans de nombreux textes dont, tout spécialement, « Du Contrat social ou Principes du droitpolitique » (1762).Le texte du « Discours sur l'inégalité » en reste à l'idée d'un pacte de soumission, formule déjà utilisée par lespenseurs politiques du temps et des siècles précédents.

Selon Rousseau, les riches, pour se protéger des pauvres qui les menaçaient sans cesse, réussirent à établir un pacte avec lepeuple pour faire cesser les troubles.

Mais il s'agit d'un échange inégal puisque les riches ont tout à y gagner - lapaix leur permettant de conserver leurs biens -, et les pauvres tout à y perdre puisqu'ils aliènent leur liberté sanscontrepartie.Pourquoi Rousseau, en 1755, s'en tient-il à cette thèse tout en notant au passage qu'elle ne le satisfait pas et qu'illui faudra revenir sur la question ? Les hypothèses sont diverses, mais l'essentiel est de voir comment le « Contratsocial » et les textes satellites (« Manuscrit de Genève », « Emile », « Lettres écrites de la montagne », « Economiepolitique », « Fragments politiques », « Lettre à Christophe de Beaumont », etc.) une théorie du contrat sont pourlui l'occasion d'élaborer social qui tranche avec tout ce qui précède. Pour Rousseau, l'expression « pacte de soumission » comporte en elle-même une contradiction.

Comment peut-onparler d'un contrat quand, par exemple, à la suite d'une conquête, un roi se rend maître d'un peuple, ou quand unhomme en réduit un autre en esclavage? Un contrat ne peut être établi qu'entre des parties égales et libresd'adhérer ou non à ce pacte.Pourtant, il serait possible d'imaginer une soumission volontaire.

Un peuple, par désir de paix, pourrait se soumettre àun pouvoir fort, aliéner sa souveraineté au profit de sa sécurité.

Un homme pourrait de même, en principe, devenirl'esclave d'un autre homme pour bénéficier de sa protection.Rousseau estime qu'un tel pacte est inconcevable parce que la liberté est un bien « inaliénable » : « Renoncer à saliberté, c'est renoncer à sa qualité d'homme...

» Si je renonce à ma liberté pour me confier à une volonté absolue,cela signifie que je suis prêt à faire tout ce qui me sera commandé, même des actes criminels.

Il n'y a donc pluspour moi de loi morale, plus de devoir, et, en cela, je deviens in-humain.

Et si, acculé à commettre un acte horriblequi révolte ma conscience, je refuse d'obéir, me comportant alors en homme, le pacte est rompu (Livre 1, ch.

4): «Renoncer à sa liberté, c'est renoncer à sa qualité d'homme, aux droits de l'humanité, même à ses devoirs.

Il n'y a nuldédommagement possible pour quiconque renonce à tout.

Une telle renonciation est incompatible avec la nature del'homme et c'est ôter toute moralité à ses actions que d'ôter toute liberté à sa volonté.

Enfu4 c'est une conventionvaine et contradictoire de stipuler, d'une part, une autorité absolue, et de l'autre, une obéissance sans bornes.

». »

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