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La technique est-elle moralement neutre ?

Publié le 21/07/2004

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technique
La nature était immuable, et l'action humaine était superficielle. La technique a transformé en profondeur l'essence de l'agir humain. Elle a considérablement augmentée sa portée et elle déborde maintenant sur tout ce que l'on a connu autrefois. La promesse technique s'est transformée en menace, ce que l'homme pourra faire à l'avenir n'a pas eu d'équivalence par le passé. La technique a fait apparaître de nouveaux devoirs, elle a affecté notre agir. L'éthique antique est désormais inopérante à l'heure de la technique moderne. Aujourd'hui, les conséquences de certains actes ne seront visibles que dans quelques centaines d'années. L'exemple de la pollution, de la surexploitation des ressources forestières, des pêches intensives, des déchets nucléaires .Aussi tous les pronostics à long terme sont incertains. Le principe responsabilité veut que l'on favorise les hypothèses pessimistes au profit des hypothèses optimistes.
 
  Il apparaît étrange de vouloir mettre l’étiquette « morale « à la technique. On imagine que la technique n’est qu’agencement de moyens en vue d’une fin. Aussi l’épithète « bon « « mauvais « qui ne convient qu’à l’homme ne peut être appliqué à son faire lui-même. Paradoxalement, faire exception à une pratique humaine de tout jugement de valeur pourrait être déplacé. La technique comme d’autres domaines d’actions humaines induit d’autres actions et réactions. Choisir telle technique plutôt que telle autre a pour source un choix humain, une prise de position par rapport à des valeurs. A l’heure des grands problèmes environnementaux, il n’est plus moralement neutre de choisir de faire reposer entièrement l’énergie d’un pays sur le pétrole, ou de choisir des énergies renouvelables ou biologique ou nucléaire. Il s’agira de se demander quel choix de valeur implique l’utilisation de la technique ?
 

technique

« Introduction La technique fait l'objet de débats passionnés en raison de l'affirmation évidente de son pouvoir sur nos modes devie.

Les jugements s'opposent de manière antithétiques.

Certains déclarent qu'elle détruira notre planète, rappellentles horreurs de la guerre et évoquent les périls du nucléaire.

D'autres leur répondent que les malades sont heureuxde bénéficier d'une technologie de pointe et font valoir le recul des fléaux que les hommes d'autrefois subissaientsans recours.

La solution la plus sage paraît donc être de conclure en faveur d'une neutralité axiologique.

Latechnique ne serait ni bonne ni mauvaise.

Le bien et le mal n'appartiendraient pas à ses valeurs.

C'est la moralité del'usager qui serait en cause, non celle des moyens qu'il emploie.

Cette thèse est-elle cependant fondée ? Quesignifie être neutre ? Nous pensons spontanément qu'il s'agit d'un état de fait mais ce pourrait être la conséquenced'un choix engageant notre responsabilité.

Si la technique apparaît d'abord comme un moyen, il faut se demanderquel rapport il entretient avec sa fin.

Dès lors, une question surgit.

L'indifférence de la technique consiste-t-elle enune simple ignorance de la morale ou exprime-t-elle le désir de la neutraliser ? Technique et culture A.

L'idée de neutralitéLa neutralité est une notion intéressante car elle suppose nécessairement un conflit.

Un pays neutre refuse deprendre parti dans une guerre parce qu'il juge que les buts poursuivis par les belligérants sont équivalents.

Cetteindifférence est parfois synonyme de tiédeur, de manque de relief.

La prudence excessive de celui qui ne s'engagepas est condamnée au nom de la nécessité de choisir en vue d'une vie meilleure.

On peut toutefois objecter quel'enrôlement systématique est également condamnable.

Il y a donc une ambivalence de la neutralité.

Est-ellel'attitude passive de celui qui par faiblesse ou crainte attend de connaître l'issue d'une lutte, ou la marque d'unesprit réfléchi qui refuse de rejoindre une cause car il estime qu'elle lui est radicalement étrangère ? La question sepose bien dans le cas de la technique.

Serait-il illégitime d'estimer que les débats sur sa moralité ou son immoralitésoient finalement des sujets dérivés qui ne concernent pas son essence ? À l'instar de l'épistémologie qui étudie lesconcepts et les méthodes scientifiques en proposant une histoire des sciences indépendante de leur dimensionsociale ou morale, la pensée de la technique pourrait faire valoir son droit à exister sans être évaluée en fonction deses conséquences sur la civilisation.

Revendiquer la neutralité s'entend donc comme la condition de possibilité d'uneconception de la technique qui la libérerait des idéologies et permettrait de l'étudier vraiment.

Le passionné devoitures, par exemple, cherche à connaître le progrès de la motorisation sans avoir en tête la question des victimesde la route.

Il peut prendre plaisir à découvrir les inventions des grands ingénieurs et estimer qu'elles valent pourelles-mêmes, c'est-à-dire comme des manifestations du génie humain. B.

Le savoir-fairePourquoi s'inquiéter du rapport de la technique à la morale ? N'est-elle pas une activité purement instrumentale ?Son registre est celui des moyens, non des fins.

Leur valeur réside dans leur utilité, non dans leur bonté ou leurméchanceté.

Un examen un peu attentif révèle cependant la complexité du sujet.La technique se définit comme un savoir-faire.

L'étymologie nous renvoie à l'idée d'un ajustement bien réalisé.

Nousen retrouvons la trace dans le terme « d'architecte » qui désigne celui ayant la connaissance du principe (arche)selon lequel des matériaux seront bien assemblés (tuktos).

Nous voyons ainsi que la valeur dominante est celle de laqualité d'une opération relativement au but fixé.

Nul ne voudrait habiter une demeure dont les murs seraient deguingois ou fuiraient.

La vertu du technicien est donc la compétence qu'il acquiert par un apprentissage faitd'exercices répétés.

Personne ne naît habile, nous devons le devenir par l'éducation.

On aurait tort, d'ailleurs, delimiter cette vérité aux seules opérations de fabrication.

L'écolier assimile aussi des démarches intellectuelles afin deréaliser avec aisance des tâches de plus en plus complexes.

Que vaudraient des connaissances non ordonnées parune méthode ? Tout ceci montre que la technique est une notion dont l'extension est très large, au point que l'onpeut se demander ce qui lui échappe dans l'usage qu'un homme fait de ses facultés.

L'ethnologue Marcel Mauss lesouligne en répertoriant toutes les techniques du corps.

Ce que nous croyons être naturel, comme manger, marcher,dormir s'accomplit toujours moyennant des gestes appris qui témoignent de notre appartenance à une civilisation.Nous sommes inconsciemment modelés par des valeurs éthiques. [Transition] Nous venons de voir que le savoir-faire a une valeur culturelle qui ne se limite pas à la compétence professionnelle.La technique a donc des enjeux moraux.

Dès lors, nous pouvons comprendre qu'il y ait matière à débats.

Commentpréciser ce point ? 2.

Le conflit des interprétations A.

Une morale du salutL'intérêt manifesté par l'ethnologie permet de voir que la technique est, à plusieurs titres, un phénomène culturelfondamental.

Nous en avons une preuve dès les textes les plus anciens.

Le mythe de Prométhée exprime une idéemaîtresse.

L'homme n'a pu survivre que grâce à son habileté et son ingéniosité.

Il est cet être capable d'inventerdes procédés afin d'agir sur son environnement pour l'adapter à ses besoins.

L'intelligence technicienne estopératoire.

Elle transforme le donné naturel.

Henri Focillon souligne l'importance de la main, organe de préhensionaux multiples usages, par lequel l'homme s'empare de son environnement en tuant et en découpant les bêtes, en. »

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