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La solitude est-elle le destin de l'existant ?

Publié le 13/10/2005

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La solitude désigne la situation d'une personne laissée à elle-même à l'écart des autres : elle peut être comprise par degrés soit comme isolement, soit comme séparation radicale. Le destin désigne la force de ce qui arrive et qui nous semble être imposé sans qu'aucune de nos actions n'y puisse rien changée. Par extension, on emploie ce mot pour qualifier tout ce qui dans sa nécessité demeure irréductible à l'action humaine. L'existant est l'être qui s'oppose à l'être qui demeure dans son être, ce qu'on pourrait appeler un in-sistant comme les végétaux ou les animaux. Ex-ister signifie alors sortir de son essence, ce qui implique de vivre dans la durée temporelle. Si les animaux vivent bien dans le temps, ils n'en ont pas conscience si bien qu'ils vivent comme s'ils n'y étaient pas. Par conséquent, c'est par sa conscience qui lui permet de se saisir lui-même comme jeté dans le temps que l'homme seul peut être appelé un existant par opposition à tous les autres êtres qui se contentent de vivre, ou d'insister dans leur être.

« métaphysiques , Descartes prouve le caractère indubitable de la connaissance qu'il a de sa propre existence.: « la proposition je suis, j'existe est nécessairement vraie toutes les fois que je laprononce ou que je le conçois en mon esprit ».

Or du fait même que jeconçois ma propre existence par ma seule conscience, ne faut-il pas déduireune solitude essentielle ?_ Le solipsisme désignerait alors cette solitude essentielle de ma conscience,coupée de tout rapport à autrui.

En effet du point de vue ma consciencecondition de ma définition comme existant, il m'est impossible d'avoir lacertitude de l'existence de l'autre réduit à du douteux comme tout ce qui estextérieur à ma conscience : les chapeaux et les manteaux qui passentpourraient aussi bien couvrir des machines artificielles, c'est-à-dire desautomates.

Autrui est alors réduit à une apparence douteuse qui me rappelleà la solitude irréductible de ma conscience .Ainsi tant que je pense monexistence du point de vue de ma seule conscience, il semble que l'existantsoit condamné à une solitude de l'ordre du destin.

Néanmoins on peut faire deux objections à cette thèse : l'existence d'autruine semble pas si douteuse dans la vie quotidienne, de plus on peut sedemander si la conscience de mon existence n'est pas fragilisée du fait de sasolitude.

II La présence d'autrui est le destin de l'existant _ Si autrui ne nous semble pas séparé de nous, et que nous ne pouvons le concevoir du point de vue de laconscience, c'est peut-être qu'il faut partir de lui pour concevoir notre propre existence.

Or lorsque que l'oncommence à poser l'existence d'autrui avant la sienne, on s'aperçoit que notre existence dépend du regard d'autruidans la reconnaissance.

C'est la thèse que soutient Hegel dans la Phénoménologie de l'esprit à la section « maîtrise et servitude » : je peux bien me concevoir moi-même, tant que je ne me suis pas confronté à l'autre et qu'il ne m'apas reconnu, la conscience que j'aie de mon existence manque de validité car elle doit être confirmée par le regardd'autrui.

C'est ce que montre l'exemple du Robinson de Tournier dans Vendredi ou les Limbes du Pacifique : Robinson dans la solitude de son île se déshumanise et perd progressivement la conscience de son existence jusqu'à ce qu'ilfasse la rencontre de vendredi._ Par là on voit qu'il faut distinguer la solitude de l'isolement : la solitude impliquerait une séparation absolue avecautrui.

Or quand je choisis de m'isoler des autres en me mettant à l'écart, je ne suis seul qu'en apparence car jetransporte avec moi comme le Robinson de Tournier « la foule de mes frères humains » qui me maintient dansl'existence.

Ainsi l'isolement est une solitude extraordinairement peuplée où se mêlent la langue de mon pays, maculture, le milieu social auquel j'appartiens et caetera.

Par conséquent , aucun existant ne peut échapper à laprésence d'autrui dans la mesure où exister c'est vivre sous le regard d'autrui._ En revanche, si l'existant ne peut jamais être seul au sens propre du terme, il peut refuser l'isolement enrecherchant la compagnie d'autrui ou le choisir en se mettant à l'écart.

Mais il est important de remarquer que lespenseurs ou les artistes à qui l'on reproche souvent de s'éloigner d'autrui, ne s'isolent comme Proust dans la Recherche du temps perdu que pour être mieux avec les autres. Si la reconnaissance est le seul moyen par lequel je puis avoir la connaissance de mon existence, alors ce n'est pasla solitude mais la présence constante d'autrui qui est le destin de l'existant.

Cependant si l'existant n'est jamaisseul du point de vue de sa conscience, il semble que sa vie au sein du temps le condamne à une solitude essentielleque l'existant découvre dans l'anticipation de sa propre mort.

III La Mort est ce qui révèle la solitude de l'existant comme un destin partagé avec tous les autreshommes _ L'existant se définit par la conscience, mais aussi par la mort.

En effet seul l'homme est existant dans la mesureoù il est le seul être qui, grâce à sa conscience, sait qu'il va mourir.

Par opposition, l'animal n'existe pas au sens où ilse contente de périr sans être capable pour autant d'anticiper sa propre fin.

Or en tant que nous sommes soumis àl'irréversibilité du temps, nous sommes nécessairement soumis à la mort.

L'anticipation de la mort nous révèle alors. »

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