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La technique nous éloigne-t-elle de la nature ?

Publié le 30/05/2009

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technique

Introduction
La nature ici a un double sens sur lequel il faut travailler : la nature c'est le monde dans son ensemble, abstraction faite des transformations que l'homme y a produit. Mais la nature c'est aussi notre nature d'homme, et ici nature signifie essence, c'est le propre de l'homme, ce qui permet de le qualifier universellement, si cela est possible et légitime. La technique, c'est l'ensemble des procédés inventés par l'homme, mobilisant souvent mais pas toujours des outils, et permettant d'accomplir dans notre environnement une ou des modifications utiles à notre vie. L'enjeu du sujet ici c'est de se prononcer sur le statut de la technique, de l'invention technique dans la nature ou à l'égard de la nature et du coup aussi sur le statut de l'homme, inventeur de la technique ; est-il un être de nature, un être naturel ? Ou bien un être contre-nature, s'éloignant de la nature, s'en écartant, s'en arrachant, s'y opposant toujours d'avantage au fil de son évolution technique ? Et comme l'évolution technique est aussi ce qui, en partie ou en totalité, fait l'histoire, c'est sur le statut de cette histoire identifiée au processus de la culture, que l'on vous demande de vous interroger. Partie I
C'est la nature elle-même qui nous dispose ou nous prépare à l'activité technique parce que nous sommes doté d'intelligence, parce que nous sommes équipé biologiquement ( posture verticale, structure et délicatesse de la main ) de telle manière que notre intelligence se développe dans l'action, au prise avec le réel : notre intelligence est naturellement et essentiellement fabricatrice. C'est aussi le statut de l'outil à l'égard du corps qui montre que la nature est elle-même déjà technicienne ( l'organe est "un outil naturel" ) et que l'outil inventé par l'homme prolonge le corps , s'y articule, s'y adapte comme "un organe artificiel" ( Bergson ), l'artifice ici n'est pas contre nature, il prolonge le corps et démultiplie ses forces, augmente son amplitude d'action dans le temps et dans l'espace , et permet à l'homme d'aménager ses conditions d'existence. 

technique

« cautionner ce qui advient.

La nature toute entière rentre alors dans la sphère de la production, suprême puissancen'ayant besoin que d'elle-même pour paraître au grand jour.

A cette technique identifiée à un dévoilement,Heidegger oppose l'essence de la technique moderne, industrielle parce que utilisant les sciences exactes de lanature.La technique moderne ne se déploie pas en une production, mais en une provocation par laquelle la nature est miseen demeure de livrer l'énergie contenue en elle.

"Le travail du paysan ne provoque pas la terre cultivable, quand ilsème le grain, il confit la semence aux forces de croissance et il veille à ce qu'elle prospère...tandis qu'aujourd'hui lacentrale électrique qui est mise en place dans le Rhin somme le fleuve de livrer sa pression hydraulique , qui sommeà son tour les turbines de tourner.

La centrale n'est pas construite dans le courant du Rhin comme le vieux pont debois qui depuis des siècles unit une rive à l'autre, c'est bien plutôt le fleuve qui est muré dans la centrale."Ce tenir comme un fond voila le destin de la nature à l'ère de la modernité technique, et se tenir comme un fond cen'est plus nous faire face , il n'y a plus d'intériorité, plus de quant-à-soi mais seulement une nature toujoursdisparaissante, commise, provoquée, stockable, consommable à volonté.

La nature est un intérieur toujours menacéd' effraction.

Et si il n'y a plus d'objet, il n'y a plus non plus de sujet : puisque rien n'est, puisque rien ne demeure,mais que tout dans la nature est toujours disparaissant, sans mystère, sans consistance, le sujet se retrouvedevant un néant, et parce que rien ne lui fait face il est lui même disparaissant.

L'homme ne fait-il pas parti dufonds et d'une manière encore plus originelle que la nature elle-même ? L'homme devenu fond subit l'altération laplus radicale, la perte absolue de sa propre humanité, il n'est sujet du dispositif qu' en apparence et en réalité ilappartient au fonds , on le quantifie comme une ressource, on l'exploite, on le contrôle, on le manipule : la politiquedégénère en bureaucratie ou en totalitarisme. La modernité technique c'est la destruction de la nature et la dénaturation de l'homme ou sa déshumanisation. Partie III ( première version ) La réflexion de Heidegger à propos de la technique moderne tient plus de la réaction sentimentale et douloureuseque d'une véritable philosophie de la technique, elle ne s'interroge pas sur les racines de ce sentiment de privationressentie devant la puissance industrielle.

Marx part de ce sentiment de privation ou de négation de soi et enmontre l'origine : le salarié, écrit Marx dans les Manuscrits de 1844, ne se sent jamais autant lui-même que dans lavie privée et les plaisirs du corps, tandis que son travail lui semble relever d'une sphère étrangère et hostile àlaquelle ne le retient aucun lien humain, il est étranger à lui-même au travail et auprès de lui-même en dehors de lasphère productive et en particulier dans les activités susceptibles de lui procurer le sentiment d'une vie immédiatedu corps.

Et cet homme privé de lui même, de la possibilité d'actualiser ses forces, tant spirituelles que corporelles,aperçoit l'industrie comme une puissance vivante dotée de vie propre et lui faisant face.

Il y a ici illusion, puisquel'industrie est la manifestation collective de l'esprit, pourquoi nous illusionnons-nous ainsi sur notre pouvoir ? Laraison de cette illusion est à chercher non dans je-ne-sais quelle essence mystérieuse de la technique moderne,mais dans les rapports que les hommes entretiennent les uns avec les autres : "la vie sociale, dont la productionmatérielle et les rapports qu'elle implique forment la base, ne sera dégagée du nuage mystique qui en voile l'aspectque le jour où s'y manifestera l'oeuvre d'hommes librement associés, agissant consciemment et maîtres de leurpropre mouvement social" .

Par là Marx parle de la révolution qu'il prétend inscrite dans le cours même de l'histoire,or cette révolution annoncée n'a pas eu lieu, ce qu'il faut pourtant retenir ici c'est la nécessité de redonner àl'homme la maîtrise collective de la production.

La technique moderne n'est pas en elle-même destructrice del'humanité de l'homme à condition que la place de l'homme dans la production ne soit pas négligée ( partage desprofits, prise en compte de la sécurité et de la santé, enrichissement des tâches afin d'échapper à l'enfermementdans un seul geste ).

Réformer ainsi la production industrielle, puisque en son principe l'industrie manifeste commejamais auparavant dans l'histoire le pouvoir conjugué des hommes et plus précisément leur raison, et la raison n'est-elle pas le propre de l'homme, c'est-à-dire sa nature ou son essence.En effet, qu'est-ce qui est vraiment rationnel ? La défense de l'artisan jaloux de ses secrets de métier ou bien lamise à plat des capacités et leurs intégration dans une machine permettant que le procédé une fois décomposécompris, simplifié, soit accessible à tous et sans cesse amélioré.

La répétition possible de ce qu'a fait l'un par l'autre,en dépit de toutes les différences individuelles caractérisant l'art et la manière, reliant ainsi les hommes, actualisant,donnant à voir leur identité, leur commune nature ? De la même manière, on accuse l'industrie de détruire la nature par une exploitation forcenée, de polluer cette mêmenature, de l'enlaidir, en un mot d'être contre nature.

Que répondre ?L'industrie ne prolonge-t-elle pas la nature, en décelant son principe secret et en la complétant par la créationsd'artefacts qui sont tout à la fois artificiels et naturels ? (les matières plastiques inventées à partir de lacompréhension du bois et de son imitation ).Sans doute l'industrie pollue, mais là encore pas de fatalité, c'est à l'industrie elle-même de trouver les remèdes, ellesait raffiner, recycler, tirer avantage de tous les matériaux, y compris les plus usés et dégradés , faire du neuf avecles déchets (pull fabriqué à partir de bouteilles en plastic recyclées ).Enfin, l'idée d'un monde enlaidi par ses propres exploits techniques ne résiste pas non plus à l'analyse : un paysagecorrespond en effet à des habitudes, et si nous préférons les bocages et les emboîtements hasardeux aux vastesétendues plates, sans talus ni courbe, de l'agriculture industrielle c'est par habitude et peut-être nostalgie.

Nousvoyons comme naturel des paysages tracés par la main de l'homme par son travail , nous confondons naturel etancien ou traditionnel. Partie III (deuxième version ). »

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