La technique, manifestation de la conscience de soi
Publié le 01/01/2015
Extrait du document


«
LA TECHNIQUE
suppose en effet une séparation entre un sujet (celui qui est conscient) et
un objet (ce dont il est conscient) ; le «je,, de la conscience de soi implique
donc un «non-moi),, celui du monde.
En d'autres termes, être conscient de
soi, c'est avoir nécessairement et simultanément conscience de ce que
l'on n'est pas, et c'est en prenant conscience de ce que l'on n'est pas que
l'on prend conscience de soi.
•Mais ce «Soi,, dont il prend conscience, l'homme veut l'objectiver, c'est
à-dire
l'offrir non seulement à sa propre contemplation, mais aussi à celle
des autres consciences, de n'importe quelle autre conscience.
Il s'efforce
donc, sinon de
le matérialiser dans les choses extérieures, du moins d'en
imprimer
la marque sur ces réalités extérieures, donc de les modifier, de
les transformer.
L'homme, écrit Hegel, est engagé dans des rapports
pratiques avec le monde extérieur, et de ces rapports naît également le
besoin de transformer
ce monde comme lui-même, dans la mesure où il
en fait partie, en lui imposant son cachet personne/.
Et il le fait,
pour
encore se reconnaître lui-même dans la forme des choses, pour jouir de
lui-même comme d'une réalité extérieure.
On saisit déjà cette tendance
dans les premières impulsions de l'enfant : il veut voir des choses dont il
soit lui-même l'auteur, et s'il lance des pierres dans l'eau, c'est pour voir
ces cercles qui se forment et qui sont son œuvre dans laquefle if retrouve
comme un reflet de lui-même." (Esthétique, coll.
Champs, 1, p.
61).
Ce
besoin de transformer le monde extérieur pour s'y reconnaître soi-même,
observe Hegel.
est au coeur du phénomène de l'art, par lequel l'homme
tente de se placer en face de ce qu'il est.
Or ce que Hegel dit de l'art, en
tant qu'activité gratuite, ayant éventuellement pour finalité le beau, vaut
pour
l'art au sens le plus général, c'est-à-dire celui de technique.
•Ainsi l'essence de la technique consisterait dans un besoin d'affirmation
de
la conscience de soi contre le monde.
Certes, la technique vise l'utilité ;
mais cette
utilité, au fond, ne la caractérise pas (beaucoup d'inventions
techniques sont
inutiles et beaucoup sont inutilisées) : ce qui caractérise
un objet technique, un outil, ce qui le distingue de l'instrument que l'animal
peut utiliser, c'est que l'homme reconnaît cet instrument comme sien,
comme
un produit de son activité, de sa conscience, tandis que l'animal
ne se reconnaîtra jamais dans l'instrument qu'il oublie aussitôt utilisé.
La
technique est donc liée à la conscience, et réciproquement toute
conscience est implicitement technique.
Notre rapport au monde apparaît
donc bien essentiellement technique.
Précisons-en
les caractéristiques.
b) Faire violence à la nature et la soumettre
L'objet technique le plus simple est arraché à la nature, et lui est opposé.
C'est pourquoi Aristote voyait à juste titre dans
la technique une violence.
La technique fait violence à la nature et vise à la dominer.
La fin de la
technique.
pour reprendre la célèbre formule de Descartes, c'est de "nous
78.
»
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