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La tâche principale de la civilisation est-elle de nous protéger ?

Publié le 27/02/2008

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       La tâche principale de la civilisation est-elle de nous apprendre à nous protéger ?   Thèse d'Epictète dans Entretiens :  la nature et autrui sont des évènements qui ne dépendent pas de nous, et nous ne pouvons pas agir sur eux. La civilisation enrichit notre esprit au contact des phénomènes culturels. Nous devons nous servir de cela pour agir sur nous-mêmes et ne pas nous affliger, nous entraver, nous troubler ou nous accuser des choses qui ne dépendent pas de nous. A l'inverse, le rôle de notre esprit est de nous aider à les accepter et ainsi de ne pas souffrir de ce qui nous nuit. Nous avons compris que la double tâche principale de la civilisation est de nous protéger contre la nature et autrui. Elle y réussi parce qu'elle enrichit notre esprit de phénomènes culturels qui nous permettent d'accepter ce qui ne dépend pas de nous et ainsi de nous soustraire à des maux évitables. La principale tâche de la civilisation est donc de nous donner les moyens de nous protéger contre la nature et autrui.   Conclusion   - La principale tâche de la civilisation est de nous protéger de l'hostilité de la nature afin d'assurer notre survie. La civilisation naît de la réunion des hommes et de leurs projets communs.

 

Freud dans Malaise dans la civilisation définit la civilisation comme ce qui : « (…) désigne la totalité des œuvres et organisation dont l’institution nous éloigne de l’état animal de nos ancêtres, et qui servent à deux fins : la protection de l’homme contre la nature et la réglementation des hommes entre eux «. Ainsi la tâche principale de la civilisation est de nous protéger contre la nature, milieu hostile, et contre autrui. Soutenir cette thèse revient à exclure l’autre fonction principale de la civilisation : développer les phénomènes culturels que sont la religion, la morale, l’esthétique, la science et la technique.

Mais alors, la tâche principale de la civilisation est-elle de nous protéger ? Afin de répondre précisément à cette question nous nous analyserons, dans un premier temps, la thèse selon laquelle la tâche principale de la civilisation est de nous protéger contre la nature. Après avoir mis en évidence les insuffisances de cette thèse, nous nous interrogerons sur la double tâche de la civilisation : nous protéger contre autrui. Enfin, dans un troisième et dernier temps, nous verrons qu’attribuer à la civilisation le tâche principale de protectrice revient à lui faire manquer son objet : l’évolution des phénomènes culturels. La question se posera de savoir si la tâche principale de la civilisation est de nous protéger en nous apprenant à nous protéger par le biais des phénomènes culturels.

 

« Une tache principale est le rôle primordial dévoué à quelque chose, le but qui est le sien d'une manière privilégiée par rapport à tous les autres butsqu'elle pourrait poursuivre.

Lorsque nous parlons de civilisation, nous parlons en réalité de deux choses : de l'ensemble des productions culturelles et des institutions communes àdes sociétés ou des groupes de société qui ont été dominantes dans une période donnée de l'Histoire ; de l'état d'avancement ou de progrès d'un groupehumain.

Le fait de protéger quelque chose ou quelque chose est le fait de préserver son intégrité contre des menaces qui la mettent en danger.La nature est l'ensemble des êtres et des objets qui n'ont pas été formés par l'homme, que ce dernier trouve comme un donné qui s'impose à lui et qu'ilmodifie, modèle, ou subit, selon l'avancement de son savoir.

La question « la tache principale de la civilisation est elle de nous protéger contre la nature ? » nous invite tout particulièrement à problématiser l'adjectif« principale ».

En effet, il se peut que cette tache soit l'une des taches de la civilisation (et encore, il nous faudra définir en quel sens nous l'entendons) maisque cette tache ne soit pas celle qui lui revient prioritairement.

Nous nous demanderons donc en quel sens la civilisation a pour tache de nous protégercontre la nature.

I.

La civilisation comme état culturel n'a pas pour tache de nous protégercontre la nature a.

La civilisation est un état culturel dont la tache est de régir les hommes A première vue, nous dirons que si nous entendons la civilisation comme l'ensemble des productions culturelles et des institutions d'une société, nousdirons que la tache première de la civilisation n'est pas de nous protéger contre la nature.

Il semblerait plutôt que la civilisation manifeste une victoire del'homme sur la nature, l'information du donné brut de la nature par l'intelligence humaine, et que son premier but soit plutôt de régir les hommes.

En effet, sil'antonyme de la civilisation est la barbarie, c'est-à-dire l'état social antérieur à toute organisation, toute législation, où s'exercent seulement la loi du plusfort et la loi du Talion, alors la tache de la civilisation est d'organiser les rapports sociaux, de protéger les hommes contre eux-mêmes plutôt que contre lanature.

b.

Les civilisations, victimes de la nature Nous dirons donc que les civilisations sont plutôt des victimes de la nature.

En tant qu'état culturel complexe, à la fois somme d'institutions et de produitsculturels, la civilisation peut être balayée par des catastrophes naturelles.

Le mythe de l'Atlantide peut servir à ce titre de paradigme pour ce type de risque: il se peut que toute civilisation, quel que soit son degré d'avancement, soit détruite par une nature toute puissante.

Le mythe de l'Atlantide manifeste doncune caractéristique de toute civilisation : être menacée par la nature, plutôt que capable de protéger l'homme contre cette dernière.

II.

La civilisation comme état d'avancement a pour tache de nous protégercontre la nature a.

La civilisation synonyme du progrès d'un groupe humain Cependant, si nous prenons en un autre sens le terme de civilisation, notre compréhension de la question sera différente.

En effet, si par civilisation nousentendons l'état d'avancement technologique d'une société, ou, pour le dire, autrement, le degré de progrès d'une société, alors nous dirons que lacivilisation nous protège contre la nature.

Par les découvertes techniques, la maitrise de technologies nouvelles, l'homme se rend « comme maître etpossesseur de la nature », pour citer René Descartes.

b.

La civilisation nous protège conte la nature de l'homme Mais la civilisation ainsi entendue peut nous protéger d'une autre nature, la nature humaine.

En effet, nous avons compris jusqu'ici le terme de naturecomme le donné brut auquel l'homme se trouve confronté, comme le milieu matériel extérieur dans lequel évolue l'humanité.

Cependant, nous pouvonségalement l'entendre comme la définition de l'homme, comme l'ensemble des caractéristiques de l'homme.

Nous pouvons postuler, notamment avecThomas Hobbes, que cette nature est fondamentalement mauvaise.

Hobbes dans le Léviathan défend cette thèse en montrant que « l'homme est un louppour l'homme ».

Dans l'état de nature, c'est le règne de la méchanceté qui s'exprime, comme jouissance absolue de la souffrance d'autrui au titre du plaisirque cette souffrance peut procurer, ou comme expression d'une volonté non normée dans la recherche de son intérêt privé.

Comme le dit Hobbes dans leLéviathan (XIII): « Nous pouvons trouver dans la nature humaine trois causes principales de querelles :premièrement la rivalité ; deuxièmement, la méfiance ; troisièmement, la fierté ».

Partant de ce postulat de la méchanceté naturelle de l'homme, nous dironsque la civilisation, entendue comme état d'avancement culturel, est à même de protéger l'homme contre cette nature fondamentalement mauvaise.

En effet,le progrès, en améliorant les conditions de vie des individus peut leur permettre de se dépouiller de leurs instincts les plus sombres.

III.

La civilisation n'a pas pour tache principale de nous protéger contrela nature a.

La tache principale de la civilisation : l'avancement des sciences etdes arts Cependant, nous critiquerons ici l'idée que la civilisation a pour tache principale de nous protéger contre la nature (comme milieu ou définition de l'homme).En effet, qu'on l'entende comme somme d'institutions ou comme état d'avancement, la civilisation est plutôt le processus par lequel l'humanité passe de lapuissance à l'acte, qui permet l'avènement des sciences et des arts.

Le rôle de protection contre la nature n'est qu'une fonction secondaire, et non pasprincipale.

b.

La protection contre la nature est plutôt le rôle de la société En revanche, nous dirons que ce rôle est plutôt celui de la société, c'est-à-dire de l'association des hommes, conçue indépendamment de toute référence àun processus civilisateur, culturel.

En effet, en s'associant, les hommes se donnent les moyens de lutter contre la toute puissance du milieu en conjoignantleurs forces.

Telle est la fonction commune aux deux types de solidarité (mécanique et géométrique) conceptualisés par Emile Durkheim (Pour EmileDurkheim dans son ouvrage intitulé « De la division du travail social » (1893) le travail est la source de la solidarité organique entre les hommes(organique, c'est-à-dire par la collaboration de parties diverses, comme dans un organisme vivant.

Cette notion s'oppose à la solidarité mécanique, qui tientà la diffusion de croyances communes dans la société).

Conclusion La tache principale de la civilisation, entendue comme somme d'institutions, n'est pas de nous protéger contre la nature : une civilisation est plutôtmenacée par la nature, et son premier rôle est de régir les hommes.

Mais si nous entendons la civilisation comme état d'avancement culturel, nous dironsque l'une de ses taches peut être de nous protéger contre la nature, sinon contre notre propre nature.Cependant, il ne s'agit pas de sa fonction principale, mais peut être de celle d'une institution, voisine quoique distincte : la société.. »

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